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Moyen-Orient - REPÈRES

Homs, Idleb, Hassaké : le point sur les attaques qui frappent la Syrie

Une attaque de drone sans précédent depuis 2011 contre le régime de Damas a visé des officiers de l'armée syrienne à Homs, alors que des raids imputés aux Turcs avaient lieu dans le nord du pays.

Homs, Idleb, Hassaké : le point sur les attaques qui frappent la Syrie

Des soldats syriens portent un cercueil lors des funérailles des victimes d’une attaque de drone visant une académie militaire syrienne, à l’extérieur d’un hôpital dans la ville de Homs, contrôlée par le gouvernement, le 6 octobre 2023. Louai Beshara/AFP

C’est une des pires attaques contre le régime que la Syrie ait connues depuis le début de la guerre en 2011. Jeudi, une attaque de drone visant une cérémonie de promotion d’officiers de l’armée syrienne a fait au moins 110 morts. Si l’attaque n’a pas été revendiquée, le régime de Bachar el-Assad n’a pas tardé à riposter fermement, multipliant des frappes notamment dans la province d’Idleb, dernier bastion aux mains de l’opposition. Dans le même temps, la Turquie a intensifié ses frappes dans le nord du pays contre les bastions kurdes liés, selon Ankara, au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en réponse à un attentat suicide qui a frappé le week-end dernier la capitale turque.

Les faits :

• Des drones chargés d’explosifs ont ciblé jeudi une cérémonie de promotion d’officiers de l’armée syrienne à l’académie militaire de Homs, faisant 89 morts et 277 blessés, parmi lesquels des dizaines de femmes et d’enfants, selon l’agence officielle syrienne SANA. Le bilan provisoire de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation basée au Royaume-Uni, fait état, pour sa part, de 112 morts, dont 21 civils, et d’au moins 120 blessés.

• L’attaque n’a pour l’instant pas été revendiquée. Dans un communiqué, l’armée syrienne a accusé des combattants « soutenus par des forces internationales connues » d’être à l’origine de l’attaque qualifiée de « terroriste ». Le ministre syrien de la Défense assistait à la cérémonie de remise des diplômes mais a quitté les lieux quelques minutes avant le début de l’offensive, a rapporté Reuters.

• Les forces gouvernementales syriennes ont répliqué par une série d’attaques d’artillerie et de missiles dans les provinces d’Idleb et d’Alep, échappant à leur contrôle. Les attaques ont commencé jeudi après-midi et se sont poursuivies par intermittence dans la nuit. Elles ont visé une vingtaines de villages et villes du gouvernorat d’Idleb, selon la Défense civile syrienne, connue sous le nom de Casques blancs. Deux écoles et une compagnie d’électricité auraient été touchées. Le nombre de victimes s’élève désormais à treize morts et 62 blessés, parmi lesquels 18 enfants et 13 femmes, selon la Défense civile syrienne.

• Des frappes aériennes russes se sont jointes aux bombardements syriens. Elles ont visé vendredi matin plusieurs villages dans la campagne de Jisr al-Shughur, à l’ouest d’Idleb.

• Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit « profondément préoccupé » par l’attaque de drone à Homs ainsi que par les « informations faisant état de tirs de représailles » dans le nord-ouest de la Syrie, a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric.

Contexte :

• La province de Homs était un bastion rebelle jusqu’en 2014, lorsque les forces syriennes ont repris le contrôle de la ville au terme d’un siège de deux ans. Après 12 ans de guerre civile, la Syrie est morcelée entre des zones sous autorité du régime et des provinces, comme à Idleb dans le nord-ouest du pays, contrôlées par des groupes d’opposition soutenus par Ankara et des groupes jihadistes.

• Dernière enclave d’opposition au régime, la province d’Idleb est majoritairement dominée par le groupe jihadiste Ha’yat Tahrir el-Cham ainsi que par des factions d’opposition soutenues par Ankara. Une grande partie du Nord-Est syrien est administrée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) – à dominante kurde – soutenues par une coalition internationale menée par les États-Unis, présentes dans la province pour lutter contre les cellules restantes de l’État islamique. Les États-Unis ont environ 900 soldats déployés en Syrie.

• Les regards se tournent donc vers les groupes jihadistes qui, malgré leur défaite territoriale, ont recours à des attaques ponctuelles contre les forces du régime de Damas et son allié russe.

• L’administration autonome kurde en Syrie a quant à elle déclaré que l’attentat de Homs « vise toute la Syrie » et accuse la Turquie de l’avoir perpétré. Les forces turques ont mené jeudi plusieurs frappes dans le Nord syrien, visant des bases de combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) considérées par Ankara comme une branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé terroriste par la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis.

• Dimanche dernier, le PKK a revendiqué l’attentat frappant la capitale turque. Sans citer de preuves, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a allégué mercredi que les deux assaillants s’étaient entraînés en Syrie.

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Pour la Turquie, les enjeux après l’attentat d’Ankara

• Alors que les bombardements turcs sont toujours en cours dans le nord de la Syrie, certaines frappes menées par Ankara ont eu lieu « à l’intérieur d’une zone d’opération restreinte déclarée par les États-Unis », a déclaré le porte-parole du Pentagone, le général de brigade Pat Ryder.

• Jeudi vers 11h30 du matin, dans les alentours de la ville de Hassaké, un drone turc s’est approché à moins de 500 mètres de la base américaine, forçant un avion de combat F-16 américain à l’abattre. Un « regrettable incident », a qualifié le Pentagone. La Turquie n’a pas encore confirmé s’il s’agissait d’une frappe menée par son armée ou par son service de renseignements (MIT).

Enjeux :

• La Turquie demande depuis longtemps aux États-Unis, son allié au sein de l’OTAN, de cesser de soutenir les combattants kurdes syriens, qu’elle considère comme des terroristes liés au PKK. Un intérêt partagé par le président syrien Bachar el-Assad qui souhaite le retrait de l’opération spéciale américaine de son territoire. Appelant à la désescalade, le chef du Pentagone « a reconnu les préoccupations légitimes de la Turquie en matière de sécurité et affirmé son engagement en faveur d’une coordination étroite entre les États-Unis et la Turquie afin de prévenir tout risque pour les forces américaines ou la mission de la coalition mondiale visant à vaincre l’État islamique ».

• Depuis l’attentat suicide mené par deux assaillants affiliés au PKK devant le bâtiment du ministère de l’Intérieur à Ankara, les autorités turques ont intensifié leurs frappes contre les bastions kurdes en Irak et en Syrie. Hakan Fidan a déclaré mercredi que les installations et les infrastructures des militants kurdes en Syrie et en Irak étaient des « cibles légitimes » pour son gouvernement. Chaque attaque menée par le PKK est l’occasion pour Ankara de multiplier ses offensives contre les forces kurdes, notamment dans le Nord syrien frontalier, où la Turquie cherche à installer une « zone de sécurité » de 30 kilomètres.

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• L’attaque sur l’académie militaire de Homs intervient au moment où le régime de Damas est largement contesté, y compris au sein des milieux loyalistes. En cause, la dévaluation alarmante de la livre syrienne qui a atteint son plus bas record depuis la révolution de 2011 face au dollar sur le marché noir. Des manifestations ont éclaté fin août de Soueida à Deraa en passant par Alep et Deir ez-Zor.

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