La Bank of Beirut (BoB), une des plus grandes banques du pays avant la crise, serait en train de prélever 100 « dollars bancaires » ou « lollars » de frais sur les comptes en dollars bloqués par les restrictions bancaires mises en place depuis le début de la crise, sans le couvert d’une loi autorisant un contrôle des capitaux. Ce montant est en moyenne dix fois plus élevé que ceux imposés par d'autres banques libanaises pour cette même catégorie de frais.
L'information a été confirmée à L'Orient-Le Jour par deux clients de la BoB, souhaitant rester anonyme pour des raisons personnelles. L'un d'eux a accepté de fournir une capture d’écran de son téléphone affichant un relevé de compte sur l’application de la BoB. L’image montre un prélèvement de 100 dollars daté du 28 septembre 2023 avec la description « Account Management Fees ». Selon les clients contactés, ces frais seraient mensuels.
La capture d’écran, que la source ne souhaite pas publier compte tenu du caractère personnel des données qu’il contient, permet de confirmer que ces 100 dollars ne sont pas des frais générés par une autre transaction (un retrait ou un transfert). L’information nous a également été confirmée par deux sources à la BoB que nous avons pu contacter via nos canaux et qui souhaitent rester anonymes pour des raisons professionnelles. Nous avons tenté de rentrer en contact avec la direction de la BoB pour avoir une confirmation formelle, voire un commentaire, mais sans succès pour le moment.
Siphonner les comptes
Les appellations de « dollars bancaires » ou « lollars » se sont démocratisées ces dernières années et servent à désigner ces fonds que les clients des banques, qui se sont retrouvées à court de liquidités, ont déposés à l’époque où le taux de change était stabilisé à 1 507,5 livres pour un dollar et qu’ils ne peuvent plus librement retirer à leur valeur d’origine depuis l’automne 2019 ou transférer à l’étranger. On les oppose aux « dollars frais », c'est-à-dire les vrais dollars qui sont déposés sur des comptes spéciaux créés après le début de la crise et peuvent être librement retirés et transférés à l’étranger.
Les « lollars » peuvent actuellement être retirés via deux dispositifs instaurés par la BDL : la circulaire n° 151, qui ouvre la possibilité d’en retirer de petits montants au taux de 15 000 livres pour un dollar (elle est de moins en moins utilisée en pratique) et la circulaire n° 158, qui permet de retirer 300 ou 400 dollars frais par mois à partir des fonds extraits des comptes en « lollars ». Présentés comme des moyens pour les déposants de contourner les restrictions bancaires, ces dispositifs ont surtout permis aux banques de se débarrasser d’une grande partie de leurs engagements en dollars vis-à-vis de leurs clients en obligeant ces derniers à subir une importante décote.
Avec un taux de change flottant autour de 90 000 LL pour un dollar actuellement, une partie des déposants qui ont encore des comptes en lollars préfèrent attendre une éventuelle décision des autorités concernant la restructuration bancaire et le remboursement des dépôts bloqués, pour récupérer une partie de leurs fonds à de meilleures conditions.
Si l'information devait se confirmer, le fait de gonfler autant les frais de compte pourrait être assimilé à une tentative de la BoB de chercher à décourager ces clients et à effacer autant de dollars qu’elle peut de son passif (les dépôts étant en fin de compte des créances des clients à son encontre). Avec 100 dollars de frais bancaires par mois et par compte c’est donc 1 200 « lollars » qui peuvent potentiellement être aspirés chaque année sur chaque compte. Le total des dépôts en devises dans les banques commerciales libanaises est passé de plus de 116 milliards de dollars à fin 2019 à environ 90 milliards actuellement.
En quatre ans de crise, le Liban n’a toujours pas entamé de processus sérieux pour restructurer son secteur bancaire et organiser le remboursement de sa dette publique et des dépôts bancaires bloqués. De nombreux déposants furieux de se voir refuser l'accès à leurs fonds ont tenté d'obtenir gain de cause devant les tribunaux ou de se faire justice eux-mêmes.
On rappelle que le PDG de Bank of Beirut, Salim Sfeir, est aussi le président de l’Association des banques du Liban.
Cela est minime a comparer avec ce que la BLOM est en train de faire. Blominvest a commence par nous charger $ 200 par mois jusqu’à ce qu'on accepte de transférer notre compte investissement a une branche BLOM. Apres que cela a été fait ils ont charge "custody fees" $ 425 par trimestre alors que je payais $ 90 avant ,puis $ 525 et maintenant $569. Un ami qui a plus d'actions a été charge $ 969. Lorsque j;ai essaye de comprendre la raison ils ont dit c'est "L'assurance" qui a augmente. A mon avis leur but est de nous obliger a payer ces montants sinon ils reprendront les actions BLOM GDR. C'est triste de voir a quel point ils ont chute et c'est enrageant.
04 h 45, le 02 octobre 2023