Abou Ayad el-Chaalane, le nouveau chef de la sécurité affilié au Fateh dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué (Liban-Sud), a affirmé mercredi à L'Orient-Le Jour que l'islamiste Bilal Badr, "qui travaille avec Daech" (acronyme arabe du groupe État islamique) est derrière l'assassinat de Abou Achraf al-Armouchi, son prédécesseur, tué dimanche dans le camp.
Aïn-Héloué, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban, est en proie à des affrontements armés depuis samedi entre des factions islamistes et le Fateh, retranché dans le quartier de Baraksat près de l'entrée-nord du camp. Un cessez-le-feu avait été annoncé lundi soir, mais il a été violé à plusieurs reprises.
Dans un entretien exclusif accordé dans le camp de Aïn el-Héloué, Abou Ayad el-Chaalane affirme que "le calme n'est pas encore revenu" et qu'une réunion se tiendra prochainement pour décider du possible retour des familles déplacées. Environ 350 familles ont fui les combats et se sont rendues à Saïda, près du camp.
Un acte de vengeance
Le responsable sécuritaire palestinien accuse "l'extrémiste Bilal Badr et sept de ses hommes, qui travaillent avec Daech, d'avoir assassiné Abou Achraf al-Armouchi et ses camarades". Quatre gardes du corps de l'ancien responsable ont également été tués dimanche dans une embuscade. "Nous avons des preuves de cela, et nous les présenterons au comité d'enquête dont la formation a été décidée mardi", poursuit le nouveau chef de la sécurité. "Nous insistons pour que les tueurs soient livrés", a-t-il souligné.
"Le but de l'assassinat est de compromettre la sécurité à Aïn el-Héloué et de se venger d'Abou Achraf al-Armouchi, car il était présent dans nombre de batailles contre les terroristes", poursuit son successeur. "C'est lui qui a chassé Bilal Badr du quartier de Tiré il y a plusieurs années, le poussant à se réfugier ailleurs dans le camp". Selon lui, les groupes terroristes en question résident dans le quartier de Tawari' et sont composés de Palestiniens, de Syriens et de Saoudiens, entre autres.
Bilal Badr est de longue date le dirigeant d'un groupe palestinien islamiste à Aïn el-Héloué. En 2018, il avait annoncé à ses partisans qu'il était désormais installé en Syrie pour combattre le régime syrien dirigé par le président syrien Bachar el-Assad. Il était avant cela protégé par Osbat el-Ansar, un groupe d'obédience salafiste jihadiste implanté dans le camp de Aïn el-Héloué.
"Ils commettent encore des violations"
"Au Fateh, nous avons compté sept morts et 45 blessés", indique Abou Ayad el-Chaalane. Il ajoute que des dégâts matériels importants, notamment dans les habitations, ont été recensés.
Selon un bilan daté de lundi de l'Unrwa, l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens, les combats ont fait 11 morts et une quarantaine de blessés.
"Le calme n'est pas encore revenu dans le camp. Ils commettent encore des violations et tirent des coups de feu de temps à autre", poursuit-il. Quant au retour des familles déplacées, une réunion aura lieu pour décider ou non de les rappeler dans le camp.
Cérémonie à Rachidiyé
Une cérémonie d'hommage est par ailleurs prévue aujourd'hui mercredi à 18h pour la mémoire d'Abou Achraf al-Armouchi. Cette cérémonie se déroulera dans le camp de Rachidiyé, près de Tyr (Sud). Elle est organisée à l'initiative de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), dont le Fateh fait partie.
Aïn el-Héloué abrite plus de 54.000 réfugiés palestiniens enregistrés, qui ont été rejoints ces dernières années par des milliers d'autres fuyant le conflit civil en Syrie. Ce camp densément peuplé est régulièrement le théâtre de fusillades et d'affrontements, soit en raison de différends personnels, soit à cause de tensions entre diverses factions palestiniennes. Les accrochages survenus depuis samedi sont les plus meurtriers depuis plusieurs années.
La cause palestinienne n existe plus et ne nous implique pas ni de près ni de loin
05 h 47, le 03 août 2023