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Politique - Lorient Des Ecrivains

De la difficulté d'écrire sur les réfugiés syriens

De la difficulté d'écrire sur les réfugiés syriens

Le camp de réfugiés syriens de Saadnayel, dans la Békaa, le 13 juin 2023. Photo ANWAR AMRO/AFP

Le sujet des réfugiés syriens au Liban est miné. S’en emparer dans les circonstances actuelles, pour les besoins d’un article et non d’un livre, conduit toujours à une impasse pour la pensée. Les conditions de vie concrètes décrites par les uns et les autres, les souffrances entendues, les arguments plus ou moins rationnels avancés pour les expliquer, semblent à celui qui les découvre et les recueille toutes légitimes et irrecevables à la fois.
Deux positions politiques et morales, en résumé, s’affrontent aujourd’hui : celle pour qui la « question syrienne » n’en est pas vraiment une, ou si elle en est une, elle serait secondaire ; celle pour qui, à l’inverse, il n’existerait pas de question plus urgente ni de plus consensuelle — si consensuelle que nul songe à interroger le miracle d’une telle unanimité dans un pays par ailleurs si divisé.
Comment ne pas entendre, pour commencer, la plainte qu’expriment beaucoup de Libanais devant la situation matérielle, qu’ils jugent bien plus enviable, des réfugiés syriens ? Qu’opposer à un chauffeur de taxi, un petit commerçant, un fonctionnaire payé en livre libanaise ou un salarié au chômage qui ne reçoit aucune des aides humanitaires — éducation, soins médicaux, argent — auxquelles les réfugiés syriens auraient droit ? Comment dissiper ou réfuter sa peur quand la présence syrienne sur le territoire libanais lui paraît aussi massive et étendue que difficile à quantifier (la querelle des chiffres ajoutant même à sa peur) ? Avec quels autres yeux pourrait-il regarder ce qu’il conçoit comme le réel le plus immédiat et non comme un problème politique construit ?
À cette première position, une autre s’oppose, certes de plus en plus faiblement : comment refuser encore l’accueil — que les Libanais, il faut le rappeler sans cesse, ont offert plus que la plupart des États européens réunis, Allemagne excepté — à des exilés et des miséreux (et ils le sont tous plus ou moins, miséreux, y compris ceux qui abuseraient de la fameuse manne humanitaire, miséreux au même titre que le peuple libanais paupérisé comme jamais dans son histoire) ayant fui et fuyant parfois encore le fléau de la guerre dont les Libanais, justement, savent mieux que quiconque les souffrances ? Pourquoi renvoyer chez eux des réfugiés exposés à la persécution et dont le sort est pour l’essentiel suspendu au règlement du conflit syrien, lui-même tributaire, sinon otage, des puissances régionales et internationales ?
En plus de signaler, immanquablement, ses propres sympathies partisanes sur l’échiquier national, choisir entre l’une ou l’autre de ces deux positions revient, en d’autres termes, à assumer pour le pays une politique d’inhospitalité relative au nom de l’intégrité libanaise menacée ou, au contraire, à accepter le statu quo actuel au nom de l’hospitalité.
Le conflit majeur qui se dessine à travers ce sujet des réfugiés que le Liban comme la France et l’Europe, dans une bien moindre mesure, connaissent et auront à résoudre, touche plus largement à la relation fondamentale entre le droit et la politique. Faut-il que le statut de l’exilé, du réfugié et même de l’immigré économique continuent ou fassent désormais, pour le dernier, l’objet d’une protection juridique renforcée, d’une sorte de sanctuarisation internationale qui le protège des turbulences de la politique (au risque d’un sentiment d’atteinte à la souveraineté dite populaire ou nationale) ou faudrait-il, en vertu de cette même souveraineté dite populaire ou nationale, abandonner aux aléas de la politique nationale, aux pouvoirs politiques locaux, le soin de définir le statut et les droits des exilés, au risque, cette fois-ci, de les voir disparaître sous un éventuel gouvernement xénophobe ? 

Le sujet des réfugiés syriens au Liban est miné. S’en emparer dans les circonstances actuelles, pour les besoins d’un article et non d’un livre, conduit toujours à une impasse pour la pensée. Les conditions de vie concrètes décrites par les uns et les autres, les souffrances entendues, les arguments plus ou moins rationnels avancés pour les expliquer, semblent à celui qui les...

commentaires (1)

JE REGRETTE PROFONDEMENT DE DIRE QUE TOUS LES ARTICLES DE VOTRE *L,ORIENT DES ECRIVAINS* NE SONT PAS DU NIVEAU ESPERE.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 32, le 06 octobre 2023

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Commentaires (1)

  • JE REGRETTE PROFONDEMENT DE DIRE QUE TOUS LES ARTICLES DE VOTRE *L,ORIENT DES ECRIVAINS* NE SONT PAS DU NIVEAU ESPERE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 32, le 06 octobre 2023

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