Le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a publié, jeudi, une série de circulaires adressées aux Forces de sécurité intérieure (FSI) et au gouvernorat de Beyrouth, requérant des mesures de répression contre les ressortissants syriens au Liban, dans la lancée de sa conférence de presse tenue la veille avec des présidents de municipalités et mohafez (gouverneurs) sur le sujet.
La question de la présence de ces ressortissants au Liban, dont certains possèdent le statut de réfugié, occupe une large place du débat public local. Si les autorités et une large partie de la classe politique appellent à leur rapatriement, de nombreuses associations et l'ONU estiment qu'un retour sécurisé est impossible au vu de l'état actuel de la Syrie.
Vols, coups de feu, trafic de drogue
Dans une première circulaire adressée aux FSI, M. Maoulaoui appelle à « stopper les motos conduites par des Syriens qui n'ont pas de titre de séjour », et fait état d'une « augmentation de la circulation à moto par des conducteurs syriens, dont certains les utilisent pour voler, tirer des coups de feu et faire du trafic de drogue ».
Le ministre demande ensuite à la police de lancer une « campagne de répression » de ces véhicules, notamment dans Beyrouth et sa région, « du fleuve Damour à Nahr el-Kalb », et d'arrêter les Syriens à moto qui ne possèdent pas de titre de séjour libanais.
« Intensifier les patrouilles »
Dans une seconde circulaire, M. Maoulaoui presse les mohafez (gouverneurs), présidents de municipalités et mokhtars d'appliquer une « interdiction catégorique d'accepter tous les dons, conditionnés ou non, d'où qu'ils viennent, quant à tout ce qui est lié aux déplacés syriens et qui peut justifier le fait de rester au Liban, ou de ne pas pouvoir être rapatrié de manière sécurisée dans leur pays.
Le ministre de l'Intérieur ne s'arrête pas là. Une troisième circulaire, intitulée « Combattre la mendicité dans les rues de la capitale », est adressée au gouvernorat de Beyrouth. « Au vu de l'augmentation du phénomène de mendicité qui se répand dans les rues de la capitale, surtout du fait d'enfants non libanais, et sachant que ce phénomène est un danger qui menace la (ville) », il est demandé à la police municipale « d'intensifier ses patrouilles » en concertation avec les FSI afin d'œuvrer à « faire cesser » ce phénomène.
La veille lors de sa conférence de presse, M. Maoulaoui avait déjà affirmé que 30 % des crimes commis au Liban sont le fait de ressortissants syriens, un chiffre contesté par plusieurs organisations comme Human Rights Watch.
L'Orient-Le Jour a demandé au HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, quelle était sa position concernant les décisions de M. Maoulaoui, s'il avait de nouvelles préoccupations après les décisions du ministre et éventuellement un message à transmettre aux autorités. Il a répondu par une déclaration générale, soulignant que l'agence « travaille en étroite collaboration avec le gouvernement libanais et la communauté internationale sur tous ses programmes au Liban, bénéficiant à la fois aux Libanais et aux réfugiés ». L'agence a ajouté qu'elle « travaille avec le gouvernement sur des solutions pour les réfugiés, y compris la réinstallation des réfugiés du Liban vers des pays tiers, ainsi que sur des mesures conjointes pour faire face à la situation humanitaire difficile que connaissent les Libanais et les réfugiés ».
Le Liban dit accueillir plus d'1,5 million de réfugiés syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde. Quelque 800.000 d'entre eux sont enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sachant que le gouvernement libanais a demandé au HCR de ne plus en enregistrer depuis 2015. Rabih Haber, PDG de Statistics Lebanon, affirme, lui, que le nombre total de Syriens recensés s'élève à 2 048 713. Il précise qu'il s'agit là du total des Syriens résidant actuellement au Liban, sans distinction entre ceux travaillant légalement, ceux enregistrés en tant que réfugiés ou ceux en situation illégale.
commentaires (5)
C’est du bla bla de ministre sortant et démissionnaire. D’ailleurs les FSI ne savent que tabasser des manifestants pacifiques, ils ne sont même pas équipés pour arrêter ces hordes de syriens
Lecteur excédé par la censure
15 h 10, le 06 octobre 2023