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Nos Lecteurs ont la Parole

Grande qualité ou bien vilain défaut ?

La faculté d’adaptation des Libanaises et des Libanais est-elle une qualité ou bien un défaut ?

Dans l’absolu, le fait de s’adapter à toutes sortes de situations, même les plus pénibles, même les plus inimaginables, constitue une grande qualité qui relève à coup sûr de l’exploit et de la résistance.

Tenir, contre vents et marées, le coup et essayer toujours de trouver, face à toute problématique (et y réussir), une solution de rechange montre une capacité d’endurance que peu de peuples peuvent supporter.

Un tour de force que rares peuvent accomplir.

Mais, par contre, lorsque cette acclimatation devient outrageusement effrénée, habituelle et courante, il y a, à coup sûr, péril en la demeure. Pour la simple raison que cette accommodation se transforme ipso facto en résignation suspecte. Une espèce de renonciation à des droits légitimes et élémentaires qui entraîne par conséquent une soumission passive devant toutes sortes d’injustices.

Et là, nous sombrons inévitablement dans une déviation collective qui représente tout carrément une grave anomalie sociétale. Une anomalie qui mérite qu’on s’y attarde afin de trouver les remèdes adéquats pour s’en sortir.

Il va sans dire, hélas, que lorsqu’un peuple perd tout sentiment de révolte, il est fin prêt à subir, sans réaction aucune, toutes sortes d’exactions, toutes sortes d’oppressions et toutes sortes d’injustices. Autrement dit, il est fin prêt au sacrifice et à l’immolation.

S’adapter donc aux circonstances difficiles et complexes, oui et sans retenue aucune, si cela s’avère nécessaire. Cela relève du courage exceptionnel et même encore du stoïcisme. Mais par contre, se familiariser avec un manque de dignité humaine est difficile à comprendre, voire inconcevable

Là, il serait bon de faire mention de la Déclaration des droits de l’homme de 1948 qui stipule clairement, et d’une façon très percutante, que « la dignité humaine est imprescriptible et inaliénable ».

Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut nécessairement signaler que cette charte a vu le jour juste après tout ce qu’il y a eu comme atrocités lors de deux guerres mondiales, où les abus et les atteintes aux droits humains (comme dans toutes les guerres naturellement) étaient pour le moins considérables. Sans oublier également de mentionner ici l’apport du Liban dans la rédaction de cette déclaration à travers notre Charles Malek bien de chez nous, qui était capital et généralement décisif.

« Imprescriptible et inaliénable », donc, pour insister sur le fait que l’homme, dans sa vie, peut se désister de tout ce qu’il possède, sauf de sa dignité humaine qui lui colle à la peau et qui est intrinsèquement liée à sa personne dans son entité. Par conséquent, tout peut être, pour l’homme, matière à renoncement, excepté sa dignité humaine, même de son plein gré. Et làh précisément, nous décelons la touche de ce grand Charles Malek qui était, entre autres, philosophe et non pas juriste de formation.

C’est pour dire combien ce concept philosophique de la dignité humaine était crucial pour les rédacteurs de ce texte fondamental censé garantir les droits et les libertés.

Ne serait-il pas bon de rappeler que cette idée de dignité humaine a besoin, de plus en plus, à notre époque et dans notre société actuelle, d’être prise en compte afin de la rendre plus actuelle, plus efficiente et plus agissante, loin de la démagogie stérile, des stéréotypes préconçus, des clichés insignifiants, des paroles creuses et des slogans vides de sens ?

Pour revenir donc à la question initiale, il faut peut-être se demander si les Libanais ont les qualités de leurs défauts ou bien les défauts de leurs qualités !

Avocat à la Cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

La faculté d’adaptation des Libanaises et des Libanais est-elle une qualité ou bien un défaut ? Dans l’absolu, le fait de s’adapter à toutes sortes de situations, même les plus pénibles, même les plus inimaginables, constitue une grande qualité qui relève à coup sûr de l’exploit et de la résistance. Tenir, contre vents et marées, le coup et essayer toujours de trouver, face...

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