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La vérité s’ils mentent

L’actualité pour un écrivain, c’est une obsession qui peut sembler anecdotique au regard des nouvelles tumultueuses du monde. C’est un souvenir d’enfance qui le réveille en pleine nuit, un personnage historique méconnu qu’il découvre dans une note de bas de page ou encore un fait divers qu’il lit dans un journal régional. Ce détail devient son actualité quotidienne et vient effacer toutes les autres. L’écrivain vit ensuite des jours, des semaines, des mois dans sa bulle, il se plonge dans son histoire pour laquelle il doit créer un monde pour la faire exister.

La rivalité entre écrivains et journalistes date. C’est une guerre presque civile, car combien d’écrivains ont aussi été journalistes et inversement ? On ne les compte plus, on ne sait d’ailleurs jamais comment les appeler : des écrivains-journalistes, des écrivains de presse, des chroniqueurs… mais les mots des écrivains sont parfois durs envers les journalistes, relisons Alfred de Musset : « D’abord le grand fléau qui nous rend tous malades, Le seigneur Journalisme et ses pantalonnades ; Ce droit quotidien qu’un sot a de berner trois ou quatre milliers de sots à déjeuner ; Le règne du papier, l’abus de l’écriture ; Qui d’un plat feuilleton fait une dictature ; Tonneau d’encre bourbeux par Fréron défoncé ; Dont, jusque sur le trône, on est éclaboussé. »

C’est une guerre des mots qui dure face aux mots qu’on oublie, c’est une guerre qui oppose la fiction à la réalité. Quand le journaliste cherche à obtenir le plus d’informations exactes pour écrire son article, l’écrivain inventera pour mieux servir son roman. L’écrivain qui devient journaliste doit mettre de côté son imagination pour raconter les faits, à la recherche de la vérité. Mais au fond, que cherche-t-il lorsqu’il écrit un livre ? N’est-il pas aussi à la recherche de la vérité ? Sa vérité ? Une vérité ? Pour l’atteindre, il use simplement d’autres armes, il n’a d’ailleurs souvent pas le choix. Il invente là où les faits ne sont plus suffisants, là où les silences sont trop lourds. L’écrivain raconte l’indicible, il se rend là où le journaliste ne peut plus avoir accès par souci de déontologie, voilà peut-être pourquoi tant de journalistes finissent par devenir écrivains, ils ressentent le besoin d’aller au bout de leur histoire et, pour la finir, il faut parfois mentir, accepter l’approximation, l’inexactitude, l’erreur.

À l’occasion du Festival Beyrouth Livres, L’Orient-Le Jour a eu l’audace de confier ce numéro à des écrivains, des bédéistes et des illustrateurs. Produit avec le soutien de l’Institut français du Liban, L’Orient des écrivains rassemble vingt auteurs libanais et étrangers qui s’emparent du journal pour vous raconter leurs souvenirs et leurs émois. Ne croyez pas en tout ce qu'ils vous racontent, mais ne doutez jamais de leur honnêteté, ils vous disent aussi la vérité.

L’actualité pour un écrivain, c’est une obsession qui peut sembler anecdotique au regard des nouvelles tumultueuses du monde. C’est un souvenir d’enfance qui le réveille en pleine nuit, un personnage historique méconnu qu’il découvre dans une note de bas de page ou encore un fait divers qu’il lit dans un journal régional. Ce détail devient son actualité quotidienne...

commentaires (4)

JE FAIS UNE EXCEPTION DE 30PCT POUR CET ARTICLE.

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 56, le 06 octobre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • JE FAIS UNE EXCEPTION DE 30PCT POUR CET ARTICLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 56, le 06 octobre 2023

  • Magnifique%20!%20Bravo%20Sabylon!%20%F0%9F%98%83%F0%9F%91%B6

    Noha Baz

    14 h 34, le 06 octobre 2023

  • JE REGRETTE PROFONDEMENT DE DIRE QUE TOUS LES ARTICLES DE VOTRE *L,ORIENT DES ECRIVAINS* NE SONT PAS DU NIVEAU ESPERE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 33, le 06 octobre 2023

  • Bravo.

    Eddy

    12 h 47, le 06 octobre 2023

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