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Sécurité sociale au Liban : employés et entreprises victimes d’un système triplement défaillant

La Sécurité sociale au Liban est censée protéger les droits des employés après 20 ou 40 ans de service en versant un mois de salaire par année de travail. Cependant, au lieu d’être un filet de sécurité pour les travailleurs, elle s’est révélée être une source de problèmes scandaleux.

- Investissement des cotisations ignoré. L’un des problèmes les plus flagrants réside dans la gestion des cotisations. La Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS) collecte de l’argent des entreprises au nom des employés, avec la promesse de le faire fructifier au fil des années grâce à des investissements. Cependant, les employés ne voient jamais les fruits de ces investissements, et l’opacité règne quant à la destination réelle de ces fonds. Les employés sont en droit de se demander : au profit de qui va cet argent ? Où vont les intérêts générés, sachant qu’un capital double de valeur chaque 10 ans s’il est investi à 7 % par an ?

Donc, après 40 ans, les indemnités auraient dû être multipliées par 40/7 = 5,71 fois le salaire encaissé. Or il n’en est rien ! Les 5,71 fois, les salaires s’évaporent dans les caisses de la Sécurité sociale au détriment des employés.

- Risque de change non couvert. Un autre problème choquant est le manque de couverture contre le risque de change. Si la CNSS convertit les paiements en dollars américains, elle ne restitue pas cette valeur aux employés, les laissant avec un salaire dérisoire qui ne reflète pas le coût de la vie réel au Liban. Cette politique défavorise gravement les travailleurs qui voient leur pouvoir d’achat se réduire considérablement à presque zéro. Un salaire mensuel de deux millions de LL quand la parité avec le dollar valait avec 1 dollars = 1 500 LL équivalait à un salaire de 1 333 dollars avec des indemnités calculées de cette manière: 1 333 dollars x 40 ans = 53 320 dollars, le même salaire payé aujourd’hui vaut 2 000 000/89 000 = 22,47 dollars et l’indemnité de fin de service est égale à 22,47 x 40 = 899 dollars !

- Double paiement des indemnités de fin de service par les entreprises. Un troisième scandale découle de la pratique de la CNSS qui demande aux entreprises de payer la différence des augmentations de salaire multipliée par le nombre d’années de service, alors que les entreprises lui ont déjà versé un mois de salaire chaque année, y compris les augmentations. En conséquence, les entreprises se retrouvent à payer deux fois les indemnités de fin de service, ce qui pèse lourdement sur leur budget et nuit à leur viabilité. Pour simplifier : si une entreprise payait un salaire mensuel équivalant à 1 000 dollars à un employé et qu’avec le temps son dernier salaire après 40 ans avait abouti à un équivalant à 2 000 dollars par mois, alors la CNSS demande à l’entreprise de payer la différence entre 2 000 et 1 000 x par le nombre d’années moins ce que la Sécurité sociale a encaissé pendant 40 ans, sans compter les intérêts évidemment inexistants pour la Sécurité sociale.

Ces données posent des questions fondamentales sur la gestion de la CNSS au Liban et mettent en lumière des failles graves dans son fonctionnement. Les employés et les entreprises qui ont cotisé pendant des décennies sont en droit de réclamer plus de transparence et une réforme du système pour garantir la protection de leurs droits légitimes.

En fin de compte, il est impératif que le gouvernement libanais et les autorités compétentes prennent des mesures pour remédier à ces problèmes et restaurer la confiance des employés dans la CNSS. Les employés méritent un système qui les protège efficacement après des années de service dévoué, au lieu d’être confrontés à des anomalies financières et à une perte totale de leur pouvoir d’achat.

La réforme de la Sécurité sociale et des indemnités de fin de service est une étape cruciale pour le bien-être économique et social de la population libanaise. Sans compter que les indemnités prises par l’employé ne lui suffisent pas pour vivre décemment après 40 ans de travail et ne lui durent en fait, sans dévaluation monétaire, que maximum deux ans sur les 30 ans en moyenne qu’il lui reste à vivre (les intérêts n’étant pas restitués aux employés, ni la couverture de change). Aujourd’hui, après dévaluation monétaire, ce que l’employé encaisse comme indemnités de fin de service de la Sécurité sociale après 40 ans de service ne correspond qu’à un ou deux mois de vie.

Nous ne parlons même pas des remboursements de médicaments, souvent après six mois ou un an de dévaluation… ni de ce que la Sécurité sociale doit aux hôpitaux qu’elle ne paye pas pendant des années et au cas où les factures seraient réglées après dévaluation, cela équivaut pour les hôpitaux à être payés en monnaie de singe…

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

La Sécurité sociale au Liban est censée protéger les droits des employés après 20 ou 40 ans de service en versant un mois de salaire par année de travail. Cependant, au lieu d’être un filet de sécurité pour les travailleurs, elle s’est révélée être une source de problèmes scandaleux.- Investissement des cotisations ignoré. L’un des problèmes les plus flagrants...

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