Le rappeur Gims annule un concert en Tunisie pour protester contre la vague antimigrants

Le rappeur Gims l'a annoncé sur sa page Instagram : il ne se rendra pas en Tunisie pour son concert prévu le 11 août sur l'île de Djerba. « Des enfants, des femmes, des hommes, expulsés de la Tunisie vers la Libye, vivent dans des conditions inhumaines », a dénoncé le rappeur qui était en concert au Liban le 29 juillet 2023.

Le chanteur et rappeur congolais a annulé son concert pour protester contre le sentiment antimigrants croissant en Tunisie, dans un contexte d'expulsion arbitraire de centaines de migrants noirs vers les frontières du Sahara. « Je ne sais pas où sont les solutions. Mais cette détresse est insoutenable », a-t-il expliqué pour justifier l'annulation du concert. Les organisateurs du festival de musique urbaine de Djerba en question n'ont pas encore réagit à la décision de l'artiste. 

Dans ses Mémoires, le chanteur né à Kinshasa expliquait avoir passé une enfance difficile. Arrivé en France à 2 ans, il vivait dans des familles d'accueil et des squats jusqu'à l'âge de 18 ans car ses parents sont en situation irrégulière. Aujourd'hui, l'artiste fait partie des rappeurs les plus écoutés en France, mais malgré ça, il n'avait pas réussi à obtenir la nationalité française en 2022, après un premier refus. Une décision justifiée à l'époque par le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin, sur FranceInter par des propos qu'avait tenu Gims à propos de Noël et du jour de l'an : « Ne pas souhaiter la bonne année parce que ce ne serait pas conforme à ce que font les amis, les copains ou les frères de tel ou tel personnage aussi sacré soit-il, ce n'est pas une bonne preuve d'assimilation à la société française.  »

Une situation qui s'enlise en Tunisie

La décision de Gims d'annuler son concert a été motivée par les récents évènements en Tunisie. À la suite d'affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville du pays et principal point de départ en Tunisie pour l'émigration clandestine.

Depuis, les migrants et demandeurs d'asile subsahariens errent dans le désert, et dans les zones hostiles frontalières de la Libye et de l'Algérie. Laissés sous la chaleur torride de 50 degrés Celsius, au moins cinq migrants sont morts selon l'AFP, tandis que beaucoup d’autres tiennent à peine à la vie, avec de graves blessures et aucun accès à la nourriture ou à l’eau. Jeudi, l'ONU a demandé des « solutions urgentes » pour sauver les centaines de réfugiés et de migrants bloqués depuis plusieurs semaines dans des conditions désastreuses près des frontières de la Tunisie avec la Libye et l'Algérie.