Le clin d'œil

La drôle de guerre

La drôle de guerre

D.R.

C’était une fin d’été languissante comme nous en offre souvent notre cher vieux pays où tout est vague, même les saisons…

Dans la lumière dorée d’une saison douce, sans « feuilles mortes qui se ramassent à la pelle », on se prélassait encore à la plage, s’enivrant des rayons tièdes du soleil de notre « dolce vita à nous-malgré tout ». Plus loin, là-haut, sur nos cimes bleutées, c’est du Ferrat que l’on fredonnait à mi-voix : « Pourtant, que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer en voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver ? »

Après le tourbillon des expats, les retrouvailles joyeuses, les virées à la découverte de coins inconnus du pays, la fièvre des festivals et le tohu-bohu des déjeuners de famille bruyants autour de tablées colorées, on savourait la pause. Même l’autocar ramassant, à l’aube, les écoliers de l’immeuble encore bronzés n’arrivait pas à nous déprimer.

Fatalistes, dans la vieille tradition orientale, on se disait qu’après la guerre de quinze ans, la révolution avortée, la pandémie, la mort des copains, les tremblements de terre et la volatilisation de nos sous à la banque, plus rien de mal ne pouvait nous arriver… D’ailleurs, c’est bien connu, dans cette région du monde, les guerres ont lieu en été, les belligérants ayant une nette prédilection pour les combats à la belle saison… Raisonnement contre-intuitif, cette fois-ci, relevant du bien connu « wishful thinking » anglo-saxon.

« C’est dans les ciels bleus qu’éclatent les orages. » Badaboum ! Par un beau week-end relax sur les rives du Berdawni, c’est à nouveau la guerre. Et les vieux démons réapparaissent comme par magie : coups de fil alarmés des enfants à l’étranger, breaking-news minute par minute, vérification des passeports et des visas, alertes des ambassades, fausses et vraies nouvelles entremêlées, doctes spécialistes dissertant à longueur de journée sur les écrans, achats « en grand » de farine, de riz, de pâtes et de boîtes de conserve « au cas où » et tutti quanti… C’est qu’on est bien rodés aux « situations de crise », comme on dit pudiquement ici.

Au bout de quelques jours, et malgré les atrocités vues à la télé, la vie reprend à Beyrouth. Tout doucement, timidement, mais elle reprend. La « drôle de guerre » s’installe et la question devient de savoir si « la grande offensive » allait commencer, quand et comment ?

Entre temps, il faut bien aller chez le coiffeur. Et aussi, se faire les ongles.

On tient, nous, à mourir belles et soignées. Une forme de politesse très libanaise.

C’était une fin d’été languissante comme nous en offre souvent notre cher vieux pays où tout est vague, même les saisons…Dans la lumière dorée d’une saison douce, sans « feuilles mortes qui se ramassent à la pelle », on se prélassait encore à la plage, s’enivrant des rayons tièdes du soleil de notre « dolce vita à nous-malgré tout ». Plus loin, là-haut, sur nos...

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