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Politique - Diplomatie

D'où viennent les panneaux publicitaires ''Poutine défenseur des religions'' sur les routes du Liban ?

Ces pancartes sont signées ''Roslivan", du nom d'une organisation se décrivant comme le ''Bureau de coordination russo-libanais'', sur laquelle peu d'informations peuvent être trouvées.

D'où viennent les panneaux publicitaires ''Poutine défenseur des religions'' sur les routes du Liban ?

Un panneau publicitaire, le long d'une route au Liban, présente le président russe tenant un exemplaire du Coran avec l'inscription "Protecteur des religions". Capture d'écran d'une vidéo postée par Russia Today (RT) sur Twitter.

Des panneaux publicitaires montrant le président russe Vladimir Poutine en ''protecteur et défenseur des religions'', tenant soit un Coran soit une Bible, sont apparus dernièrement le long de plusieurs routes du Liban. 

Les pancartes ont notamment été aperçues en banlieue sud de Beyrouth, dans la zone dite de la Quarantaine, dans le nord de Beyrouth, à Baalbeck, et sur l'autoroute entre Tripoli et Balamand, au Liban-Nord. 

Selon l'agence de presse russe Ria Novosti, la photo du chef du Kremlin tenant un Coran a été prise lors d'une visite de Vladimir Poutine dans une mosquée du Daguestan. 

Un panneau publicitaire, le long d'une route au Liban, présente le président russe tenant un exemplaire du Coran avec l'inscription "Protecteur des religions". Capture d'écran d'une vidéo postée par Russia Today (RT) sur Twitter.

Ces pancartes sont signées ''Roslivan", du nom d'une organisation se décrivant comme le ''Bureau de coordination russo-libanais'', sur laquelle peu d'informations peuvent être trouvées, notamment ses relations avec l'Etat russe. Roslivan était notamment impliqué dans la distribution au Liban du vaccin anti-Covid Sputnik, selon nos archives.

L'organisation est dirigée par un certain Mohammad Nasreddine, qui s'est exprimé sur la campagne pour l'agence Ria Novosti et dont les propos ont été largement repris dans les médias russes. 


Poutine, ''protecteur de la moralité''
M. Nasreddine a ainsi expliqué ainsi que la campagne ''vise à contrer l'hégémonie occidentale" qui, selon lui, "cherche à détruire les valeurs, notamment religieuses et morales". "Les États-Unis, la Grande-Bretagne et certains pays européens veulent entraîner le monde dans un tunnel de racisme, de discrimination religieuse et de décadence morale et sociale en utilisant des méthodes, des idées et des comportements qu'ils imposent et exercent", a-t-il dit.

Contrairement à Vladimir Poutine qui, selon lui, entend ''exprimer son respect pour l'individu et les sentiments religieux de chacun", et précisé que la campagne vise à condamner le récent autodafé d'un Coran en Suède. 

Le 28 juin dernier, un Irakien réfugié en Suède, Salwan Momika, avait brûlé des pages du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm au premier jour de l'Adha, fête célébrée par les musulmans à travers le monde. Cet incident avait déclenché une série de réactions dans le monde musulman. Des pays comme l'Irak, le Koweït, les Émirats arabes unis ou le Maroc avaient convoqué les ambassadeurs suédois en signe de protestation.

M. Nasreddine a ajouté que la Russie s'oppose fermement "aux tentatives douteuses de certains pays de promouvoir et légaliser l'homosexualité".

Contactée par mail, l'ambassade de Russie au Liban a affirmé qu'elle n'était "pas impliquée dans cette affaire". "Selon nos informations, c'est l'ONG libanaise Roslivan qui est à l'origine de cette initiative", ajoute l’ambassade, sans plus de détails.

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"Politique officielle et officieuse"

Peu après l'invasion de l'Ukraine en février 2022, la position du Liban concernant ce conflit avait provoqué un imbroglio politique et diplomatique. En effet, le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, avait officiellement condamné l'intervention militaire russe, prenant ainsi le parti des puissances occidentales, malgré les relations cordiales entre Beyrouth et Moscou. Cette déclaration avait provoqué un tollé dans certains milieux politiques, proche du 8 Mars, qui craignaient qu'elle ne porte atteinte aux bonnes relations avec la Russie. Se défendant face au tollé, le chef de la diplomatie avait alors justifié la position libanaise qui émane 'de "l’attachement du pays au droit international'' et n’est pas dirigée contre la Russie.

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L'ambassade russe avait, elle, exprimé sa "surprise" face à la position libanaise, considérant qu'elle "enfreint la politique de distanciation", alors que Moscou a toujours "déployé des efforts pour contribuer au redressement et à la stabilité du Liban".

Le politologue et directeur de la faculté de Sciences politiques à l'Université Notre Dame de Louaizé (NDU), Dany Ghoussoub estime que "les panneaux publicitaires vont à l'encontre de la politique étrangère libanaise, ce qui démontre une différence claire entre la politique officielle et officieuse du pays". Il note également que ces panneaux pourraient impliquer indirectement une certaine connivence avec le Hezbollah, car "aucun panneau ne peut être installé dans les régions où le parti chiite est prédominant sans son accord". Le Hezbollah, et plus largement son parrain iranien, considèrent la Russie comme un partenaire dans la lutte contre les Etats-Unis au Moyen-Orient.  

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Edmond Gharios, président du conseil municipal de Chiyah, agglomération où le Hezbollah a une forte présence, dénonce cette vague de panneaux en l'honneur du président russe et considère qu'ils "témoignent de l'assujettissement des citoyens libanais à des dirigeants extérieurs".

"Malheureusement, les Libanais ont accepté ce fait accompli. Ils abordent ce sujet, qui relève de l'identité nationale et de la souveraineté, avec légèreté, sans dénoncer ce type d'affiches”, regrette M. Gharios.

"En tant que président du conseil municipal, je ne peux pas prendre la décision de retirer ces affiches, car pour que des panneaux soient installés, ils doivent bénéficier d'une autorisation légale. En tant que municipalité, nous ne pouvons pas décider de les retirer, car cela serait contraire à la loi", conclut-il.

Ni le ministère des Affaires étrangères ni le Hezbollah n'étaient immédiatement disponibles pour commenter cette campagne. 

Des panneaux publicitaires montrant le président russe Vladimir Poutine en ''protecteur et défenseur des religions'', tenant soit un Coran soit une Bible, sont apparus dernièrement le long de plusieurs routes du Liban. Les pancartes ont notamment été aperçues en banlieue sud de Beyrouth, dans la zone dite de la Quarantaine, dans le nord de Beyrouth, à Baalbeck, et sur l'autoroute...

commentaires (6)

Après les photos des Assad père et fils pour nous accueillir dans notre pays, voilà qu’un autre despote vient les remplacer. On n’arrête pas le progrès

Sissi zayyat

11 h 24, le 19 juillet 2023

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Commentaires (6)

  • Après les photos des Assad père et fils pour nous accueillir dans notre pays, voilà qu’un autre despote vient les remplacer. On n’arrête pas le progrès

    Sissi zayyat

    11 h 24, le 19 juillet 2023

  • Il n'existe pas de politique officielle au Liban. Il y a une chose bien plus dangereuse pour le Liban que les dirigeants des pays étrangers, les représentants de mouvements religieux qui s'immiscent en politique et définissent la manière dont la population doit se comporter et doit penser

    Georges Olivier

    00 h 01, le 19 juillet 2023

  • C'est CLAIREMENT l'oeuvre du HEZBOLLAH

    Emile G

    18 h 53, le 18 juillet 2023

  • N’importe quoi…

    Eleni Caridopoulou

    17 h 42, le 18 juillet 2023

  • Et aucune régulation de la publicité politique au liban....

    Aboumatta

    17 h 39, le 18 juillet 2023

  • Les panneaux sont affichés dans les régions à prédominance Hezbollah dit l'article .... Donc : La région de la quarantaine??? C'est une région à prédominance Hezbollah maintenant ??? !!!!!!! Ca c'est une nouveauté.

    LE FRANCOPHONE

    17 h 33, le 18 juillet 2023

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