Critiques littéraires Essais

Lecture au féminin des mythes du panthéon grec

Lecture au féminin des mythes du panthéon grec

D.R.

Parfaitement dans le courant des piques, attaques et approches féministes contemporaines pour se tailler une place plus juste dans la société et les mentalités machistes, une femme, en l’occurrence Murielle Szac, revisite les mythes du panthéon des divinités grecques. Sans pour autant dénigrer ou piétiner les valeurs des hommes.

Cet opus, L’Odyssée des femmes, est un essai érudit, savamment fouillé et adroitement narré, teinté de poésie, malicieux dans son humour, ses clins d’oeil et sa vision d’un univers nouveau et moderne.

Un univers moins réducteur pour les femmes, ces femmes « ensoleillées et nourricières », déesses, héroïnes, guerrières, amantes, magiciennes, tisserandes, pour une parité homme/femme plus balancée et plus constructive.

Cet ouvrage fait la part belle au sexe prétendument dit faible et le restitue dans son pouvoir à agir, réagir, sa promptitude et sa lucidité pour la révolte, sa puissance d’être et d’inspirer, son sens de l’inventivité, sa capacité à donner affection et tendresse, à prodiguer secours, conseils, sagesse, assumer sacrifices et dons, vivre l’empathie, faire une arme de sa douleur, rejeter les brutalités… Pour une histoire et une odyssée racontées initialement et fondamentalement par les hommes (et pour les hommes !), grâce à la transcription orale réalisée par les poètes Homère et Hésiode, Murielle Szac, en confrontant les femmes d’antan et d’aujourd’hui, remet les aiguilles à l’heure. Du moins dans les pays dits civilisés.

À cinquante-neuf ans, née à Lyon, Murielle Szac a un remarquable parcours de journaliste, d’autrice (romans entre critiques sociales et politiques), de nombreux livres à succès pour la jeunesse et une plaquette de poésie Immenses sont leurs ailes (sur les enfants d’une Syrie minée par la violence et la guerre), récompensée par un Prix à la foire du livre de Bologne en Italie.

En devanture des librairies cartonne aujourd’hui son Odyssée des femmes, exhumée de la mythologie grecque. Épopée, héros, dieux et hommes sont là en tant que source d’explications pour la Cité hellénistique antique.

Ces grandes oubliées, figures tutélaires, fascinantes, cruelles, tendres, transies d’amour ou de haine, controversées, l’autrice, sans prendre des gants, les sort de l’ombre. Du rayonnement de leurs histoires qui avaient défrayé les chroniques, depuis les temps les plus reculés, ces rebelles, ces (in)soumises, ces (in)domptables ou ces sages, à travers les siècles, ont été matière et objet à réflexion.

On nomme ces personnages féminins illustres qui ont guidé, illuminé et marqué l’inconscient collectif. Alors, on égrène, pêle-mêle, telle une étourdissante galerie, les noms de Phèdre, Médée, Clytemnestre, Artémis, Héra, Athéna, Rhéa, Pénélope, Cassandre, Déméter, Aphrodite, Antigone, Atalante, Hestia, Ariane…

Phèdre – et sa coupable passion – n’est que l’explosion du désir féminin, Médée criminelle d’avoir tué ses enfants parce que son mari l’a trahie transforme sa douleur en une arme redoutable, Ariane avec son fil salvateur se sauve et sauve les autres d’un labyrinthe inextricable, Pénélope et sa vertueuse fidélité est un parangon de la constance des sentiments féminins, Cassandre dont on attend fébrilement les oracles est un exemple que les femmes ne se contentent pas de bavasser, Aphrodite objet des fantasmes de l’érotisme fait front au mariage forcé, Antigone – lionne qui brave tous les interdits pour une sépulture digne de son frère – est celle qui dit non…

Le chapelet des exploits de ces femmes est revisité pour donner une version, une défense, une apologie et une approche plus substantielles, plus creusées, plus constructives, plus actuelles.

Il s’agit de montrer que les filles d’Eve, hier comme aujourd’hui, ne plient pas devant un mari, refusent l’adultère, le viol, l’abandon et les trahisons, ne parlent pas pour ne rien dire, défendent un frère pour une sépulture décente malgré toutes les menaces, savent se libérer pour assumer un destin et mener leur barque, même dans la plus haute des solitudes, ainsi que le démontre Artémis, pionnière de « l’écoféminisme »…

Ce livre, à travers les écrits ancestraux fondateurs d’une civilisation, magnifie et glorifie à juste titre les femmes. En offrant aux lecteurs l’occasion de lire entre les lignes et de revoir les schémas périmés du machisme.

À travers les mythes des temps immémoriaux de Zeus, Hermès, Arès, Apollon et Dionysos, en parlant de la puissance des femmes, de leurs désirs, de leurs fureurs, de leurs colères, de leurs identités les plus secrètes, de leurs passions les plus douces comme les plus violentes, de leur droit à la liberté, Murielle Szac dresse un bilan féminin aux indicateurs sûrs.

L’Odyssée des femmes de Murielle Szac, L’Iconoclaste, 2023, 291 p.

Parfaitement dans le courant des piques, attaques et approches féministes contemporaines pour se tailler une place plus juste dans la société et les mentalités machistes, une femme, en l’occurrence Murielle Szac, revisite les mythes du panthéon des divinités grecques. Sans pour autant dénigrer ou piétiner les valeurs des hommes.Cet opus, L’Odyssée des femmes, est un essai érudit,...

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