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Le poète Akl Awit et son chien Cooper, une indéfectible histoire d’amitié…

Le poète Akl Awit et son chien Cooper, une indéfectible histoire d’amitié…

D.R.

Ponctuel et la plume en main, on le retrouve presque chaque matin au haut de la page du quotidien An-Nahar. Son verbe vibrant est là comme une vigile pour traduire son indignation de ce monde absurde et agressif. Un monde où les horreurs et les guerres se succèdent. Mais, pour échapper à cette deshumanisation, il lui arrive d’oublier la politique et de parler peinture, musique, littérature.

Aujourd’hui, Akl Awit, à soixante et onze ans, né à Bziza au Liban Nord, auteur d’une œuvre écrite considérable, entre plusieurs recueils de poésie et essais, offre l’envers de son décor public. Il présente, à travers son dernier récit romanesque, empreint de poésie, Al-Sayyed Cooper wa Tābi‘ouhou (Monsieur Cooper et son serviteur), sa vie avec son chien, ami et compagnon fidèle des moments de solitude, de tristesse ou de joie.

N’allez pas du côté des romans anglais ou américains pour retrouver l’origine du nom de « Cooper », donné à ce magnifique chien de race japonaise Akita. L’amusante et surprenante désignation vient du fils Ounsi de l’écrivain et poète qui, tout comme son père, est tombé en amour, depuis six ans et deux mois, de ce fabuleux chien de 36 kilos et de 64 cm de haut.

Dans ce pays qui s’effrite et s’effondre, le plus doux réconfort est cette amitié canine dont la présence rassure. Presque une thérapie ! Pour un partage de bon aloi quant aux désastres, contraintes, anxiétés, frustrations, isolements et difficultés vécus… Un chien fidèle, docile, doux, calme qui fait oublier l’hystérie et la stridence de l’univers extérieur pire qu’un volcan aux éruptions insupportables.

Pour l’auteur du Domaine du cyprès, la présence de ce grand chien à ses pieds, lors des longues heures d’écriture et d’inspiration, est un baume au cœur. Un chien qui regarde sagement et silencieusement les tableaux accrochés aux murs, les livres que l’écrivain compulse, et qui écoute la musique qui s’égrène sur la platine ou sur les ondes d’une radio… Et Akl Awit confie en toute candeur et sans humour déplacé que Cooper apprécie les harmonies syncopées du jazz autant qu’une fugue de Bach.

Ce chien, dans cette touchante confession et dialogue, est aussi l’incarnation et le témoin des drames qui se sont abattus sur le pays du cèdre. À savoir l’explosion tragique du port de Beyrouth le 4 août, tout comme les déambulations révolutionnaires du 17 octobre, sans parler de ces années de confinement à cause du Corona…

Pour l’auteur de ce livre jailli du cœur pour une relation exceptionnelle, ce sont des pages chargées de tendresse, d’amitié et d’affection, pour des propos libérateurs. Si Cooper est Don Quichotte dans sa quête chevaleresque, Akl Awit se qualifie d’être son follower Sancho Pansa.

Ce livre se résume selon Akl Awit en termes extrêmes. Il le définit en toute simplicité, selon ses propres mots, comme « un évangile de la vie commune entre un poète et son chien ». Le poète a livré son message de paix, d’apaisement et de concorde pour un univers qui oublie actuellement la notion de respect, de mansuétude et de communication.

Al-Sayyed Cooper wa Tābi‘ouhou (Mr Cooper et son serviteur) de Akl Awit, Éditions Nawfal, 2023, 156 p.

Ponctuel et la plume en main, on le retrouve presque chaque matin au haut de la page du quotidien An-Nahar. Son verbe vibrant est là comme une vigile pour traduire son indignation de ce monde absurde et agressif. Un monde où les horreurs et les guerres se succèdent. Mais, pour échapper à cette deshumanisation, il lui arrive d’oublier la politique et de parler peinture, musique,...

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