Le gouverneur par intérim de la Banque du Liban (BDL), Wissam Mansouri, a affirmé qu'il « ne prêterait pas l'argent du peuple à l'État libanais », dans un entretien au journal Asharq al-Awsat publié samedi, alors que le pays est enlisé depuis 2019 dans une crise économique sans précédent.
Le prédécesseur de M. Mansouri, Riad Salamé, est tenu pour responsable de l'effondrement financier par nombre de politiques et une partie de la population. Il est poursuivi au Liban et dans plusieurs pays européens pour corruption présumée, mais il nie ces accusations.
Dans son interview au quotidien panarabe, M. Mansouri a indiqué que si des lois de réforme n'étaient pas adoptées, il ne prêterait pas de fonds à l'État.
« Même si une législation est adoptée au Parlement pour emprunter (de l'argent) et qu'elle n'est accompagnée d'aucune loi de réforme, je ne débourserai pas de fonds. C'est mon droit légal. Aucune loi ne m'oblige à effectuer des paiements. Il en existe une qui m'autorise à utiliser l'argent des citoyens pour prêter à l'État, mais je ne le ferai pas, pour une raison simple : s'il [le prêt] n'est pas associé à des réformes, nous aurions jeté cet argent à la poubelle », a estimé le gouverneur p.i..
Manque de respect
Concernant les fonds des déposants retenus illégalement dans les banques depuis le début de la crise, M. Mansouri a précisé que « les gens ne peuvent pas être traités comme ils le sont aujourd'hui. C'est un manque de respect à leur égard et à l'égard de l'État ».
« En ce qui concerne les fonds des déposants, il est nécessaire de faire preuve de transparence et d'œuvrer à la recherche de solutions sérieuses, et cela ne peut se faire que par le biais des lois que je demande (d'adopter) - les lois de réforme, y compris le contrôle des capitaux, la restructuration des banques, et l'équilibre financier. Si elles sont menées à bien, ces trois législations, ainsi qu'un budget qui réduit le déficit au maximum, peuvent permettre d'atteindre l'équilibre », a-t-il poursuivi.
Nous avons besoin d'aide
Le gouverneur p.i. a souligné que « l'économie du cash au Liban ne doit pas et ne peut pas continuer ». « Cette économie détruira le pays. Nous avons besoin d'aide, mais si nous ne nous aidons pas nous-mêmes, qui nous aidera? », a-t-il demandé.
M. Mansouri a accédé à ses fonctions le 1er août, après la fin des mandats de 30 ans de Riad Salamé, dont la réputation est en lambeaux.
Depuis 2019, la monnaie nationale s'est gravement dépréciée face au dollar sur le marché parallèle. Les déposants ont été privés de leurs économies bancaires et plus de 90 % des Libanais se sont retrouvés sous le seuil de pauvreté. Les dirigeants n'ont toujours pas réussi à mettre en œuvre les réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer une aide de 3 milliards de dollars.
Le 25 août, lors d'une conférence de presse, M. Mansouri a déclaré que la banque centrale n'imprimerait pas d'argent pour prêter à l'État ou pour couvrir le déficit prévu des finances publiques. Il a ajouté que tout retard supplémentaire dans les réformes « risque d'isoler le pays du système financier mondial ».
Cette année, un organisme de surveillance de la criminalité financière a averti que le Liban pourrait être placé sur une liste grise faisant l'objet d'une surveillance particulière en raison de pratiques insatisfaisantes en matière de prévention du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme, à moins qu'il n'adopte des réformes.
commentaires (16)
Son ex-patron était tout puissant : Il n'avait juridiquement pas droit á la parole , ni lui ni ses collégues á la vice-présidence du gouvernorat : Leur rôle est littéralement réduit á celui de conseillers , sans plus . Maintenant qu'il a les mains libre et qu'il est le seul décideur , il me semble qu'íl a du poing et qu'il est capable de sauver les finances . Berri ne doit pas le gober .
Chucri Abboud
14 h 16, le 04 septembre 2023