
Des habitants attroupés près d'un bâtiment à Dora où une bagarre a éclaté entre Libanais et ressortissants syriens, le 5 octobre 2023. Photo X/@lebanondebate
Une bagarre a éclaté jeudi en fin de soirée entre des ressortissants syriens et des Libanais près de l'église Saint-Maron à Dora, à l'entrée nord de Beyrouth, rapportent l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). De nombreux blessés sont à déplorer sans plus de détails sur les chiffres.
#الدورة تشتعل... إشكالٌ كبير بين #لبنانيين ونازحين (فيديو)https://t.co/qbs0ITXG0Y pic.twitter.com/DlVV5O4NII
— Lebanon Debate (@lebanondebate) October 5, 2023
Des vidéos ont circulé en boucle sur les réseaux sociaux dans la nuit de jeudi, montrant un attroupement autour d'un immeuble du quartier et des cris lancés de toutes parts. « Ramène mon fusil ! Ramène mon fusil ! », hurle une voix. Une personne sur place filme en commentant : « Ils sont venus attaquer tous les Syriens ».
Intervention de l'armée
L'agence indique que la « tension » à Dora a été provoquée par « un différend entre quelques jeunes migrants syriens et d'autres jeunes libanais », sans plus de précisions. « Immédiatement, les forces de sécurité et l'armée ont dépêché une équipe autour des bâtiments habités par les Syriens afin de les arrêter », poursuit l'agence. Des médias locaux indiquent que l'armée a procédé à l'évacuation d'un bâtiment occupé par des déplacés syriens, après la bagarre.
L'armée et les Forces de sécurité intérieure n'ont pas communiqué officiellement sur le sujet. L'armée n'a pas répondu aux sollicitations de L'OLJ. Une source au sein des FSI a toutefois indiqué ne pas pouvoir confirmer qu'il y a eu des blessés lors de cette bagarre, sans plus de détails.
« Tout peut exploser »
« Dans ce quartier, une petite dispute et tout peut exploser », raconte Tony, la trentaine, près du lieu de la bagarre. Lui, comme d’autres, indiquent à notre journaliste sur place Lyana Alameddine que le différend a d’abord éclaté entre deux Libanais. « L’un d’eux est le responsable d'une usine employant des Syriens. Il les a fait ramener pour qu’ils le protègent et ça a dégénéré… », poursuit-il.
Un autre résident raconte sa version en détails : l'épouse du propriétaire de l’usine aurait eu un accident de la route avec un conducteur qui tenait un téléphone en main. L'appareil est tombé et s'est cassé, l'homme a alors demandé un remboursement. « Le propriétaire de l’usine lui a lancé 50.000 livres libanaises. Le ton est monté, puis le propriétaire de l’usine est descendu avec ses employés », raconte-t-il. « Ensuite, la police et l’armée sont arrivées et ont géré la situation », conclut-t-il.
La question de la présence des ressortissants syriens au Liban, dont certains possèdent le statut de réfugié, occupe une large place du débat public local et suscite de nombreuses tensions. Si les autorités et une large partie de la classe politique appellent à leur rapatriement, de nombreuses associations et l'ONU estiment qu'un retour sécurisé est impossible au vu de l'état actuel de la Syrie.
Jeudi, le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui avait publié une série de circulaires requérant des mesures de répression contre les ressortissants syriens au Liban, notamment sur la circulation à moto et sur « le phénomène de mendicité » à Beyrouth.
Moto avec deux enfants devant le conducteur et un derriere entre lui et sa femme. De quelles mesures de répression parle t il?? nous n'avons vu aucun barrage les intercepter... ils roulent à moto aujourd'hui plus que jamais, à plusieurs voire en familles complètes en voie de reproduction réitérée... et envahissent le pays. Mais nous ne croyons pas aux grands discours... qu'ils trouvent d'abord des effectifs pour assumer les fonctions de l'état avant de parler de mesures de répression qui engagent des milliers d'effectifs qui veulent travailler...
05 h 52, le 07 octobre 2023