Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - REPÈRE

Ce qu’il faut savoir sur le bombardement de la paroisse Saint-Porphyrios à Gaza

Au moins 18 Palestiniens ont été tués, dans la nuit de jeudi, dans une frappe aérienne israélienne près de la plus ancienne église encore en service à Gaza, qui abritait de nombreux déplacés.

Ce qu’il faut savoir sur le bombardement de la paroisse Saint-Porphyrios à Gaza

Des Palestiniens cherchent des survivants après qu’une frappe aérienne israélienne a touché la plus ancienne église encore en fonction à Gaza. Photo AFP

Quarante-huit heures après que plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans un tir sur l’enceinte de l’hôpital anglican al-Ahli de Gaza, un bombardement est survenu dans la nuit de jeudi à proximité de la paroisse grecque-orthodoxe Saint-Porphyrios de la vieille ville. Au moins 18 Palestiniens ont été tués dans le lieu de culte, qui servait de refuge à de nombreux fidèles, mais également à des déplacés gazaouis de toutes confessions.

Les faits

• Dans la nuit de jeudi à vendredi, une frappe aérienne israélienne est tombée près de la paroisse grecque-orthodoxe Saint-Porphyrios de la vieille ville de Gaza.

• Dix-huit personnes ont été tuées, parmi lesquelles des fidèles et Gazaouis de toutes confessions qui s’étaient réfugiés dans le lieu de culte pour échapper aux bombardements israéliens.

• Selon les autorités du Hamas au pouvoir dans l’enclave palestinienne, l’attaque a fait « un grand nombre de martyrs et de blessés ».

• Plusieurs heures après les faits, les blessés étaient toujours en état de choc. « Depuis hier, ma tante n’arrive plus à parler. Elle est littéralement sans voix », confie vendredi à L’Orient-Le Jour un Gazaoui installé en Jordanie. « Les habitants transportent encore des cadavres, parmi lesquels ceux d’enfants », rapporte le jeune homme selon les informations parvenues par sa famille. « Personne n’est capable de s’exprimer », renchérit Omar el-Qatta, photojournaliste gazaoui, depuis la paroisse où il s’est rendu après les faits.

Lire aussi

L’offensive terrestre à Gaza aura-t-elle lieu ?

• Construite dans les années 1150, l’église est la plus ancienne encore en service à Gaza, et l’une des plus vieilles du monde. Selon des témoins, l’attaque a endommagé sa façade et provoqué l’effondrement d’un bâtiment adjacent, tandis que de nombreux blessés ont été évacués vers l’hôpital.

• Les témoins ont déclaré que le raid aérien semblait viser une cible proche du lieu de culte. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a déclaré que ses avions de combat avaient touché un centre de commandement et de contrôle impliqué dans le lancement de roquettes et de mortiers en direction de l’État hébreu.

• « Suite à la frappe, un mur d’une église de la région a été endommagé, a affirmé l’armée israélienne. Nous sommes au courant de rapports faisant état de victimes. L’incident est en cours d’examen. » Et d’ajouter : « Le Hamas place intentionnellement ses installations dans des zones civiles et utilise les habitants de la bande de Gaza comme boucliers humains. »

• Le patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem a exprimé sa « condamnation la plus ferme », soulignant : « Prendre pour cible les églises et leurs institutions, ainsi que les abris qu’elles offrent pour protéger les citoyens innocents, en particulier les enfants et les femmes qui ont perdu leur maison à la suite des frappes aériennes israéliennes sur des zones résidentielles au cours des 13 derniers jours, constitue un crime de guerre qui ne peut être ignoré. »

• De son côté, Ramzi Khoury, chef du Haut Comité pour les affaires ecclésiastiques en Palestine, a affirmé que ce bombardement témoignait des « intentions d’Israël d’anéantir le peuple palestinien ». « Cibler des lieux de culte constitue un crime de guerre, et le droit international indique clairement que les lieux de culte ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’attaques », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Le contexte

• Ce raid aérien intervient 48 heures après l’attaque mardi soir de l’hôpital anglican al-Ahli de Gaza, ayant fait plusieurs centaines de morts, selon le ministère de la Santé de Gaza. Un drame dont Israël et les factions palestiniennes dans l’enclave continuent de se renvoyer la responsabilité.

• La communauté chrétienne de Gaza compte un millier de personnes sur les près de 50 000 qui restent dans l’ensemble des territoires palestiniens. Elle gère notamment trois écoles ainsi que l’hôpital anglican frappé mardi soir.

Lire aussi

Les journalistes gazaouis, derniers yeux de la guerre

• Alors qu’Israël a ordonné il y a une semaine l’évacuation des plus d’un million d’habitants de la ville de Gaza vers le sud, la majorité des chrétiens qui y résident ont décidé de rester. « Pratiquement tous ont choisi de rester, considérant que c’est plus sûr car la situation est partout de plus en plus délicate, avait expliqué lundi, à des journalistes italiens, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. Se déplacer est très dangereux car il y a beaucoup de morts pendant ces déplacements et les endroits pour trouver refuge sont déjà débordés. Il n’y a nulle part où aller. »

• S’il se confirme que les deux attaques ayant ciblé des institutions chrétiennes à Gaza au cours des deux derniers jours sont le fait d’Israël, ce qui est établi pour la seconde, ces raids témoigneraient du fait que l’État hébreu n’opère pas de distinction entre les Palestiniens musulmans et chrétiens.

• Au cours des dernières années, les agressions de colons israéliens se sont multipliées à Jérusalem à l’encontre des chrétiens palestiniens. Début octobre, des vidéos montrant un groupe de colons cracher sur un groupe de fidèles chrétiens alors qu’ils célébraient la fête juive de Souccot, dans la vieille ville de Jérusalem, sont devenues virales sur les réseaux sociaux.

• Cité par l’agence palestinienne Wafa, le coordinateur du Conseil de l’Église mondiale à Jérusalem, Youssef Daher, a confirmé début octobre que les responsables de l’Église avaient déposé 12 déclarations pour protester contre ces violations et attaques à la fin de l’année 2021.

Les enjeux

• Cités par Radio France Internationale (RFI), des responsables chrétiens en Cisjordanie expliquent que les attaques prenant pour cible les Palestiniens sans distinction créent une forme d’unité contre Israël au sein de la population palestinienne, ainsi qu’un nationalisme dépassant les oppositions religieuses.

• Comme beaucoup de Palestiniens de la bande de Gaza, la communauté chrétienne conteste en coulisses la gouvernance et l’idéologie du mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave. Mais la violence exercée par Israël contribue à fédérer la population gazaouie. « Il faut regarder les atrocités commises par le Hamas non pas avec une loupe, mais avec un télescope, a déclaré à RFI Mgr Shomali, évêque auxiliaire du patriarche latin de Jérusalem. Avec tout le contexte du conflit centenaire. Il y a eu aussi beaucoup d’atrocités commises par les Israéliens durant les autres guerres. C’est ce qui fait que beaucoup de Palestiniens n’ont pas ressenti de remords à cause des atrocités commises le 7 octobre, mais plutôt, excusez-moi de le dire, un certain triomphe d’avoir réparé le sentiment d’oppression qu’ils ont en eux. »

• Alors que les pays occidentaux ont majoritairement témoigné d’un soutien sans équivoque à Israël depuis le 7 octobre, n’ayant pas encore appelé à un cessez-le-feu à Gaza, les raids prenant pour cible la communauté chrétienne sont susceptibles de provoquer un élan de solidarité occidental. Si elles défendent le droit de l’État hébreu à riposter, plusieurs familles politiques françaises, notamment ancrées à droite, se font depuis plusieurs années les porte-étendards de la défense des chrétiens d’Orient. 

Quarante-huit heures après que plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans un tir sur l’enceinte de l’hôpital anglican al-Ahli de Gaza, un bombardement est survenu dans la nuit de jeudi à proximité de la paroisse grecque-orthodoxe Saint-Porphyrios de la vieille ville. Au moins 18 Palestiniens ont été tués dans le lieu de culte, qui servait de refuge à de nombreux fidèles,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut