Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a demandé vendredi dans un discours au Parlement et au gouvernement sortant de continuer à travailler normalement, dans le cadre de leurs prérogatives malgré la vacance à la présidence, estimant que cela n'empêche pas l'élection d'un nouveau chef de l'Etat. Il a cependant estimé qu'il n'y aura pas de prorogation du mandat du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, ni de désignation d'un successeur, laissant entendre qu'il faudrait, comme cela avait été le cas avec la direction de la Sûreté générale, que le vice-gouverneur, Wassim Mansouri, un chiite, prenne la tête par intérim de la banque centrale. Jusqu'à présent, le tandem chiite démentait vouloir qu'un responsable de leur communauté soit maintenu à titre intérimaire à la tête de la BDL.
Le chef du parti chiite a en outre appelé le gouvernement sortant à normaliser les relations du Liban avec la Syrie, un appel lancé quelques jours après que le régime de Bachar el-Assad a réintégré dimanche la Ligue arabe.
Hassan Nasrallah s'est encore dit ouvert au dialogue dans le cadre des tractations pour la présidentielle, affirmant une nouvelle fois son soutien au chef des Marada Sleiman Frangié. Se penchant sur la question des bombardements israéliens sur Gaza, il n'a jamais prononcé dans son discours le terme "d'unité des fronts" qu'il avait utilisé à plusieurs reprises lors de la dernière flambée de violence à la frontière libano-israélienne.
Le responsable chiite a fait ces déclarations au cours d'un discours prononcé pour commémorer l'assassinat de Moustapha Badreddine, un cadre militaire du Hezbollah tué en 2016 à Damas. Le Tribunal spécial pour le Liban avait délivré un mandat d'arrêt contre ce dernier, qualifié de "cerveau" de l'attentat qui avait coûté la vie à Rafic Hariri, mais les poursuites à son encontre avaient été levées après l'annonce de sa mort.
Voici les principaux points de son discours :
À propos du travail du gouvernement et du Parlement :
- "Nous pensons que le gouvernement sortant doit continuer à exercer ses fonctions malgré toutes les difficultés. (...) Nous ne savons pas combien l'élection d'un président peut encore tarder".
- "Nous espérons que le Parlement continue à travailler de manière ordinaire. cela n'impacte pas la nécessité d'élire un président".
À propos de la succession de Riad Salamé :
- "Nous ne sommes pas avec la désignation d'un nouveau gouverneur de la Banque du Liban. Un gouvernement sortant n'a pas la prérogative de désigner. Cela n'a pas eu lieu lorsque le mandat de l'ex directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a pris fin".
- "Il n'y aura pas de désignation ni de prorogation du mandat de Riad Salamé. Nous devons trouver des solutions conformément aux prérogatives du cabinet sortant".
Le mandat de Riad Salamé prend fin fin juillet. Le général Élias Baïssari, un maronite, a été chargé d'assurer la direction par intérim de la Sûreté générale, prenant ainsi la succession du général Abbas Ibrahim (un chiite) après que ce dernier a atteint début mars l'âge de la retraite.
À propos de la présidentielle :
- "Nous n'avons pas choisi Sleiman Frangié par hasard. C'est un candidat naturel et sérieux".
- "Nous n'imposons pas de candidat à la présidentielle. Nous soutenons un candidat naturel. Que chaque partie soutienne le candidat qu'elle veut et qu'on aille élire un président au Parlement".
- "Nous vous avons dit que vous pouvez causer un défaut de quorum. C'est votre droit naturel".
- "Les portes sont ouvertes au dialogue et à l'entente".
Le tandem chiite Amal-Hezbollah a officialisé son soutien au leader des Marada Sleiman Frangié, qui se heurte cependant au veto des principales formations chrétiennes (les Forces libanaises et le Courant patriotique libre). Le camp de l'opposition, demeure de son côté divisé.
À propos de la normalisation avec la Syrie :
- "Nous devons, en tant que Libanais, profiter de l'atmosphère positive au niveau politique dans la région".
- "On ne peut approcher de manière saine et juste les développements au Liban indépendamment des développements régionaux".
- "Le gouvernement sortant est appelé à normaliser les relations politiques avec la Syrie pour résoudre les problèmes urgents au Liban. Il n'y a plus d'excuses pour ne pas le faire. (...) Faites-le avant la visite de Bachar el-Assad à Riyad", pour le sommet de la Ligue arabe le 19 mai.
-"Si le Hezbollah était maître des prises de décision au Liban, les relations avec la Syrie auraient été restaurées depuis longtemps".
- "Il est dans l'intérêt politique économique, social et sécuritaire que le Liban rétablisse ses relations avec la Syrie (...) Je ne comprends pas ce qu'ils attendent".
- "La Syrie n'a pas changé de position, ni de stratégie, ni d'axe".
Les ministres arabes des Affaires étrangères ont réintégré dimanche dans la Ligue arabe le régime syrien, écarté en 2011 après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Le président syrien Bachar el-Assad a été invité mercredi par Riyad au prochain sommet arabe, prévu le 19 mai dans le royaume.
À propos des réfugiés :
- "Le gouvernement sortant doit former une délégation avec la Sûreté générale et rester à Damas pour mener des négociations avec les responsables syriens, effectuer un dialogue sérieux, et établir un programme pour trouver des solutions aux problèmes. C'est ainsi que le dossier des réfugiés sera résolu. Si cela n'est pas fait, cela veut dire que quelqu'un ne veut pas résoudre cette affaire."
- "Une décision souveraine doit être prise sans se soumettre aux pressions étrangères".
- Le dossier "dangereux" des réfugiés syriens "ne peut être résolu via les réseaux sociaux, des prises de paroles ou des données. Cela peut mener à la sédition et des hostilités à l'égard d'un peuple voisin".
Le gouvernement libanais a dernièrement renforcé les mesures à l'égard des réfugiés syriens et appelé à leur rapatriement. Il a demandé fin avril au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de lui communiquer les informations dont il dispose sur les réfugiés, après l'arrêt de l'enregistrement des statistiques les concernant depuis 2015. Une délégation ministérielle doit se rendre en Syrie pour discuter de leur rapatriement. De son côté, le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, a été chargé de négocier du rapatriement "immédiat" des détenus syriens.
À propos du trafic de drogues :
- "Sans le Hezbollah, l'Etat peut-il démanteler les réseaux de fabrication de captagon et des gangs de trafiquants de drogues ?"
À propos du bombardement israélien de Gaza :
- "Celui qui a commencé les attaques contre Gaza est (le Premier ministre israélien) Benjamin Netanyahu pour tuer des dirigeants de la force al-Qods (...). Ses motivations étaient de restaurer l'effet de dissuasion et d'échapper à la division interne" israélienne.
- "La résistance à Gaza est forte et refuse de se soumettre".
- "Tout assassinat d'un commandant dans la bande de Gaza mènera à une large confrontation".
- "Nous sommes en contact continu avec les commandants de la Résistance à Gaza. Nous surveillons la situation et les développements, et nous offrons de l'aide, dans une certaine mesure. Mais si nous devons à un moment prendre des mesures, nous n'hésiterons pas à le faire".
Israël et des groupes armés à Gaza échangent des tirs de missiles et de roquettes depuis mardi, malgré des efforts de médiation visant à mettre fin à cette flambée de violence qui a fait plusieurs dizaines de morts. L'Egypte, médiateur traditionnel entre les belligérants, s'active pour obtenir une trêve, au moment où les appels internationaux se multiplient pour que cesse cette escalade, la plus grave depuis août 2022. S'exprimant au sujet de cette escalade, le représentant du Hamas au Liban, Ahmed Abdel Hadi, avait déclaré mardi qu'il y aura deux ripostes à "l'attaque sioniste sur Gaza".
commentaires (19)
Pourquoi avoir censuré mon commentaire? Je disais qu’il ne reste à HN que de déclarer qu’il est le seul à avoir la capacité de diriger le pays, vers l’enfer tant promis, et d’annoncer qu’il sera parce qu’il l’a décidé, le président de la république sans passer par les votes ni les institutions étatiques. N’est ce pas lui qui décide de tous les ministres, PM, directeurs des ports, de l’aéroport, de la sécurité de nos frontières, des douanes et surtout du Président qui devrait nous gouverner sans être contredit ni même combattu? Alors qu’attend il pour faire l’annonce de sa présidence toute désignée pour montrer à Macron ses bonnes intentions concernant notre pays? Il préfère garder son masque et ainsi berner tous les pays et intervenants dans nos affaires pour venir avec sa gueule enfarinée nous dicter la politique à suivre et les responsables qu’il a décidé de placer sans sourciller sûr de la complicité de tous ou presque. Les libanais patriotes devraient réagir comme il convient à cet affront de trop et répondre avec les mots qui conviennent pour lui ôter une fois pour toutes cette arrogance provocatrice qui nous mine tous les jours un peu plus rien qu’à voir sa photo en 3 dès, pointant son index pensant nous terroriser. Il ne nous fait pas peur et il le sait plus que quiconque. Il joue avec nos nerfs pour savoir jusqu’où il peut aller. A nous de lui montrer qu’il a dépassé les limites. Allez du nerf.
Sissi zayyat
11 h 38, le 14 mai 2023