Le directeur de la Sûreté générale (SG) par intérim, Élias Baïssari, a affirmé que le rapatriement des réfugiés syriens du Liban vers la Syrie nécessite une "entente politique" entre Beyrouth, Damas et la communauté internationale. Le responsable a par ailleurs indiqué qu'il "n'y a pas de crise de passeports" mais des problèmes liés à la "ruée" pour les obtenir, alors que les Libanais peinent depuis des mois à se procurer ce document de voyage.
"Il existe un intérêt international pour le dossier des réfugiés qui est lié à trois facteurs : l'État syrien, la situation au Liban et la volonté (de la communauté) internationale. Une entente politique entre les trois parties est requise pour parvenir à des solutions", a estimé le général Baïssari dans un entretien au journal koweïtien al-Raï publié lundi.
L'officier supérieur est également revenu sur l'appel lancé par les autorités libanaises au Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) afin de leur fournir ses données sur les réfugiés syriens, après l'arrêt de l'enregistrement des informations les concernant depuis 2015. "Le fait que des conditions soient imposées pour qu'on nous fournisse les données prête à discussion et réflexion, non pas pour la SG mais pour le gouvernement qui est maître de la décision politique. Nous sommes un organe exécutif à son service", a-t-il ajouté.
Ces déclarations interviennent après que le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, s'est retiré du comité ministériel chargé de mener des pourparlers sur ce dossier avec Damas. Une décision que plusieurs observateurs expliquent par le fait que M. Bou Habib voudrait éviter de se mettre à dos les pays occidentaux qui ne veulent rien entendre au sujet du rapatriement des Syriens dans les circonstances actuelles, comme l’a notamment montré une résolution du Parlement européen, qui a appelé, mercredi dernier, Beyrouth à "ne pas procéder à des expulsions" de ces réfugiés présents sur son territoire.
Impact économique et sécuritaire
Le directeur de la SG p.i. a par ailleurs reconnu que certains réfugiés font face à des "problèmes politiques ou sécuritaires" en Syrie. "Nous sommes tenus, en vertu du droit international et des normes humanitaires, de ne pas les renvoyer dans leur pays. Mais le problème réside dans les déplacements économiques" de population, a-t-il ajouté, estimant que lorsque des Syriens viennent au Liban pour travailler, "cela affecte l'activité économique et commerciale. C'est une concurrence dont notre peuple paie le prix".
Il a d'autre part souligné que "l'impact de réfugiés syriens sur la sécurité ne peut être négligé", notant que "le taux de criminalité a augmenté et épuisé les forces de l'ordre". "Nous sommes confrontés à des crimes sans précédent dans la société libanaise qui étaient rares auparavant", a-t-il dit, sans toutefois fournir de données pour soutenir ses propos et sans mentionner l'impact de la crise socio-économique sur la situation sécuritaire.
Pas de crise de passeports
Abordant les difficultés rencontrées par les Libanais poir obtenir des passeports, le général Baïssari a assuré qu'"il n'y a pas de crise de passeports mais une crise de ruée" vers les passeports, notant que la SG livre 3.000 passeports au quotidien, contre 800 ou 1.000 précédemment.
Il a également souligné que le Liban allait obtenir un financement international pour garantir la livraison de passeports. Selon lui, la SG dispose d'assez de passeports jusqu'à la fin de l'année et celle à venir. La demande de documents de voyage au Liban ne faiblit pas depuis le début de la crise économique il y a près de quatre ans, et ce malgré les assurances régulières de la SG.
commentaires (2)
Encore une preuve que nos politiques sont des lâches !
Tania
16 h 03, le 17 juillet 2023