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Moyen-Orient - Repère

Que sait-on des drones utilisés par les houthis contre Israël ?

En marge de la guerre à Gaza, la marine US a abattu plusieurs drones venant du Yémen. Quid de leur fabrication et de leur efficacité ? Le point avec un spécialiste de la prolifération armée.

Que sait-on des drones utilisés par les houthis contre Israël ?

Des drones exposés à l’arrière d'un véhicule lors d’un défilé militaire officiel marquant la neuvième année de la prise de contrôle de la capitale Sanaa par les houthis le 21 septembre 2023. Photo AFP

Mercredi dernier, un drone lancé depuis une région du Yémen contrôlée par le mouvement des houthis pro-iraniens était abattu par un navire militaire américain naviguant dans le sud de la mer Rouge. « À environ 11h, heure de Sanaa », le destroyer USS Carney « a abattu un KAS04, un appareil volant sans pilote de fabrication iranienne, lancé depuis une zone du Yémen contrôlée par les houthis », a indiqué le Commandement de l’armée américaine pour le Moyen-Orient dans un communiqué.

Depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël, le 7 octobre, les houthis ont déjà lancé plusieurs attaques de drones, mais aussi de missiles, contre le territoire de l’État hébreu. « Les forces armées yéménites poursuivront leurs opérations militaires jusqu’à la fin de l’agression israélienne contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie », a averti le porte-parole de la branche armée des houthis Yéhya Sareen le 22 novembre.

Que savons-nous de ce ces drones lancés depuis le Yémen ? Où sont-ils fabriqués ? Quid de leur efficacité ?

Des drones Samad-3 utilisés par les houthis. Photo « Média militaire » du Yémen

Pour attaquer Israël, les houthis utilisent une version plus lourde du drone-suicide à longue portée Samad, affirme l’expert Fabien Hinz, spécialiste de la prolifération armée au Moyen-Orient. « Certaines pièces du Samad sont fabriquées au Yémen, mais la plupart passent en contrebande de l’Iran. Les houthis possèdent également le drone Shahed, qui, lui, est fourni par Téhéran et qui a la capacité d’atteindre Israël. Mais nous ne savons pas s’il a été utilisé », explique-t-il. 

Si les houthis ont recours à des drones-suicides contre Israël, c’est pour couvrir la longue distance, au moins 1 600 km, qui séparent les deux pays. « Ces drones ne sont pas munis de satellites de communication qui leur permettent d’envoyer des données à l’opérateur. Les houthis les utilisent donc essentiellement comme des missiles de croisière », poursuit l’expert.

La distance à parcourir pour atteindre Israël complique toutefois la tâche de ces drones. La marine américaine a abattu en mer Rouge plusieurs de ces engins le 23 novembre, un autre le 15 novembre, et des missiles et des drones le 19 octobre. Certains de ces engins ont également été interceptés par le système de défense israélien.

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« Ces drones peuvent être abattus et ils sont plutôt lents. C’est d’ailleurs ce que font les Ukrainiens contre les attaques russes avec des drones identiques ou similaires à ceux lancés par les houthis. Leur abattage devient plus difficile lorsque les frontières sont étendues et qu’il y a de vastes zones à surveiller. La superficie réduite du territoire israélien est un avantage » pour l’État hébreu, explique l’expert. « Il lui est donc plus facile de protéger son espace aérien et de détecter les drones (...) Si l’arsenal des houthis est efficace, sophistiqué et précis, à quelques exceptions, il fait face à Israël, qui a l’un des systèmes de défense les plus développés au monde », dit-il.

« Zones grises »

À la différence du Hezbollah ou du Hamas, les houthis gardent moins le secret sur leur arsenal et vont même jusqu’à l’exhiber lors de leurs parades militaires. Un arsenal qui s’est diversifié et développé depuis 2014 et qui est désormais composé de missiles balistiques et de croisière, ainsi que de « véhicules aériens sans pilote transportant des explosifs », selon le dernier rapport du panel d’experts sur le Yémen adressé au Conseil de sécurité des Nations unies en février dernier.

« Grâce à l’Iran, l’arsenal des houthis est devenu substantiel. Certains de leurs missiles de croisière peuvent même atteindre Israël », souligne Fabien Hinz. Et pour cela, le groupe armé a recours à la contrebande.

« Ça peut passer par la mer Rouge ou encore par Oman sans que leurs autorités ne soient au courant. Selon certaines spéculations, ces armes arrivent également par voie maritime aux ports houthis sans que la cargaison n’ait été inspectée correctement au préalable. Concernant les drones Shahed-136, nous savons que certains d’entre eux sont envoyés par voie aérienne », souligne le chercheur.

« Face à la guerre à Gaza, l’axe de la résistance (L’Iran et ses alliés, notamment les houthis, NDLR) se devait d’agir tout en maintenant la stratégie militaire de l’Iran qui repose sur des zones grises sans déclencher une guerre ouverte, qui n’est ni dans l’intérêt de l’Iran ni du Hezbollah », estime Fabien Hinz. « Le Yémen leur permet (à l’Iran et ses alliés) donc de lancer des attaques, mais le risque pour l’Iran est peu élevé », conclut-il.

Mercredi dernier, un drone lancé depuis une région du Yémen contrôlée par le mouvement des houthis pro-iraniens était abattu par un navire militaire américain naviguant dans le sud de la mer Rouge. « À environ 11h, heure de Sanaa », le destroyer USS Carney « a abattu un KAS04, un appareil volant sans pilote de fabrication iranienne, lancé depuis une zone du Yémen...

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Pas le cœur de commenter avec 600 caractères.

Mohamed Melhem

19 h 36, le 11 décembre 2023

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  • Pas le cœur de commenter avec 600 caractères.

    Mohamed Melhem

    19 h 36, le 11 décembre 2023

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