Qui est Hervé Magro, le prochain ambassadeur de France au Liban ?

Il sera le 28e représentant français au pays du Cèdre. Hervé Magro, actuel ambassadeur à Ankara, investira les locaux de la Résidence des Pins courant août après le départ de sa prédécesseure, Anne Grillo, en poste depuis 2020. « Ce 14 juillet est pour moi la dernière occasion de m’adresser directement à vous (…) après trois années de travail sans relâche dans un contexte difficile et plein de défis », avait expliqué cette dernière dans un message adressé aux ressortissants français au Liban.

Les deux nominations actent une promotion au sein du corps diplomatique français. De retour à Paris, Anne Grillo deviendra la première femme à occuper le poste de directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient. Pour Hervé Magro, novice sur la scène libanaise, la nomination marque la reconnaissance d’un bilan réussi à Ankara. « Même si le Liban est un plus petit pays, il s’agit d’une plus grosse ambassade en termes d’effectifs », remarque un diplomate français.

L'édito d'Elie Fayad

Insolence française ou ingratitude libanaise ?

Le prochain locataire de la Résidence des Pins est connu pour être « sympathique, facile à gérer et agréable ». Ambassadeur de France à Ankara depuis juin 2020, le sexagénaire, turcophone, est réputé au Quai d’Orsay pour être l’un des meilleurs experts sur la Turquie – pays où il est né et a passé une partie de son enfance. Cet ancien élève du lycée Charles-de-Gaulle d’Ankara, diplômé d’histoire et de l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales) intègre le corps diplomatique français à l’âge de 26 ans. Après plus de deux décennies au sein du ministère des Affaires étrangères français, et un bref passage par le secteur privé entre 2007 et 2009 (Groupama), il est nommé consul général à Istanbul (2009-2013) puis à Jérusalem (2013-2016). Il y collabore notamment avec le Franco-Libanais Samer Melki, ancien conseiller de Jean-Yves Le Drian et actuel consul français à Londres.

Entre 2020 et 2023, son mandat à la tête de l’ambassade française en Turquie est marqué par une série de crises diplomatiques entre Paris et Ankara. Il contribue dans ce cadre au maintien du dialogue entre le président français Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, réélu en mai dernier. « Les deux chefs d’Etat ont des entretiens réguliers (…) et permettez-moi à cet égard de saluer (…) la décision de la Turquie de ratifier l’adhésion de la Suède à l’OTAN », s’était-il félicité le 14 juillet dernier au cours d’une allocution. Dans le sillage du tremblement de terre ayant dévasté les régions sud-ouest du pays le 6 février dernier, il supervise l’acheminement de l’aide française, dont notamment le déploiement d’un hôpital de campagne à Adiyaman.

Si les grandes orientations se décident à Paris en coordination avec l’ambassadeur, la transition ne devrait pas affecter le visage de la politique française au Liban. « L’Élysée est extrêmement satisfait du bilan d’Anne Grillo, je ne m’attends donc pas à ce qu’il y ait de changement particulier, si changement il y a, il sera plus dicté par les circonstances que par le nouvel ambassadeur », remarque le diplomate en poste à Beyrouth.

La France est l'un des pays les plus actifs dans le soutien au Liban depuis la double explosion au port de Beyrouth. Mais ses différentes initiatives ont suscité de nombreuses critiques sur la scène libanaise, notamment dans les milieux chrétiens qui lui reprochent d'être trop conciliante avec le Hezbollah. Alors que la vacance présidentielle s’éternise, Paris entend jouer un rôle-clé dans les négociations en cours afin de faire émerger un candidat susceptible de recueillir les voix nécessaires afin d’ouvrir les portes de Baabda.