« Nous sommes face à une présence syrienne illégale au Liban. » Dans son interview accordée mardi dernier à L’Orient-Le Jour, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a donné le ton, annonçant la nouvelle bataille de son parti – et plus largement de l’opposition – contre la présence massive des migrants syriens au pays du Cèdre à l'heure où le gouvernement est incapable même de se réunir pour débattre de cette question brûlante du fait du boycott des ministres du Courant patriotique libre.
Le lendemain, Ghayath Yazbeck, député FL de Batroun, a donné le coup d’envoi à la démarche. Il a annoncé que le groupe parlementaire de la « République forte » prépare une pétition demandant la fermeture des bureaux du Haut-Commissariat des réfugiés au Liban, un point faisant partie d’un plan global pour le retour des réfugiés syriens chez eux. « Nous avons une feuille de route que nous appliquerons de manière graduelle. Nous commencerons par mener des contacts avec les États-Unis, l’Union européenne, les Nations unies et la Ligue des États arabes pour leur expliquer le danger qui pèse sur le pays dans un contexte de crise économique inédite », déclare M. Yazbeck à L’OLJ.
« Si ces efforts ne portent pas leurs fruits, nous allons presser pour la fermeture des locaux du HCR au Liban », lance-t-il, avant de rappeler que cette instance devrait rester fidèle à sa mission principale qui consiste à assurer une vie digne aux réfugiés. « Sauf que cela ne devrait pas se faire aux dépens des pays hôtes. Il faut donc arrêter d’accorder les aides d’une manière arbitraire. Ensuite, rien n’empêche aujourd’hui le HCR de continuer de fournir des aides aux Syriens en Syrie, notamment dans les zones jugées sûres », ajoute M. Yazbeck.
« Le populisme » de Bassil
« Le HCR semble opérer pour légaliser la présence massive des réfugiés au Liban », déplore-t-il, précisant que la démarche de son camp vise principalement à exercer un forcing sur le gouvernement pour demander le départ des représentants de l'organisation. Sauf que le cabinet sortant de Nagib Mikati n’arrive même pas à se réunir pour débattre de la question, les membres aounistes du cabinet s'appliquant à bouder les Conseils des ministres tenus en période de vacance présidentielle. Une position d’autant plus ironique que le chef du CPL, Gebran Bassil, se rend à Strasbourg le 17 octobre pour évoquer la question des réfugiés. « Il est bien que M. Bassil se mobilise pour la question. Sauf qu’il ne fait qu’agir en solo pour des motifs populistes, alors que tous les protagonistes locaux devraient pouvoir accorder leurs violons à ce sujet », déplore Ghayath Yazbeck, pointant ainsi l'absence de coordination entre les FL et leur principal rival chrétien autour d’un dossier sur lequel ils disent pourtant converger. En revanche, les composantes de l’opposition mènent des contacts entre elles pour unifier leur position. L’OLJ a appris dans ce cadre que nombre de députés opposants se sont réunis jeudi via zoom pour examiner cette question brûlante.
Et le Parti socialiste progressiste dans tout ça ? la question se pose, parce que les joumblattistes convergent, jusqu’ici, avec leurs collègues anti-Hezbollah sur l’appui à Jihad Azour dans le cadre de la présidentielle. Mais ils veillent à se réserver une certaine marge de manœuvre sur d’autres plans. « Personne ne nous a contactés » au sujet des migrants, se contente de dire Hadi Aboul Hosn, député joumblattiste. Et de rappeler la position de principe de sa formation : « C’est au gouvernement de se réunir pour examiner la question. Il n’est pas normal de torpiller des séances consacrées à ce dossier pour des calculs relevant de la politique politicienne. » Une pique évidente au courant aouniste, qui se dit pourtant conscient de la gravité de la situation. D’ailleurs, tous les protagonistes semblent, paradoxalement, en convenir, sans toutefois être d'accord sur la stratégie à adopter. « Même Hassan Nasrallah l’a reconnu dans son discours lundi dernier », rappelle Ghayath Yazbeck.
« C’est vraiment ironique que le secrétaire général du Hezbollah plaide pour le retour des réfugiés, alors que son parti et ses alliés contrôlent des villages entiers du Qalamoun syrien. S’il veut vraiment voir les réfugiés rentrer chez eux, qu’il demande aux Iraniens de s’en retirer », commente pour sa part Achraf Rifi, député hostile au Hezbollah.
commentaires (3)
ENFIN une initiative.. bougez-vous et passez à la vitesse supérieure pour faire entendre la voix des libanais avant qu’il ne soit trop tard et qu’on soit obligés de faire comme avec les soit disant réfugiés palestiniens.
Sissi zayyat
18 h 51, le 06 octobre 2023