Vous avez raté le train...

La grande partie de notre clique politique au pouvoir se lamente à l’heure actuelle du fait que la construction du corridor ferroviaire et maritime reliant l’Inde à l’Europe –

en passant par le Moyen-Orient, Israël et les États du Golfe –

occulte sciemment le port de Beyrouth. Port mutilé et criminellement mis en lambeaux, malheureusement.

À la base, ce réseau ferroviaire et portuaire, ce projet ambitieux vise à favoriser la coopération politique, la croissance économique, les échanges commerciaux et le transport des ressources énergétiques entre les États là où il passe.

Curieusement, certains de nos très « valeureux » responsables (irresponsables), et dans l’état actuel du pays, se permettent de s’indigner en versant, à la limite, des larmes de crocodile du fait que Beyrouth et son port ancestral ne sont pas parties prenantes à ce projet, rien de plus audacieux. Pire encore, ceux qui se lamentent sont, principalement, le plus souvent ceux qui ont commis le plus d’outrages à l’égard de la République.

Là, une toute petite question, rien de plus anodine, s’impose : dans l’état actuel du pays et avec votre mainmise abusive sur sa destinée et ses postes-clés, donnez-nous, s’il vous plaît, une seule raison valable qui puisse permettre à ce réseau d’englober notre capitale. En d’autres termes, donnez-nous une seule raison, une raison orpheline, pour que le G7 fasse cas de nous.

Et le comble, c’est qu’après avoir mis le foutoir dans le pays du Cèdre dont vous avez la charge, vous vous demandez encore pourquoi nous sommes hors contexte de cette vaste initiative annoncée au G7, pour le 9 septembre 2023, à New Delhi.

À vous entendre, c’est à se demander, comme premières interrogations légitimes et spontanées, si vous êtes dignes de confiance. Si vous êtes honnêtes, fiables, loyaux, intègres et dignes de foi, surtout au niveau de la parole donnée. Si votre gouvernance est, d’une certaine manière, exemplaire et peut servir de modèle à suivre.

Si vous avez fait preuve de crédibilité. Si vos mains et vos poches sont propres et, par conséquent, si vos comptes bancaires (à l’étranger sûrement) sont irréprochables.

Si vous avez, au moins, l’intention sincère (rien qu’une simple intention) de rendre les deniers spoliés des déposants. Un argent gagné à la sueur du front et après de lourds labeurs.

Si vous respectiez scrupuleusement le corps de la magistrature en laissant ce troisième pouvoir travailler en toute indépendance, en toute sécurité, sans interventions suspectes ni dessous de table.

On se contente de cela. La liste est tellement longue, assurément, et l’on peut disserter durant des heures, en référence à votre « palmarès » lourd d’offenses, et même de crimes, à l’encontre de ce pays et de son peuple.

Malheureusement, c’est bien le cas de vous dire, en toute conscience tranquille et sans ambages ni détour, que vous avez raté le train, pour vous et pour nous.

Pour vous, ça passe et ce n’est pas si grave. Vous méritez encore pire (vivement les sanctions, inch’allah ! ). Mais pour nous, c’est malheureux, et c’est peu dire. Il s’agit, pour le pauvre peuple que nous sommes, d’une réalité lourde de conséquences. Pour la simple raison que c’est nous qui devons, inévitablement, comme toujours, payer les pots cassés à cause de vous et de vos malversations.

Au moins si vous aviez la pudeur de vous taire et de nous laisser nous tirer d’embarras tout seuls. Faire semblant d’être tristes pour émouvoir et tromper, franchement, on s’en passe.

Notre intelligence mérite un minimum de respect.

Michel Antoine AZAR

Avocat à la Cour

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