Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé vendredi que "tout le monde attend septembre" pour l'avancée du dossier présidentiel, alors que le Liban est sans chef de l'Etat depuis neuf mois, et a estimé qu'une issue à cette impasse politique peut être trouvée si "des dialogues sérieux" sont ouverts sur le sujet.
Ces propos font écho à la proposition émise par l'émissaire du président français au Liban, Jean-Yves Le Drian, qui a suggéré une rencontre entre les différentes forces politiques lors de sa dernière visite au Liban, cette semaine.
Lors de deux discours prononcés vendredi et samedi à l'occasion de la commémoration musulmane chiite de Achoura, le chef du parti chiite a également appelé à "ne pas bloquer le Parlement" libanais afin qu'il puisse légiférer, une position qui rejoint celle de son allié Amal, mouvement du président du Parlement Nabih Berry.
"Faire naître un horizon"
"Il est clair que tout le monde attend le mois de septembre pour le retour de l’émissaire français", a lancé Hassan Nasrallah, alors que M. Le Drian a proposé une rencontre entre acteurs politiques libanais en septembre. "Ouvrir la porte à des dialogues sérieux peut faire naître un horizon dans l'impasse présidentielle", a-t-il ajouté avant de ponctuer : "C'est ce que nous nous efforçons de faire, et nous espérons que cela aboutira".
Alors que le Liban est sans président depuis bientôt neuf mois, le Hezbollah et Amal soutiennent mordicus le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, pour ce scrutin et maintiennent leur position, malgré l'impasse. "Nous n'avons pas changé de position. Et nous ne changerons pas", avait ainsi affirmé le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, vendredi matin.
Parlement et gouvernement
Le chef du parti chiite a également estimé que "le gouvernement d'expédition des affaires courantes doit continuer à assumer ses responsabilités, notamment sur les difficultés quotidiennes des gens", alors que le cabinet de Nagib Mikati est démissionnaire depuis mai 2022. "Il ne faut pas bloquer le Parlement", a également dit dans la même lancée Hassan Nasrallah. "Celui-ci doit pouvoir adopter les lois nécessaires", a-t-il poursuivi.
Ces propos interviennent alors qu'un Conseil des ministres n'a pu se tenir faute de quorum pour nommer un successeur à Riad Salamé, gouverneur de la Banque du Liban (BDL) visé par plusieurs enquêtes pour corruption et dont le mandat expire fin juillet. Le parti chiite juge anticonstitutionnelle la nomination d’un successeur à M. Salamé en l'absence d'un président de la République. En mai dernier, Hassan Nasrallah avait déjà ouvert la voie à l'accession de Wassim Mansouri, premier vice-gouverneur de la BDL appartenant à la communauté chiite, au poste de M. Salamé, mais le président du Parlement s'oppose à cette solution. Jeudi, le Premier ministre sortant s'est réuni avec les quatre vice-gouverneurs de la BDL et a affirmé à L'Orient-Le Jour qu'ils ont "accepté de rester à leurs postes et de s’acquitter de leurs responsabilités", alors qu'ils menaçaient de démissionner. M. Mansouri doit tenir une conférence de presse lundi à l'occasion de la fin du mandat de Riad Salamé.
"Faites attention à vos choix !"
Le chef du Hezbollah est également revenu sur les récentes tensions à la frontière sud avec Israël. "Le Liban est l'agressé. Israël continue d'occuper une partie de notre territoire, a réannexé une partie de Ghajar et s'exprime par l'insolence et les provocations", a déclaré le secrétaire général du parti chiite. Début juillet, Israël a absorbé la zone libanaise de ce village alaouite contesté, situé à la frontière entre le Liban et le plateau du Golan syrien annexé, et traversé par la Ligne bleue. Ghajar a été complètement coupé du Liban après que l'armée israélienne a construit une clôture au nord de la bourgade.
"Je le dis aux sionistes : Faites attention à vos choix ! Et à toute stupidité ! La Résistance ne se dérobera à aucune de ses responsabilités", a poursuivi Hassan Nasrallah, affirmant que la Résistance est "prête" et "ne se taira pas face à toute stupidité" que commettrait Israël.
Coran, valeurs et "culture déviante"
Le chef du parti chiite est également revenu sur les profanations du Coran en Suède et au Danemark. "Les gouvernements suédois, danois et du monde entier doivent comprendre que les agressions et les atteintes à nos symboles et nos valeurs sacrées son insupportables", a-t-il jugé. Un Irakien réfugié en Suède a brûlé quelques pages d'un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm, le 28 juin dernier, suscitant un tollé à travers le monde musulman.
Hassan Nasrallah, qui s'en est récemment pris violemment à la communauté LGBTQ+, a estimé, en outre, qu'au Liban "le danger a débuté à travers les associations et la publication de livres pour enfants qui propagent la culture déviante". Il a appelé ministère de l'Education à "interdire" cette culture et à "protéger les enfants de la génération future".
Le dignitaire religieux chiite avait déjà franchi un premier cap dans ses attaques. "Lorsqu'un adultère est commis, la personne est fouettée. Mais quand il s'agit des homosexuels, ils doivent être tués", avait-il dit. "Il faut les combattre partout, et sans limites. Et il ne faut pas utiliser le terme +homosexuels+", avait-il poursuivi, estimant que des termes comme "liwate" ou "mousahaqa" (injures en arabe, équivalentes à "pédales" en français) doivent être employés à leur égard.
commentaires (23)
Arrêtez de nous gaver avec les divagations de ce mec. Y en a plus que marre. L’OLJ, vous êtes des sadiques, la preuve c’est que vous prenez le soin de publier ces insanités et censurez notre doit de réponse. ÇA SUFFIT
Sissi zayyat
20 h 33, le 31 juillet 2023