Hochstein à Tel-Aviv pour contenir l’escalade au Liban

Au 45e jour de la guerre opposant Israël au Hamas, dans laquelle le Hezbollah est impliqué depuis le Liban-Sud, l’émissaire du président Joe Biden pour le Liban, Amos Hochstein, s’est rendu à Tel-Aviv pour discuter des moyens d’empêcher que le conflit ne s’étende au-delà de la région frontalière entre les deux pays, a indiqué un responsable américain, selon Reuters. « Ce voyage s’inscrit dans le prolongement de la visite de M. Hochstein à Beyrouth au début du mois, au cours de laquelle il a clairement indiqué que les États-Unis ne voulaient pas que le conflit à Gaza s’aggrave et s’étende au Liban », a affirmé le responsable. « Pendant son séjour en Israël, M. Hochstein insistera sur le fait que le rétablissement du calme le long de la frontière nord d’Israël est de la plus haute importance pour les États-Unis et qu’il devrait s’agir d’une priorité absolue tant pour Israël que pour le Liban », a-t-il ajouté.

L’année dernière, le diplomate américain avait contribué à la conclusion d’un accord sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, ce qui a permis aux deux États de trouver un rare terrain d’entente en vue de l’exploration énergétique en mer.

La visite d’Amos Hochstein intervient en effet à l’heure où les combats gagnent en intensité à la frontière libano-israélienne depuis quelques jours. Lundi aussi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une série d’attaques à l’aide de drones, de missiles et d’obus d’artillerie contre l’armée israélienne dans le nord de l’État hébreu. Dans un communiqué, le parti chiite a affirmé que ses combattants avaient pris pour cible « à l’aide de trois drones d’attaque des centres de rassemblement des soldats de l’occupation israélienne à l’ouest (du village frontalier, NDLR) de Kiryat Shmona ».

Dans la foulée, le Hezbollah a ajouté avoir tiré à l’artillerie sur des sites où sont déployés des soldats israéliens dans la même zone, et avoir « pris pour cible (...) une force d’infanterie sur la colline de Karnitina ». Il a également annoncé avoir ciblé plusieurs positions militaires dans les zones proches de la frontière à l’aide de missiles Burkan (Volcan), affirmant que ces opérations ont fait des victimes parmi les forces israéliennes.

Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a de son côté indiqué que 25 roquettes avaient été tirées lundi depuis le Liban, visant plusieurs sites frontaliers. Il a également confirmé que trois drones avaient visé un secteur « adjacent à un poste » militaire, sans faire état de victimes. Dans la journée, des sirènes ont retenti à Kiryat Shmona et dans ses environs, suscitant des craintes d’une possible infiltration d’aéronefs, a rapporté le Haaretz. En parallèle, la police israélienne et le Shin Bet (le service de renseignement intérieur du pays) ont arrêté deux résidents de Yarka, Raed Gabich et Amal Abou Ablah, soupçonnés de trafic d’armes avec le Liban, a annoncé la police israélienne sur X. Suite à la perquisition de leurs domiciles, la police et les services de renseignements ont découvert deux revolvers, des munitions et d’autres armes. Toujours selon le journal israélien Haaretz, les deux individus sont également soupçonnés d’être en contact avec un agent étranger et de détenir des drogues illégales.

Plus de 47 000 oliviers décimés

De l’autre côté de la frontière, l’armée israélienne a annoncé avoir bombardé des « infrastructures terroristes du Hezbollah » à l’aide de l’artillerie, des avions de combat et des hélicoptères, et ciblé une « cellule du parti qui tentait de lancer des missiles antichars depuis la région de Marwahine ». Des tirs israéliens ont également visé tout au long de la journée de nombreux villages et lieux-dits frontaliers, à l’instar de Wata el-Khiam, Hay el-Maslakh, Yater, Rmeich, Aïta el-Chaab, Alma el-Chaab, Taïr Harfa, Dhaïra et Yarine. Dans la localité de Houla, également bombardée, Mohammad Younès, un berger de 60 ans, a réussi à échapper à la mort, après avoir été coincé avec son troupeau, entre Houla et Markaba, lors des frappes israéliennes. Il a été secouru par des habitants, une fois que les frappes se sont arrêtées, selon l’Agence nationale d’information.

Autre fait notable, un député du mouvement Amal, Kabalan Kabalan, a confirmé à L’Orient-Le Jour que son domicile à Meis el-Jabal (caza de Marjeyoun) a été visé par une frappe israélienne. « Pas de victimes ou de blessés, mais il y a des dégâts matériels », a-t-il précisé. Les frappes israéliennes, dont certaines chargées de phosphore blanc incendiaire, ont causé de nombreux dégâts au Liban-Sud depuis le début des hostilités.

Dans ce contexte, le ministre sortant de l’Agriculture, Abbas Hajj Hassan, a révélé lundi lors d’une conférence de presse que les bombardements israéliens ont déclenché 351 incendies dans 53 localités des gouvernorats du Liban-Sud et de Nabatiyé, entre le 7 octobre et le 16 novembre. Selon lui, les frappes israéliennes auraient décimé plus de 47 000 oliviers, dont certains qui étaient centenaires, ainsi que des pins et des chênes. « 60 % des surfaces incendiées sont des forêts et 30 % des terres qui ont brûlé sont des vergers et des terres agricoles », a déclaré le ministre. Plus de 60 serres ont été endommagées, plus de 200 volailles et plus de 700 bovins ont été tués, tandis que des dégâts ont été rapportés sur plus de 250 ruches, a-t-il poursuivi. Le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, avait lui aussi affirmé jeudi dernier que l’usage du phosphore par Israël a brûlé 460 hectares de forêts et de vergers, « ce qui constitue 37 % des espaces victimes de feux en 2023 ».