Guerre à Gaza, jour 11 : une frappe imputée par le Hamas à Israël contre un hôpital fait plus d’un millier de morts. L’évènement n’est pas passé inaperçu au Liban où le Hezbollah gère avec prudence, jusqu’ici, son intervention dans le conflit en cours entre le Hamas et l’État hébreu. Et à l’heure où le numéro un du parti, Hassan Nasrallah, s’en tient à son silence depuis le début des hostilités, les craintes de voir le Liban emporté par le Déluge d’al-Aqsa persistent. En face, certains protagonistes locaux, notamment le leader druze et ex-chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, s’activent sur plusieurs fronts pour épargner au pays le scénario du pire : celui d’une « troisième guerre mondiale » ou presque, selon Marwan Hamadé, député joumblattiste qui a répondu mercredi aux questions de L’Orient-Le Jour.
Comment le massacre de mardi soir va-t-il influer sur la guerre en cours, et surtout, sur les efforts menés pour arriver à un cessez-feu ?
Avec l’ampleur des crimes commis au quotidien, je crois que ce massacre va finir par devenir un simple épisode de cette guerre. Mais s’il reste encore un peu de conscience mondiale – sachant que le monde est aveugle et sourd –, le massacre de mardi devrait accélérer les efforts pour éviter le scénario du pire. Celui-ci ne porterait pas uniquement sur la poursuite des combats à Gaza, mais aussi sur une intervention du Liban dans le conflit. Et empêcher cette éventualité devrait être une priorité de la communauté internationale. Car si le Liban est entraîné, ce sera presque la troisième guerre mondiale.
Walid Joumblatt multiplie les appels à épargner au Liban une guerre inopportune. Après les entretiens avec le président de la Chambre et le Premier ministre sortant, que comptez-vous faire sur ce plan ?
Walid Joumblatt fait part de son sentiment historique de solidarité avec la cause palestinienne. Aujourd’hui, il n’évoque plus le Hamas. Ce qui lui importe, c’est d’éviter que le Liban soit entraîné dans une guerre dont il ne pourra clairement pas supporter les conséquences. Nous allons donc poursuivre nos contacts au Liban comme à l’étranger. Nous allons surtout tenter de mobiliser une opinion publique qui ne veut pas la guerre.
Quel message adressez-vous à Hassan Nasrallah ?
Je lui dis simplement : “Ne plongez pas le Liban dans la guerre.” Mais je suis conscient qu’une telle décision le dépasse largement. Elle est tributaire de calculs qui vont bien au-delà de sa formation. On dit de Hassan Nasrallah qu’il est le leader tout-puissant. Mais c’est à Téhéran que toutes les décisions sont prises.
A un moment donné il faut passer à la caisse. Tous ces pays qui ont fait mine de ne pas connaître la nuisance de ce pays et de ses mercenaires sont obligés de payer le prix fort de leur aveuglement teinté de naïveté tant que cela se passait loin de leurs frontières. Les voilà entraînés par la force des choses dans ce conflit hors de contrôle. Cela ne nous réjouit guère mais tous les responsables des crimes commis dans le monde qui n’ont pas su les émouvoir pour les arrêter devraient un jour ou l’autre assumer leur responsabilité d’avoir laissé faire jusqu’à l’implosion.
12 h 05, le 19 octobre 2023