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Moyen-Orient - REPÈRE

Une semaine après, ce que l’on sait de la frappe sur l’hôpital al-Ahli Arab

Le drame a déclenché une vague de colère et d’indignation dans la région, bien qu’aucune enquête internationale n’ait encore pu avoir lieu pour déterminer l’origine du tir tragique.

Une semaine après, ce que l’on sait de la frappe sur l’hôpital al-Ahli Arab

Dans la ville de Gaza, des gens inspectent le parking de l’hôpital al-Ahli Arab où se trouve le lieu de l’impact d’un tir ayant touché l’établissement la veille, le mardi 17 octobre au soir. Mohammed al-Masri/Reuters

Tout le monde y est allé de son analyse. Une semaine après la frappe qui a touché l’hôpital anglican al-Ahli Arab dans la ville de Gaza le 17 octobre vers 19h, heure locale, qui abritait des déplacés venus y trouver refuge, les différentes enquêtes menées par des chercheurs et médias occidentaux comme régionaux donnent encore à entendre des versions différentes sur l’origine du tir ainsi que sur le nombre de victimes. Tandis que la guerre de l’information s’ajoute au conflit en cours dans la bande de Gaza sous blocus depuis l’attaque surprise du Hamas en Israël le 7 octobre, aucune enquête indépendante n’a encore été conduite sur les lieux de la tragédie.

Moins d’une heure après, le Hamas a accusé Israël d’être à l’origine de la frappe, mentionnant un nombre de morts fluctuant au cours de la soirée entre 200 et 900, avant de s’arrêter le lendemain sur un bilan de 471 personnes décédées. L’État hébreu a pour sa part rapidement nié, puis pointé du doigt un tir raté du Jihad islamique plus tard dans la soirée, ce dernier réfutant ces accusations. Alors que Tel-Aviv dénonçait une surenchère du nombre de victimes, les services de renseignements américains ont émis au lendemain du drame un bilan compris entre 100 et 300 morts, précisant au New York Times que le chiffre réel serait plutôt dans le bas de cette fourchette. 

Face à la colère populaire qui s’est exprimée spontanément à travers le Moyen-Orient le soir même du 17 octobre, les pays arabes ont directement repris la thèse d’une frappe israélienne, la condamnant unanimement. Dans un geste fort, Joe Biden, qui a maintenu sa visite à Tel-Aviv le lendemain de la frappe, y a quant à lui affirmé aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que celle-ci provenait probablement de la « partie adverse », précisant plus tard que ses informations provenaient de son propre ministère de la Défense.

Bien que l’origine du tir soit encore impossible à déterminer avec certitude en l’absence d’une investigation internationale, L’Orient-Le Jour fait le point sur ce que les différentes enquêtes conduites à ce jour disent de l’incident.

Les avertissements : des frappes avaient été conduites par Israël sur l’hôpital le week-end précédant le mardi 17 octobre, faisant 4 blessés parmi les civils, selon l’archevêque de Canterbury mentionné dans une vidéo de la chaîne britannique Channel 4. Un bilan aussi partagé par le journal Le Monde et le site ReliefWeb, lié à l’Office de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), citant le jour de la frappe comme le samedi 14 octobre. Le lendemain, les Israéliens auraient en outre appelé pour dire à tout le monde d’évacuer les lieux, d’après le religieux anglican précité.

Pour mémoire

Que sait-on au lendemain de l’attaque sur l’hôpital al-Ahli à Gaza ?

Les échanges de tirs : l’équipe Sanad d’investigation de la chaîne qatarie al-Jazeera, qui a attribué la frappe à l’État hébreu, repère quatre frappes israéliennes dans la zone de l’hôpital dans le quart d’heure précédant le drame. De son côté, le quotidien britannique The Guardian, penchant pour la thèse d’une erreur palestinienne, indique que les brigades al-Qassem, la branche armée du Hamas, a fait état sur ses chaînes Telegram de « bombardements par roquettes » sur la ville israélienne d’Ashdod à 19h, puis d’une attaque sur Tel-Aviv trois minutes plus tard.  

Les images : de loin, al-Jazeera capture en direct l’explosion près de l’hôpital à 18h59, heure locale, suivie d’un incendie, et précédée 2 à 3 secondes plus tôt d’un autre bruit d’impact dans une localisation non précisée. Quelques secondes avant, une salve de roquettes visant Israël est visible sur les images de la chaîne qatarie qui diffuse en continu, semblant être interceptée par le dispositif de défense aérien israélien du Dôme de fer. Entre les deux, une autre roquette tirée d’une localisation différente est vue en train de briller à deux reprises puis d’exploser en plein vol, ne permettant néanmoins pas de lier directement cet épisode à l’explosion de l’hôpital, survenue 7 à 8 secondes plus tard, puisqu’on ne peut y distinguer les débris de l’engin et où ils sont tombés. D’après l’analyse détaillée des vidéos de l’agence Sanad, la branche investigation d’al-Jazeera, ce dernier projectile aurait été complètement brisé et détruit en plein vol durant son interception. Une semaine après le tir, s'appuyant sur un recoupement de six vidéos, le New York Times a précisé que la roquette en question, désignée par Israël comme celle dont les débris auraient explosé près de l'hôpital, a en réalité été lancée de l'Etat hébreu et non pas de Gaza, et semble avoir explosé près de la frontière avec la bande de terre, à plus de 3 kilomètres de l'établissement.

Les aveux : un enregistrement audio diffusé par l’armée israélienne laisse entendre deux personnes désignées comme des membres du Hamas échanger sur l’erreur qu’aurait commise le Jihad islamique en lançant une roquette du cimetière attenant à l’hôpital. La bande sonore a été qualifiée de « fabrication évidente » par le Hamas, mais également par certains experts, au vu de l’accent, du ton et de la syntaxe peu crédibles utilisés. En partenariat avec l’organisation palestinienne al-Haq et l’ONG Earshot, Forensic Architecture – qui avait conduit une vaste enquête sur la mort de Shirine Abou Akleh ou encore sur l’explosion du port de Beyrouth – , a conclu que l’enregistrement en question avait été manipulé, lui retirant toute crédibilité

La trajectoire : sur les vidéos disponibles des roquettes palestiniennes lancées en direction d’Israël autour de l’heure de l’impact, l’engin mis en cause par les Israéliens présente une trajectoire trop élevée et horizontale pour avoir été tiré du cimetière adjacent à l’hôpital comme le laisse entendre l’enregistrement produit par les Israéliens, rapporte l’enquête de Channel 4. D’autant que, selon la chaîne, l’État hébreu a aussi présenté une carte selon laquelle le missile aurait été tiré d’une localisation au sud-ouest de l’hôpital dans la bande de Gaza. L’enquête de Forensic Architecture a montré que la forme du cratère indiquait une provenance probable du nord-est de l’hôpital, contrairement à ce que disent les Israéliens, ce que confirme une analyse qui se base sur l’effet Doppler (consistant à calculer les variations d’onde).

Le cratère : sur les photos et vidéos diffusées le lendemain de la frappe, un cratère de moins d’un mètre de diamètre est visible sur le parking de l’hôpital, près de voitures calcinées. Au vu du périmètre de l’impact au sol, les experts militaires ont unanimement rejeté la possibilité d’une frappe aérienne, évoquant pour certains une frappe de mortier, un obus d’artillerie ou encore une arme défectueuse qui aurait libéré sa charge en tombant au sol.

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Le projectile et les dégâts : les images aériennes diffusées par l’armée israélienne indiquent selon elle qu’une frappe aérienne est à exclure, car elle aurait causé des dégâts (notamment structurels) aux bâtiments alentour, ce qui n’a pas été le cas. Certaines fenêtres d’une église située aux abords du parking apparaissent encore intactes sur la vidéo de Channel 4. Selon une analyste interrogée par BBC Verify, l’État hébreu a la capacité de conduire des frappes aériennes avec des drones, avec notamment des missiles Hellfire, qui génèrent une forte quantité de chaleur sans pour autant laisser un cratère important. Israël utilise en outre des missiles Spike, également largués par drone, dont l’impact est limité malgré un pouvoir de destruction conséquent, et qui coïncideraient avec les traces retrouvées sur le sol, selon l’analyse de Forensic Architecture. Un porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a lui indiqué que les dommages avaient été provoqués non pas par une ogive explosive mais par le propulseur inflammable d’une roquette, qui n’aurait pas encore été consommé parce que celle-ci aurait été tirée à proximité. D’autant qu’aucune trace d’éclats d’obus ne semble avoir été retrouvée sur les lieux. Le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari a en outre affirmé le lendemain de la frappe que près de 450 roquettes tirées de Gaza étaient tombées dans la bande de terre depuis le début de la guerre onze jours plus tôt. Face aux demandes du New York Times de voir des débris du projectile, le Hamas a indiqué que la munition en cause avait été désintégrée au point de ne plus être reconnaissable, un représentant du groupe islamiste affirmant que « le missile a été dissous comme du sel dans de l’eau »

Tout le monde y est allé de son analyse. Une semaine après la frappe qui a touché l’hôpital anglican al-Ahli Arab dans la ville de Gaza le 17 octobre vers 19h, heure locale, qui abritait des déplacés venus y trouver refuge, les différentes enquêtes menées par des chercheurs et médias occidentaux comme régionaux donnent encore à entendre des versions différentes sur l’origine du...
commentaires (4)

Cet article est malencontreusement biaisé. Même LeMonde -pourtant très pro palestinien- s'est EXCUSÉ auprès de ses lecteurs pour avoir accusé Israël de ce bombardement d'un hopital. OLJ continue de véhiculer la version du Hamas tombée dans la catégorie propagande de guerre.

GM92190

00 h 50, le 26 octobre 2023

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Commentaires (4)

  • Cet article est malencontreusement biaisé. Même LeMonde -pourtant très pro palestinien- s'est EXCUSÉ auprès de ses lecteurs pour avoir accusé Israël de ce bombardement d'un hopital. OLJ continue de véhiculer la version du Hamas tombée dans la catégorie propagande de guerre.

    GM92190

    00 h 50, le 26 octobre 2023

  • Je note que l'OLJ a mis une semaine à mettre en doute la version du Hamas, ce que tout lecteur de la presse occidentale savait le lendemain. Comme El Jazeera, l'OLJ ne sort pas grandi dans cette affaire. L'article fleuve de ce jour, dont les conclusions sont alambiquées, ne trompant personne.

    F. Oscar

    09 h 45, le 25 octobre 2023

  • Les témoignages, même de témoins directs, relevés à chaud, sont bourrés de contradictions. On a parlé de deux missiles, de bombes aériennes, de tirs directs sur le bâtiment… Tout cela est maintenant rejetés, et une chose seule est sûre, c’est qu’il ne s’agit pas d’une frappe aérienne. Il fut un temps où la malheureuse expérience faisait de tout libanais un expert en balistique, capable, au vu d’un impact, de sa forme et sa profondeur, de déterminer la provenance d’un tir. D’après les vues aériennes à notre disposition, l’hypothèse de Daniel Hagari figure parmi les plus vraisemblables. Mais, dans ce cas, les restes du missile devraient être facilement identifiables, d’où le refus du Hamas de satisfaire aux demandes du New York Times . Quant au nombre de morts, il a varié "entre 200 et 900, avant de s’arrêter le lendemain sur un bilan de 471 personnes décédées". Mais, ceci, selon le Hamas, il faut bien le préciser, Certaines autres sources ramènent ce nombre à quelques dizaines.

    Yves Prevost

    07 h 49, le 25 octobre 2023

  • Article biaisé et aussi douteux que les pseudo analyses de Forensic Architecture. Le WSJ pour sa part a fait un vrai travail de fond sur ce sujet, j’en recommande vivement la lecture.

    Emmanuel Durand

    22 h 20, le 24 octobre 2023

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