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Culture - Beyrouth Livres/Signatures

Six livres à se faire dédicacer ce week-end à Beyrouth

C’est dans le secteur Clemenceau à Hamra que le livre bat le rythme du week-end. Parmi une pléthore de signatures au programme des deux jours, L’OLJ vous propose sa sélection.

Six livres à se faire dédicacer ce week-end à Beyrouth

« Il faut revenir », de Hala Moughanie




« À mes parents qui ne comprendront pas. À mes enfants, pour qu’ils comprennent ».

Son épitre dédicatoire donne le ton des 280 pages qui suivent. Car Hala Moughanie ne mâche pas ses mots. Dans ses textes dramaturgiques, le lecteur percevait déjà son rapport de jongleuse avec les mots, ses formules qui accrochent, sa manière de bien installer une scène. La critique ne s’y est pas trompée non plus. Moughanie a reçu plusieurs distinctions littéraires, dont le Prix du théâtre de la Colline pour l’ensemble de son œuvre dramatique, Prix RFI Théâtre en 2015 avec Tais-toi et creuse (Dar Arcane, 2013), Prix du quartier des auteurs du Tarmac, La mer est ma nation (inédit, 2017).

Dans son premier roman Il faut revenir aux éditions Project’îles – qu’elle signe à l'université Haigazian, ce samedi de 15h à 18h, dans le cadre de Beyrouth Livres – la jeune auteure raconte, ou plutôt dissèque avec un humour féroce l’histoire de Lila qui retourne vivre au Liban. Confrontée aux paradoxes d’un pays tant désiré, la jeune fille est témoin d’un glissement inéluctable. Un livre-régal dont il ne faut pas se priver.

                                                                                                                                                                                                                                            M.G.H


Noha Baz, 7 ans d’une « Patrie en vrac »


Dans son tout dernier livre, un petit recueil d’instantanés, dans lequel elle croque le Liban actuel « sans complaisance, ni misérabilisme », la pédiatre et fondatrice des « Petits Soleils » ne faillit pas à son inaltérable positivisme. Ni à ce goût des autres, de l’écriture et de la vie – quelles qu’en soient les difficultés – qui la portent à partager ses idées, ses rituels et ses valeurs humaines, autant dans de joyeuses rencontres autour de tablées conjuguant les mets et les saveurs d’Orient et d’Occident, que dans des ouvrages entremêlant, d’une plume savoureuse, recettes de vie et de gastronomie. Amoureuse de la langue française, mais également viscéralement attachée au pays du Cèdre et à ses traditions, cette Libanaise à la biculture affirmée dessine dans Une patrie en vrac (167 pages ; qu’elle dédicacera le samedi 7 octobre à Dar el-Nimer, dans le cadre de Beyrouth Livres et dont les droits iront directement à l’association Les Petits Soleils) à travers une compilation de petits textes, écrits au cours de ces 7 dernières années au fil de ses allers-retours entre Paris et Beyrouth, des bribes d’un quotidien libanais où le bon, le beau et le fédérateur restent malgré tout décelables, sous les épaisses couches de cendres d’une patrie partie en fumée…

                                                                                                                                                                                                                                                       Z.Z

Suspens, humour et érudition chez Percy Kemp



Alors qu’à la faveur de la pandémie mondiale du Coronavirus, l’agent secret Harry Boone croyait enfin pouvoir se la couler douce, il est affecté en mission à Grenade, en Espagne. Que peina ! Sous la couverture de la direction d’un centre culturel, l’espion de sa Majesté doit retrouver un manuscrit d’Alep, vieux de cinq siècles, censé révéler l'emplacement d'un miroir ayant conservé le reflet du Prophète Mahomet. Une relique sacrée, l’équivalent du Saint-Suaire, qui risque de tomber aux mains des djihadistes de l’État islamique.

Mais est-ce véritablement l’objet de sa mission ? Ou celle-ci n’est qu’une couche d’oignon, une poupée russe, cachant d’autres enquêtes aux enjeux autrement plus cruciaux au niveau de l’économie mondiale ? D’autant qu’une série d’attentats contre des terminaux de câbles sous-marins permettant la circulation d’Internet vient de se produire non loin de Grenade. Des sabotages qui mettent particulièrement en péril les rentrées financières des « Big Tech », soit des cinq plus grandes plateformes numériques au monde que sont Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Dans cet opus intitulé Les cinq Sœurs (Seuil ; 368 pages), l’auteur libano-britannique cultive avec son brio habituel, humour, suspens, érudition et belle plume en français, une langue qu’il maîtrise avec une classieuse élégance.

                                                                                                                                                                                                                                                    Z.Z

La bédé en cavale de Michèle Standjofski


Son nom n’est pas inconnu des plus fidèles lecteurs de ce journal. Et pour cause, Michèle Standjofski y a tenu durant plus d’une décennie, au cours des années 1980-90, un strip bi-hebdomadaire éloquemment baptisé Beyrouth-Déroute. Puis, l’illustratrice et bédéiste libanaise (comme son patronyme ne l’indique pas !) est partie voguer vers d’autres destinations : l’enseignement à l’ALBA et la mise en récit dessiné de l’histoire métissée de sa famille. Si, Toutes les mers, sa première bande dessinée publiée en 2017 aux éditions Des ronds dans l'O, est clairement d’inspiration autobiographique et si celle qui a suivi en 2021, intitulée Antonio (Des ronds dans l'O), puise également son personnage truculent dans sa galerie de portraits de famille, son troisième roman graphique, Mona Corona, qui vient de paraitre aux éditions le bruit du monde, s’en éloigne pour entrer dans une dimension plus surréalo-contemporaine. Il y est question d’une jeune femme qui se fraye un chemin dans une ville, dévastée, aux rues désertes pour se rendre à son bureau… « Où l’attend la somme de ses rêves et de ses frustrations » (dixit la quatrième de couverture). On ne vous en dévoilera pas plus sur les aventures de cette Mona Corona qui, au fil des planches en noir et blanc éclairées de petites touches de rose, vous entraîne à sa suite dans une réjouissante folie libératrice. À découvrir chez Antoine, ainsi qu’à la galerie Saleh Barakat, au cours de la séance de dédicace du samedi 7 octobre organisée par l’Agenda culturel. Laquelle inclura également un autre opus de Standjofski, Escape Ghosn - auquel participe également le dessinateur Mohamad Kraytem - qui vient tout juste de sortir aux éditions Samir. Et dont on vous laisse deviner le sujet…

                                                                                                                                                                                                                                                     Z.Z.


« Le pays envolé, Romans libanais de l’émigration (1998-2012) », de Dima Samaha



« Il y a des écrivains libanais émigrés à découvrir absolument », dit Dima Samaha, docteure en littérature comparée et cofondatrice de Rawiya Editions. D’expression française ou anglaise, ces auteurs post guerre civile ont la particularité d’avoir vécu l’expérience de la guerre et celle de l’émigration. Ils sont « tous à même de rendre dicible cette double épreuve ». Dans son essai Le pays envolé, Romans libanais de l’émigration (1998-2012), paru aux éditions Classiques Garnier, Dima Samaha analyse sept œuvres de cinq auteurs, à savoir Rabih Alameddine, Yasmine Char, Rawi Hage, Wajdi Mouawad et Patricia Sarrafian Ward. Tout droit sortis de l’enfer libanais au lendemain de la guerre civile, émigrés aux États-Unis ou au Canada, issus de communautés et de groupes sociaux divers, leurs expériences et leurs récits contribuent à brosser un tableau d’ensemble du pays depuis 1975.

Dans son ouvrage, Samaha épluche l’incontournable roman Anima de Wajdi Moawad, ou encore La main de Dieu de Yasmine Char publié chez Gallimard. Mais pour elle, « on a intérêt à s’intéresser aux auteurs anglophones, si on veut voir à quoi ressemble la littérature libanaise dans sa créativité, dans sa capacité à réinventer la forme et à interroger comment écrire la guerre et l’histoire collective, Les anglophones racontent l’histoire autrement, et cherchent des ressources différentes. Ils ont recours à des matériaux, des archives, des journaux de l’époque. Ils allient réel et fiction de telle sorte que le lecteur prend le réel pour la fiction et vice versa, questionnant la véracité de l’histoire », indique Dima Samaha. Aussi s’est-elle particulièrement penchée sur les œuvres de Rabih Alameddine, auteur de Les Vies de papier (prix Femina étranger 2016 traduit aux éditions Les Escales). Samaha analyse également The Bullet Collection, un roman magistral de Patricia Sarrafian Ward qui aborde l’épineuse question de l’immigré et son incapacité à s’intégrer.

Egalement dans la sélection, Cockroach, de Rawi Hage, auteur de De Niro's Game. Publié en 2008 en anglais, traduit en français chez Alto, ce roman est à la fois l’histoire d’un homme qui a quitté une terre qu’il tente d’oublier, mais surtout celle d’un homme qui vit en terre étrangère, et qui sans complaisance relate ce qu’un étranger, un exilé, un déplacé, un immigré subit lorsqu’il s’installe dans une ville aussi prospère et froide que Montréal.

Dima Samaha signera son livre Le pays envolé samedi à l’université Haïgazian, Clémenceau, à 16 heures.

                                                                                                                                                                                                                                             M.M

« Terre promise », de Fady Noun, résumé d’une vie et d’un monde



Sous sa belle couverture, sobre et évocatrice,  Terre promise  (*) est un récapitulatif du travail poétique de Fady Noun, dont la signature est familière aux lecteurs de L’Orient-Le Jour. Tout au long de sa carrière de journaliste, son auteur a continué à écrire, sous cette forme personnelle, dans et sur la tragédie où le Liban est plongé, estimant que la culture est aussi vitale pour lui que la mer et la montagne, le pain, l’eau et le vin.

Le recueil est le résumé d'une vie et d'un monde, un entrelacement de ses souvenirs personnels, des tragédies publiques et des dialogues avec un Dieu qui disent que le chemin des hommes n'est pas privé de signes. On y retrouvera avec émotion les souvenirs communs à ces « balayeurs de pages » que sont les journalistes, et un texte d’hommage à une figure chère au journal, Claire Gebeyli.

Au regard sur la vie quotidienne, parfois tragique, Fady Noun associe une autorité presque prophétique, pour dénoncer l’injustice, avec un regard qui devance l’apocalypse. Quelques fois même, le poème se fait spontanément prière, et sur les lèvres du poète se dessine le sourire du « poète inachevé » .

De ces poèmes se détache, en particulier La Complainte du Port, un beau poème polyphonique sur la tragique explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Le poème rassemble les voix de la Vierge, des vivants et des morts, en un chant grave et familier qui donne leur unité à bien des souffrances et contribue à graver les noms des victimes « sur les cèdres du monde ».

Il faut espérer que ses poèmes attachants auront l’écho qu’ils méritent, au Liban et dans toute la francophonie.

Signature samedi 7 octobre, entre 15 et 18 heures, Fondation Dar al-Nimer (Clemenceau).


                                                                                                                                                                                                                                                           B.M.

« Il faut revenir », de Hala Moughanie« À mes parents qui ne comprendront pas. À mes enfants, pour qu’ils comprennent ».Son épitre dédicatoire donne le ton des 280 pages qui suivent. Car Hala Moughanie ne mâche pas ses mots. Dans ses textes dramaturgiques, le lecteur percevait déjà son rapport de jongleuse avec les mots, ses formules qui accrochent, sa manière de bien installer une...

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