Le Moyen-Orient a été dévasté par les guerres qu’ils ont menées et/ou se sont livrées durant cette dernière décennie. Chacun d’entre eux est responsable, bien qu’à différents niveaux, de la mort de plus d’Arabes qu’Israël au cours de cette période. Mais l’attaque sanglante du Hamas puis la riposte destructrice de l’État hébreu ont un tel écho dans la région qu’ils ont été contraints de se réunir pour une photo de famille, totalement impensable il y a seulement quelques années de cela. L’on y voit ainsi la plupart des ennemis d’hier (et d’aujourd’hui) : Mohammad ben Salmane, Recep Tayyip Erdogan, Bachar el-Assad, Abdel Fatah el-Sissi et même Ebrahim Raïssi. Preuve incontestable de la puissance symbolique, sans équivalent, du conflit israélo-palestinien, leur apparente unité ne suffit toutefois pas à créer l’illusion. Summum d’hypocrisie – notamment quand le boucher de Damas a dénoncé le « massacre israélien » –, le sommet arabe et islamique a surtout été le reflet des divisions qui subsistent entre ses membres.
Au-delà des condamnations générales et des appels au cessez-le-feu, ils ne sont d’accord sur rien : ni sur la méthode à employer pour « défendre » la cause palestinienne ni sur ce à quoi doit ressembler l’avenir de Gaza. Si, depuis 1948, les pays arabes n’ont jamais été capables d’outrepasser leurs intérêts propres pour le bien de la cause palestinienne, ils ne vont certainement pas commencer à le faire aujourd’hui, dans un contexte où celle-ci a perdu sa centralité géopolitique. Et encore moins en partenariat avec la Turquie d’Erdogan et la République islamique de Khamenei qui sont beaucoup plus proches du Hamas que ne le sont – à l’exception du Qatar – la grande majorité d’entre eux.
Chacun a ses propres calculs dans la séquence. L’Iran veut être au cœur d’un futur accord régional ou bien continuera de miser sur le chaos. La Turquie est dans une surenchère sans limite qui vise à en faire le porte-parole sunnite de la cause palestinienne dans un triple objectif interne, arabe et dans son bras de fer permanent avec l’Occident. La Syrie veut être dans le camp de la « résistance » sans avoir à en payer le prix. La Jordanie et l’Égypte veulent éviter que le conflit en cours ne change le statu quo à leurs frontières et ne les déstabilise en interne. L’Arabie saoudite souhaite que tout cela se finisse au plus vite et avec le moins de dégâts possibles pour son projet de développement économique et de stabilisation régionale. Plus vite le choc du 7 octobre sera digéré, plus les divergences entre tous ces pays seront visibles et leurs conflits plus ou moins gelés – le Nord syrien reste un terrain très chaud – réapparaîtront à la surface.
Il est fort possible qu’un nouveau Moyen-Orient émerge à la suite de la guerre de Gaza. Mais pour le moment, un seul bouleversement géopolitique, au-delà du nécessaire exercice de recalibrage des uns et des autres pour s’adapter à la situation, est à constater. Il s’agit du retour des États-Unis en tant que seule superpuissance dans la région, avec un déploiement militaire sans précédent depuis des décennies. Rien ne permet de dire si cette évolution est uniquement provisoire ou si elle vise à s’inscrire dans la durée, puisque cela dépendra en partie de la suite des événements. Les États-Unis ont fait de l’Asie leur priorité stratégique depuis quinze ans, mais le Moyen-Orient se rappelle régulièrement à eux. Cette donnée est capitale – aucun pays arabe ne s’est d’ailleurs plaint du déploiement militaire de l’Oncle Sam –, puisque le relatif désengagement américain est l’une des causes structurantes de la bataille géopolitique que se livrent les puissances régionales depuis plus d’une décennie. Si les États-Unis se réinvestissent sérieusement au Moyen-Orient, tout le monde devra s’adapter à cette nouvelle réalité.
En attendant, personne n’est dans une logique de totale rupture. Les puissances signataires des accords d’Abraham se font discrètes, mais sans pour autant remettre en cause la normalisation avec Israël. L’Arabie saoudite a gelé ses négociations avec l’État hébreu et lui demandera de sérieuses concessions sur la question palestinienne pour aboutir à un accord qui ne verra certainement plus le jour à court terme. Mais ses déclarations depuis le 7 octobre laissent entendre que cette page n’est pas définitivement tournée à ses yeux.
Le bouleversement géopolitique ne sera réellement perceptible qu’à la fin de la « partie ». Il n’aura pas la même dimension si la guerre reste localisée ou si l’embrasement devient régional. Sans aller jusqu’à dire qu’ils choisiront le camp des gagnants, les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, attendent clairement d’y voir plus clair avant de se positionner. Si l’Iran en sort renforcé, ils ralentiront probablement leur rapprochement avec l’État hébreu – un Israël qui ne peut se protéger lui-même ne pourra rien faire pour eux – et tenteront de trouver un modus vivendi avec la République islamique en acceptant que celui-ci soit à leur désavantage.
Si, au contraire, l’Iran en sort affaibli, ils pourraient tenter de l’isoler davantage, à condition que les États-Unis les y encouragent et qu’Israël relance a minima le processus de paix avec les Palestiniens, ce qui paraît assez peu probable.
La fausse unité affichée à Riyad avait pour objectif, côté iranien, de montrer que la République islamique n’est pas isolée et de mettre surtout les Arabes face à leurs limites afin de se présenter en champion de la Palestine. Côté saoudien, elle visait à faire voir que le royaume est incontournable sur le sujet, et surtout à garder le rival iranien près de soi pour le dissuader de se lancer dans une escalade régionale dont l’Arabie pourrait être l’une des principales victimes. En résumé : « Garde tes amis près de toi, mais tes ennemis encore plus près. »
QUE DIRE APRES CET EXCELLENT ARTICLE? L'IRAN A CONVAICU HAMMAS ET FERA DES PRESSIONS SUR NASRALLAH POUR SE JOINDRE A UNE BATAILLE PERDUE D'AVANCE QUE LE MALHEUR DE LA POPULATION DE GAZA A ETE CAUSE PAR L'IRAN ET LEURS PROPRES DIRIGEANTS ( ET QUE TOUT CE MONDE S'EST RETROUVE IL Y A PEU DE TEMPS AVEC UN MINISTRE IRANIEN ET LE CHEF DE HAMMAS ET NASRALLAH POUR DISCUTER DU PROJET DU 7 OCTOBRE ET DE L'ACTION DE HEZBOLLAH APRES CELA LA VERITE: L'IRAN CHIITE LUTTERA JUSQU'AU DERNIER SUNNITE POUR ARRIVER A SON BUT COMME LES RICHES LUTTENT JUSQU'AU DERNIER PAUVRE..NOUS LIBANAIS DISONT NON A TOUT CELA
03 h 41, le 15 novembre 2023