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Culture - Inspiration guerre

Rami Kanso censuré sur Instagram pour son « Baiser » à la Palestine ?

« Kiss of Freedom ». C’est ainsi que le graphiste et designer d’animation libano-slovaque a baptisé le détournement qu’il a fait du célèbre « Baiser » de Gustave Klimt, posté sur ses réseaux sociaux. Un geste artistique « destiné à capter l’attention des Occidentaux ». Mais qui lui a probablement valu d’attirer également l’attention des censeurs sur son fil Instagram.

Rami Kanso censuré sur Instagram pour son « Baiser » à la Palestine ?

« Kiss of Freedom », le détournement signé Rami Kanso du célèbre « Baiser » de Klimt. Photo DR

Il a découpé la silhouette féminine étreinte, pour insérer à sa place la carte de la bande de Gaza. Et il a remplacé le motif fleuri de sa longue robe par celui, éminemment symbolique, du keffieh. Idem pour la cape de l’homme qu’il a entièrement repeinte en vert. Et pour la dorure en fond de toile qu’il a recouvert d’une couche de rouge… couleur du sang.

Noir, blanc, vert et rouge. C’est un « Baiser » de Klimt revisité aux contours de la Palestine et aux couleurs de son drapeau que ce graphiste, designer d’animation et artiste visuel libano-slovaque, affiche sur ses réseaux sociaux ces dernières semaines. Baptisée Kiss of Freedom (Baiser de libération), cette œuvre de détournement de l’un des tableaux les plus célèbres au monde est une poétique déclaration de soutien à la cause palestinienne et à la résistance de la population de Gaza bombardée par Israël. Mais c’est, aussi et surtout, un message de sensibilisation adressé à l’ensemble des internautes.

Rami Kanso, un artiste engagé. Photo DR

« J’ai choisi cette peinture pour les sentiments d’amour et de protection qu’elle exprime, à travers la posture de l’homme enlaçant la femme. Des sentiments que l’on ressent spontanément envers la population gazaouie qui subit dans son ensemble, hommes, femmes et enfants, un terrible massacre. Et j’ai délibérément fait le choix d’adapter cette toile d’un artiste autrichien pour capter aussi et surtout l’attention du public occidental. En espérant contribuer à déclencher chez lui un sentiment d’identification avec les Palestiniens par le biais d’un langage visuel qui lui est familier. Car parallèlement aux combats sur le terrain, il y a une guerre de propagande qui se déroule dans les médias et sur les réseaux sociaux. Et dans laquelle les Israéliens sont, malheureusement, très forts », relève Rami Kanso.

Il a donc choisi d’entrer dans cette bataille de communication avec cette pièce qui délivre un message pacifique et appelle à voir les Palestiniens sous l’angle de leur seule humanité, au-delà des questions de religions et d’identité. « Au vu des nombreuses réactions de solidarité que j’ai reçues (NDLR : son post sur Instagram a récolté plus de 15 000 likes en quelques jours), je peux affirmer que j’ai atteint ma cible. Ce sont d’ailleurs majoritairement des Européens qui sont en train de me contacter pour acheter les posters (30 x 40 cm) que j’ai fait imprimer, et dont l’intégralité des recettes de vente sera reversée à un fonds de soutien à Gaza », assure-t-il à L’Orient-Le Jour. Est-ce à cause du succès récolté par cette initiative que certains de ses posts ont récemment été bloqués sur son compte Instagram ? « Le réseau social ne va jamais se risquer à donner officiellement cette raison… » botte-t-il en touche. En signalant que c’est son repost d’une image de l’AP datant de 2012 – ayant très largement circulé jusque-là – montrant la jeune Ahed Tamimi le poing levé à la face d'un soldat israélien qui servirait de justificatif à cette mesure de censure. Un alibi qui ne fait qu’enfoncer le clou…

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Un certain art de la contestation

Il ne s’agit pas là du premier geste artistique engagé de Rami Kanso. Il y a quatre ans, il avait été l’un des premiers artistes à s’impliquer dans le mouvement de contestation du 17 octobre 2019, en faisant une représentation stylisée du fameux coup de pied donné par une manifestante à un garde du Parlement. Une illustration qui s’était propagée de manière virale sur les réseaux sociaux. Au point d’en devenir l’une des œuvres porte-étendard de la révolte des Libanais.

Dans cette illustration devenue virale, Rami Kanso a immortalisé le coup de pied d'une manifestante à un garde du Parlement lors de la thaoura d'octobre 2019.

Le temps a passé. La révolution au pays du Cèdre est morte de sa belle mort… Sauf que cet activiste dans l’âme a continué, parallèlement à son travail de concepteur graphique et de designer d’animation au sein de la chaîne qatariote al-Araby TV, à s’adonner à sa passion pour l’expression artistique. Et cela à travers des œuvres entremêlant collage de textures, calligraphie, typographies… Et le plus souvent porteuses d’une forte symbolique identitaire arabe. Cette riche identité contemporaine dont il s’attache à faire découvrir les multiples facettes aussi bien au moyen d’illustrations et visuels de spectacles (notamment ceux de la production musicale Umm Kulthum : The Golden Era dont la première a eu lieu à Londres en 2020) qu’à travers des créations vidéo, à l’esthétique éminemment poétique mais toujours sous-tendues de revendications sociales, parfois même féministes, qu’il signe en duo avec sa femme, la poétesse et artiste performative jordano-palestinienne Dana Dajani. À l’instar de la série Caged Bird sélectionnée dans plusieurs festivals et qui a valu au tandem sept prix… majoritairement occidentaux. 

Il a découpé la silhouette féminine étreinte, pour insérer à sa place la carte de la bande de Gaza. Et il a remplacé le motif fleuri de sa longue robe par celui, éminemment symbolique, du keffieh. Idem pour la cape de l’homme qu’il a entièrement repeinte en vert. Et pour la dorure en fond de toile qu’il a recouvert d’une couche de rouge… couleur du sang.Noir, blanc, vert et...
commentaires (1)

Bravo l'artiste ! Merci...

Cartier Murielle

18 h 47, le 22 novembre 2023

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Commentaires (1)

  • Bravo l'artiste ! Merci...

    Cartier Murielle

    18 h 47, le 22 novembre 2023

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