« Que pouvez-vous faire si le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU ne vous remet pas ses données d'ici un mois ? », demande le journaliste Marcel Ghanem. Réponse du directeur par intérim de la Sûreté générale (SG), le général Élias Baïssari : « Ce sont des étrangers. Leur cas relève de la Sûreté générale. C'est nous qui leur donnons leurs titres de séjour ! ». Le présentateur vedette de la chaîne MTV sourit, le public applaudit. « Nous saurons quoi faire, ne vous inquiétez pas. Cette terre est la nôtre », poursuit le général Baïssari avec un sourire.
Ces menaces à peine voilées contre le HCR, qui emploie des étrangers mais aussi des Libanais, le directeur de la SG les a prononcées jeudi soir, alors qu'il était interrogé par M. Ghanem sur le sujet brûlant de la présence de migrants syriens au Liban, qui fait la une de l'actualité locale et déchaîne les passions.
Élias Baïssari a par ailleurs affirmé que « 42 % des résidents au Liban sont des Syriens » et que leur nombre total dépasse les deux millions.
Le Liban affirme accueillir plus de 1,5 million de déplacés syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde. Quelque 800.000 d'entre eux sont enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, sachant que le gouvernement libanais a demandé au HCR de ne plus en enregistrer depuis 2015. Rabih Habre, PDG de Statistics Lebanon, affirme lui que le nombre total de Syriens recensés s'élève à 2 048 713. Il précise qu'il s'agit là du total des Syriens résidant actuellement au Liban, sans distinction entre ceux travaillant légalement, ceux qui sont enregistrés en tant que réfugiés ou ceux en situation illégale.
Un délai d'un mois
Au cours de son interview, Élias Baïssari a évoqué les négociations en cours avec le HCR autour de la communication des données qu'il possède sur les migrants syriens. « Jusqu'à présent, nous n'avons eu aucune donnée ni chiffre réel des déplacés, alors que toute stratégie doit être basée sur des chiffres fiables et non des spéculations. Nous avons mené des négociations avec le HCR », a affirmé le directeur par intérim de la SG.
« Nous avons convenu avec le HCR sur une livraison des données dans les trois mois. Deux mois sont déjà passés », a-t-il dit. Ce qui laisse au commissariat de l'ONU un mois pour remettre ces données.
Le 9 août, le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib avait annoncé que le Liban avait « conclu un accord avec le HCR concernant la transmission des données relatives à tous les réfugiés syriens présents sur le territoire libanais ». Mais, à ce jour, le Liban n’a toujours pas obtenu d’informations à ce sujet.
Les chiffres
Le directeur de la Sûreté a également donné plusieurs chiffres concernant la présence syrienne au Liban. « 42 % des résidents au Liban sont Syriens, et leur nombre atteint deux millions en comptant les illégaux et les légaux », a-t-il affirmé. « Mais il y a ceux qui rentrent clandestinement et qui ne sont pas inscrits au HCR, dont on ne connaît pas le nombre », a-t-il ajouté.
Le général Baïssari a affirmé que les autorités syriennes « sont favorables à ne pas empêcher le retour de tout Syrien dans son pays », alors que de nombreux experts estiment que le régime alaouite de Bachar el-Assad s'oppose au retour des réfugiés, en majorité sunnites.
Le directeur de la SG a par ailleurs indiqué ne pas s'être rendu en Syrie la semaine dernière, mais « être en coordination avec les autorités pour régler les différends aux frontières » entre les deux pays.
Jeudi, le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui avait lancé une batterie de mesures de répression contre les migrants syriens illégalement installés. Et dans la soirée, une importante bagarre a éclaté dans le quartier de Dora, à l'entrée nord de Beyrouth, entre des Libanais et des ressortissants Syriens.
PARTITION IMMÉDIATE. CRÉATION DU LIBAN CHRÉTIEN IMPERMÉABLE ET INTERDIT À TOUS LES SYRIENS
19 h 03, le 06 octobre 2023