La baisse des réserves de devises du Liban s’est accélérée en septembre

La Banque du Liban (BDL) a mis à jour le détail de la position de ses réserves de devises au 30 septembre 2023 et a même complètement réduit cette fois l’écart entre la période prise en compte et le moment où elle publie ses chiffres actualisés, faisant l’impasse au passage sur la première quinzaine de septembre, sans préciser si le rythme de publication serait désormais mensuel ou s’il s’agissait d’une exception. Les chiffres à fin septembre ne révèlent, quant à eux, aucune grosse surprise, le solde actuel des réserves détenues, en faisant la soustraction des engagements en cours, atteint 7,114 milliards de dollars, soit une baisse de 105 millions de $ (-1,4 %) en un mois.

La BDL explique en partie cette évolution par des variations de taux de change entre le dollar et l’euro, ainsi que la « légère » hausse de certains engagements. Autre constat, cette baisse s’est accélérée par rapport à août, premier mois écoulé depuis la prise en charge du gouverneur par intérim de la BDL, Wassim Manssouri, qui a décidé de publier ces chiffres dans ce format, marquant ainsi un très net changement de style avec Riad Salamé, son prédécesseur en place depuis 30 ans, dont les quatre ans de la crise économique qui se poursuit jusqu’à présent. Et les réserves de devises ou de changes ont une importance capitale pour l'économie libanaise, qui est très dépendante des importations.

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Hausse de la valeur des titres internationaux

Dans la colonne des réserves utilisables de devises, la BDL disposait ainsi au 30 septembre d’un total de 8,414 milliards de dollars, soit une baisse de 84 millions de dollars un mois (-1 %). Dans ce total, se trouvent :

• 1,53 milliard de dollars de liquidités disponibles (cash on hand), une somme stable évoluée depuis le 31 juillet ;

• 3,198 milliards de dollars sur des comptes courants (-40 millions de dollars ou -1,12 %) ;

• 3,451 milliards de dollars de dépôts à terme (-48 millions ou -1,4 %) ;

• Et 235 millions de dollars équivalents à la valeur mobilière de titres financiers internationaux (+19 millions de dollars ou +8,8 %).

Comptabilisée dans une catégorie à part, la valeur réelle du portefeuille d’eurobonds (obligations d’État libanaises en dollars) détenu par la BDL, a, elle, légèrement augmenté en un mois, pour atteindre 434 millions, soit 21 millions de plus en un mois, ou +5,1 %. Sur le marché secondaire (celui où les titres se revendent entre investisseurs), les eurobonds reprennent des couleurs et dépassent même le niveau enregistré lors de la première quinzaine d’août.

Cela représente 8,3 % de la valeur nominale du portefeuille (5,212 milliards de dollars), dont la valeur s’est effondrée depuis le début de la crise en 2019, pendant laquelle l’État libanais a notamment fait défaut sur les eurobonds en mars 2020.

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Le fait que la valeur de marché des titres augmente marginalement est assez surprenant compte tenu de la conjoncture et de l’absence de voie claire permettant au pays de sortir de la crise.

Pas de changement pour les DTS

Dans la colonne des engagements, qui totalisent 1,3 milliard de dollars (+21 millions en un mois, +1,6 %, sont listés) :

• 351 millions de dollars provisionnant des comptes en dollars « frais » ouverts au bénéfice du secteur public (+23 millions, +7 % en un mois) ;

• 13 millions provisionnant des comptes en dollars « frais » ouverts au bénéfice du « secteur bancaire » et qui servent à la compensation des transactions bancaires en cours (-1 million ; -7,1) ;

• 76 millions restants sur l’enveloppe de plus de 1,1 milliard de Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) alloué en septembre 2021 (inchangé en un mois) ;

• 98 millions provisionnant des lettres de crédit assumées par la BDL (+3 millions, +3,2 %) ;

• 660 millions liés à des prêts à long terme et assortis d’intérêts contractés auprès de « parties arabes » (inchangé depuis fin juillet) ;

• Enfin, toujours 106 millions de dollars provisionnant des dépôts effectués par des entités « arabes », institutions et États notamment (inchangé depuis fin juillet).

La BDL a conclu son communiqué en répétant, comme chaque mois, qu’elle continuait de limiter l’usage de ses réserves au financement du mécanisme de sa circulaire n° 158. Le texte autorise chaque mois des bénéficiaires sélectionnés, selon des modalités précises, à retirer de 300 ou à 400 dollars « frais » des comptes dont l’accès a été limité par des restrictions adoptées par les banques depuis le début de la crise. Elle ne joint toujours pas le montant des réserves d’or, qui tournent autour de 18 milliards de dollars actuellement.