"Nous allons tous nous opposer à ce qui s'est passé en Suède". Au lendemain de l'appel du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à manifester après la prière du vendredi, des centaines de partisans du parti chiite se sont rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth pour protester contre la profanation du Coran en Suède.
Fin juin, un réfugié chrétien irakien en Suède, Salwan Momika, avait déjà brûlé quelques pages du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm au premier jour de la fête de l’Adha, ce qui a provoqué la colère de millions de musulmans à travers le monde, y compris au Liban. Mercredi, il est repassé à l'acte, en piétinant un exemplaire du livre sacré de l'islam, tout en s'abstenant de le brûler cette fois.
Cette nouvelle provocation a ravivé la colère de musulmans. Le chef du Hezbollah a ainsi appelé jeudi soir à l'expulsion de l'ambassadrice de Suède au Liban, et à manifester dans la banlieue sud de la capitale, fief du parti.
"Nous allons tous nous opposer à ce qui s'est passé en Suède", lance Ali Ghamlouche, 19 ans, présent parmi la foule de manifestants rassemblés devant une mosquée, à la sortie de la prière.
"Il est interdit de s'en prendre au Coran et de lui manquer de respect. Nous sommes là pour le rappeler", renchérit Ahmad Hachem, 38 ans.
"Labbayka ya Nasrallah"
Un peu plus loin, des partisans du Hezbollah entonnent des chants religieux. D'autres crient "Labbayka ya Nasrallah" (A tes ordres, Nasrallah). "Mort à l'Amérique et Israël", scandait un autre groupe.
Certains manifestants ont également brûlé des drapeaux de la Suède.
Les femmes, et même des enfants, ont aussi répondu présents à l'appel de Hassan Nasrallah. "Nous respectons la liberté d'expression, mais il est interdit de s'en prendre au Coran", lance Oum Hassan Moughniyé, qui affirme avoir perdu son fils lors de combats à Zabadani, en Syrie voisine, où le Hezbollah se bat aux côtés du régime de Bachar el-Assad.
Au micro, un cheikh demande le retrait de l'ambassadeur du Liban en Suède, et l'expulsion de l'ambassadrice de Suède à Beyrouth.
Face à cette montée de tensions, et par crainte de dérapages, l'armée libanaise s'est fortement déployée devant le siège de l'ambassade de Suède à Beyrouth, dans le centre-ville de la capitale, loin de la banlieue sud.
Cela n'a pas empêché certains manifestants de tenir un sit-in devant le siège de la chancellerie, Coran à la main. Mais la situation est restée sous contrôle, aucun incident n'ayant été signalé.
Et comme par hasard ces manifestations ont lieu dans la bourgade tenue par une dictature où les résidents ne peuvent qu’obéir aux ordres donnés au risque de se voir harcelés et ou punis pour trahison. Comme c’est bizarre.
13 h 44, le 24 juillet 2023