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Campus - IMMERSION PRATIQUE

Stages d’été, un « must » qui coûte cher

Chaque été, de nombreux universitaires se lancent dans des stages, qu’ils soient obligatoires ou volontaires. Cependant, une grande majorité de ces stages ne sont pas rémunérés. Témoignages.

Stages d’été, un « must » qui coûte cher

Nour Fassad lors de son stage avec les jeunes élèves.

Alors que, pour une partie des jeunes Libanais, la saison estivale se passe entre Batroun, Chekka et Byblos, c’est loin d’être le cas de tous les étudiants. Certains sacrifient leur temps libre pour travailler afin de payer l’université qui les oblige à effectuer un stage, souvent non rémunéré, pour obtenir leur diplôme.

« Je pense que tous les stages devraient être rémunérés, même symboliquement, estime Ali Takch, 21 ans, étudiant en télévision et cinéma à l’Université libano-américaine (LAU). Être payé pourrait vraiment motiver les étudiants en leur faisant sentir qu’ils travaillent réellement. »

Maria Saba. Photos DR

Également étudiante en télévision et cinéma à la LAU, Lynn Ajami, 19 ans, vient d’achever un stage de deux mois dans une petite boîte de production audiovisuelle, le même qu’a effectué Ali Takch. Elle aussi estime qu’il est « injuste de ne pas être payé, puisque le stagiaire doit avoir le sentiment de recevoir quelque chose en retour de ses contributions ». Néanmoins, tous deux reconnaissent que leur stage leur a permis de développer leurs compétences en production télévisuelle en leur donnant accès à un nouvel équipement plus avancé et en leur permettant d’explorer de nouvelles techniques de tournage.

Élie Sfeir, 21 ans, étudiant en génie informatique à l’Université Antonine, soutient, lui aussi, l’importance d’être rémunéré pour un stagiaire. « Je n’aurais jamais été motivé à travailler de 9h à 18h si je n’avais pas été payé », indique le jeune homme qui a effectué son stage dans une multinationale en technologie basée à Beyrouth.

Alors que la majorité des stages au Liban restent non rémunérés, certaines entreprises indemnisent les stagiaires pour leurs frais de transport ou ont mis en place des arrangements garantissant le déplacement de leurs stagiaires vers et depuis le lieu de travail. Lynn Ajami et Ali Takch ont bénéficié de ce système en étant déposés et récupérés chez eux par l’une de leurs collègues, responsable du transport des stagiaires vers le lieu de travail assez éloigné de Beyrouth.

Élie Sfeir. Photo Joe Dahrouj

Une quête solitaire

Par ailleurs, dans de nombreuses universités libanaises, l’accomplissement d’un stage nécessite de payer le prix d’un certain nombre de crédits. À la LAU, par exemple, le coût d’un crédit varie entre 597 et 854 dollars en fonction du programme choisi, tandis qu’à l’AUB, il se situe entre 651 et 928 dollars.

« J’ai dû payer le prix d’un crédit pour accomplir mon stage obligatoire », affirme Maya Hamadeh, 20 ans, étudiante en journalisme à la LAU. Elle souligne également une autre difficulté rencontrée par les jeunes universitaires : « Tous les étudiants ne sont pas tenus d’effectuer des stages d’été, mais ceux qui le sont rencontrent de nombreuses difficultés pour en trouver. »

Payer ou être rémunéré n’est donc pas la question principale lorsque ces étudiants ont du mal à trouver les stages obligatoires nécessaires à l’obtention de leur diplôme. C’était une bataille que nous avons menée seuls », affirme Ali Takch. Nous avons dû effectuer tout le travail pour trouver ce stage par nous-mêmes. Personne ne nous a aidés pendant notre recherche. » Lynn Ajami explique qu’ils se sont tournés vers d’autres amis qui avaient déjà effectué leur stage d’été plutôt que vers l’université.

« Il devient de plus en plus difficile de trouver des stages au Liban en raison de la crise économique, indique Élie Sfeir. Non seulement les entreprises ne veulent pas recruter des stagiaires pour éviter de les payer, mais les procédures de candidature deviennent de plus en plus compliquées ; on demande aux stagiaires d’avoir de l’expérience professionnelle alors qu’ils postulent précisément pour en acquérir. »

Nour Fassad, 20 ans, étudiante en génie électrique à l’Université Libanaise (UL), fait face à la même difficulté : elle souhaitait un stage dans son domaine, mais a fini par se rabattre sur un poste où elle enseigne la programmation à des enfants. « Toutes les entreprises d’ingénierie où j’ai postulé ont exigé que je sois dans l’été précédant l’obtention de mon diplôme. »

Une lutte également partagée par Maria Saba, 21 ans, diplômée en gestion et management de l’Université Saint-Joseph (USJ). « J’ai postulé pour plus de 50 postes de stage et je n’ai pas eu de réponse pour la majorité d’entre eux. Quelques entreprises répondent très en retard, après la fin de l’été », affirme-t-elle.

Son stage d’été avait été particulièrement difficile pour son moral, confie-t-elle également. Au sein de son lieu de travail, elle était la seule stagiaire, ses collègues étaient beaucoup plus âgés qu’elle. « En tant que stagiaire, on doit faire ses preuves afin de donner une bonne impression, ce qui inclut de devoir travailler deux fois plus dur. J’ai fini par être très fatiguée, et la somme payée pour mon transport ne compensait pas cela. »

Maya Hamadeh. Photo Sereina Khalifeh

Acquérir de nouvelles compétences

Malgré le fait que de nombreux étudiants ne soient pas justement rémunérés pour leurs efforts, tous s’accordent à dire que leurs stages leur ont été bénéfiques en termes d’expérience professionnelle et de compétences. C’est le cas de Maya Hamadeh, par exemple, qui explique que la procédure de candidature dans son cas a été facile, car son professeur à l’université l’a aidée dans sa recherche.

« Mon portfolio s’est enrichi, j’ai eu l’opportunité d’utiliser un équipement qui ne m’était pas familier et j’ai acquis des compétences importantes », renchérit Ali Takch.

Takch, Ajami, Fassad et Saba, malgré les difficultés rencontrées, ont énormément gagné en expérience en mettant la théorie en pratique, affirment-ils. « J’aurais préféré passer mon été à la plage, mais j’ai vraiment appris. Les universités doivent maintenir les stages obligatoires », conclut-il.


Alors que, pour une partie des jeunes Libanais, la saison estivale se passe entre Batroun, Chekka et Byblos, c’est loin d’être le cas de tous les étudiants. Certains sacrifient leur temps libre pour travailler afin de payer l’université qui les oblige à effectuer un stage, souvent non rémunéré, pour obtenir leur diplôme.« Je pense que tous les stages devraient être...
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