Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil pendant son discours prononcé le 24 septembre 2023 dans le Akkar (Liban-Nord). Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), le député Gebran Bassil, a affirmé dimanche que « personne ne peut s'interposer » entre son parti et l'armée libanaise. Ses propos interviennent dans un contexte de tension entre M. Bassil et le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun. Plusieurs analystes estiment que ce dernier pourrait être le prochain président, dans la mesure où il est soutenu par plusieurs puissances étrangères.
Le Liban est sans chef de l'Etat depuis le 31 octobre 2022, date à laquelle le fondateur du CPL, Michel Aoun, a quitté ses fonctions. M. Bassil a déjà déclaré qu'il ne soutenait pas Joseph Aoun, l'un des candidats non déclarés à la présidence, pour qu'il accède à la fonction exécutive. Celui-ci avait affirmé le 18 septembre que la présidence « ne le concerne pas », bien que des politiques et des médias évoquent depuis des mois son éventuelle participation à la course.
« Notre parti a une équation solide dérivée du slogan « honneur, sacrifice, loyauté » (la devise de l'armée libanaise), et personne ne peut s'interposer entre le CPL et l'armée. Trouvez donc autre chose », a lancé M. Bassil dans un discours prononcé dans le Akkar, au cours d'un rassemblement partisan auquel son beau-père Michel Aoun a participé.
Le Hezbollah et le mouvement Amal soutiennent la candidature de Sleiman Frangié, chef des Marada, à la présidentielle, tandis que le camp de l'opposition et le CPL soutiennent Jihad Azour, haut fonctionnaire au Fonds monétaire international. Les médias locaux ont récemment suggéré que Joseph Aoun pourrait également être candidat, car MM. Frangié et Azour n'ont pas été en mesure d'obtenir les voix nécessaires pour être élus.
Le groupe des cinq (France, États-Unis, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) s'est réuni trois fois au cours des derniers mois pour discuter du dossier libanais. Autrefois très influente sur la scène libanaise, l'Arabie saoudite a pris ses distances ces dernières années, notamment pour marquer sa désapprobation face à la montée en puissance du Hezbollah. La dernière réunion du quintette, après celles de Paris et de Doha, a eu lieu mardi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Aucun communiqué n'a été publié et la table ronde aurait été le théâtre de désaccords entre les puissances participantes. Riyad et Washington auraient exigé de Paris un calendrier pour son initiative au Liban, conduite par Jean-Yves Le Drian, et menacé de sanctions les responsables de l'impasse.
Décentralisation
Dans son discours, Gebran Bassil a également parlé de la décentralisation, au sujet de laquelle il est actuellement en négociation avec le Hezbollah. « Je sais très bien que la loi sur la décentralisation administrative et le fonds fiduciaire, entre autres dossiers, ne se feront pas sans un accord entre les Libanais. Le seul moyen de parvenir à un accord est le dialogue, c'est pourquoi le slogan du général (Michel Aoun) a toujours été que le dialogue est la seule voie de salut ».
« Le CPL ne peut s'opposer à un dialogue sérieux et utile », a poursuivi le leader chrétien, alors que le président du Parlement Nabih Berry a proposé des séances électorales ouvertes à la Chambre, à condition qu’elles soient précédées d’un dialogue élargi réunissant les chefs des groupes parlementaires pendant sept jours, afin de parvenir à un consensus sur un candidat. De nombreux partis de l'opposition rejettent cependant cette option. Le CPL a parfois exprimé son soutien à cette initiative, tout en la critiquant à d'autres moments.
« Nous n'avons pas posé de conditions, mais nous avons précisé les circonstances dans lesquelles un dialogue serait couronné de succès, afin d'élire un président conformément à un programme », a souligné Gebran Bassil, « parce qu'un programme est plus important que la personne du candidat à l'heure actuelle ».
Critiques contre Mikati
Le chef du CPL a en outre critiqué le Premier ministre sortant Nagib Mikati pour son rôle dans la gestion de la crise des réfugiés syriens depuis 2011, lorsqu'il était Premier ministre. « Nous avons un Premier ministre qui était en fonction lors de la première vague de migration en 2011, puis de la deuxième vague en 2023. Douze ans plus tard, et il n'a rien fait d'autre que parler. Devrions-nous le nommer à nouveau Premier ministre ? », s'est demandé M. Bassil.
« Nous avons des politiques au pouvoir et des responsables de la sécurité qui sont silencieux et facilitent aujourd'hui la migration. Ils sont indulgents quand il s'agit de l'ouverture des frontières terrestres du Liban aux Syriens et ferment les frontières maritimes pour les empêcher de sortir. Devrions-nous élire l'un d'entre eux à la présidence ? », a-t-il poursuivi, dans ce qui semble être une critique contre le commandant en chef de l'armée.
Vendredi, lors d’une tournée dans le Hermel, dans la Békaa, le chef de l’armée avait critiqué, sans le nommer, Gebran Bassil, en évoquant l’aide internationale dont bénéficie la troupe.
« Certains affirment que cette aide est humiliante. À ceux-là je dis, c’est cette aide qui permet à l’armée de tenir ».
« Certaines voix s’élèvent pour critiquer l’armée et mettre en question son rôle dans la protection des frontières, alors qu’eux ne prennent même pas la peine d’envoyer leurs ministres pour assister au Conseil des ministres qui était consacré à un seul point : la question des migrants syriens », avait encore dit le général Joseph Aoun.
Dans un entretien avec le média en ligne Trend Beirut publié dimanche, le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea a exclu pour sa part « la possibilité d'organiser des élections présidentielles dans un avenir proche, malgré les efforts saoudiens et qataris, car le ver est dans le fruit », faisant allusion aux divergences internes, en l'absence d'un consensus sur un candidat, note le site.
L'ambassadeur saoudien Walid Boukhari avait affirmé samedi que « les solutions durables doivent venir de l'intérieur du Liban, et non de l'étranger », insistant sur le fait que l'élection présidentielle est « une question souveraine que les Libanais doivent décider eux-mêmes ». Il faisait ces remarques avant la visite du ministre d'État qatari aux Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Aziz al-Khulaïfi, prévue à Beyrouth au début du mois d'octobre.
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Censurée comme d’habitude lorsqu’il s’agit de cet énergumène qui ne cesse de poignarder son pays jusqu’à ce que mort s’en suive. Il est contre toutes les personnes qui pourraient sauver notre pays et tire sa force de ses alliés contre nature qui lui dicte la marche à suivre pour arriver à leur but de nous achever. Il se croit invincible et continue de tirer la couverture sur lui laissant ainsi le peuple payer ses trahisons au prix fort alors qu’il ne représente personne ou quelques sourds et aveugles à ses agissements, il se comporte comme si le sort du pays dépendait de sa petite personne et on le laisse faire, d’où son pouvoir emprunté tant que cette milice détient les armes et souffle le chaud et le froid sur nos compatriotes pour les anéantir. Pourquoi les cadres de son parti continuent à raser les murs sachant la fin tragique qui touchera leurs familles et leurs proches comme tous les autres citoyens libanais?
Sissi zayyat
13 h 59, le 25 septembre 2023