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Culture - Festival de Baalbeck

Quand les Voodoo Cello transcendent les frontières de la musique pop au temple de Bacchus

Entourée d'un ensemble de huit violoncellistes, Imany, cette ensorcelante chanteuse française, a clôturé le Festival de Baalbeck 2023 en revisitant avec maestria les emblématiques morceaux de Madonna, Bonnie Tyler, Cat Stevens, Radiohead, Hozier, t.A.t.u., Ed Sheeran et Imagine Dragons.

Quand les Voodoo Cello transcendent les frontières de la musique pop au temple de Bacchus

La chanteuse française Imany accompagnée d'un groupe de huit violoncellistes au temple de Bacchus, au Festival international de Baalbeck, le 16 juillet. Photo Mario Doueiry

Au pied du majestueux temple de Bacchus, Imany apparaît, drapée de blanc. Huit violoncellistes, tels des âmes liées, s’unissent à la voix magique de cette sorcière vaudou, façonnant un message énigmatique et puissant, empreint d’une énergie féminine qui captive les auditeurs. Leur harmonie fusionne et transporte l’auditoire dans un voyage profond où les frontières entre musique et mystère s’estompent, révélant des identités enfouies et des vérités oubliées.

Imany, cette sorcière vaudou façonnant un message énigmatique et puissant, empreint d'une énergie féminine qui captive les auditeurs. Photo Mario Doueiry

Dès les premières notes, l’aura envoûtante d’Imany,  de la formation Voodoo Cello, pénètre les cœurs et transporte l’audience au-delà du simple concert. Une mélodie émerge délicatement de sous le voile mystérieux de la chanteuse, enveloppant le public d’une brume enchanteresse où chaque note est un appel à l’âme.

Le souffle coupé, les spectateurs s’abandonnent à cette ambiance vaudou qui s’épanouit sous le ciel étoilé de Baalbeck. Entre les majestueuses colonnes du temple, la brise de la plaine de la Békaa s’entrelace avec ce souffle venu de la savane africaine, créant une fusion musicale enivrante. Immobile sur scène dans sa cage lumineuse, Imany chante et orchestre une symphonie d’émotions. Au fur et à mesure qu’elle monte en puissance, les violoncelles vibrent en symbiose avec sa voix, répondant à l’appel de son âme musicale.

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Take Me to Church marque un premier tournant dans le spectacle. La capuche lumineuse de la chanteuse tombe, dévoilant son visage. La lumière de la scène change, laissant penser à une métamorphose d’un monde à un autre. Le public, captivé par cette communion entre l’artiste et les musiciens, se laisse guider par l’énergie qui émane d’eux. Les applaudissements, les battements des pieds, tout vibre en harmonie avec le rythme palpitant de la musique.

Peter, un jeune Libanais dans la trentaine, a entraîné sa femme Nancy jusqu’à Baalbeck, déterminé à lui faire découvrir cette artiste qu’il adore. Ensorcelée, la jeune femme a les yeux qui brillent d’émerveillement. « Je suis plus que comblée », lance-t-elle à son compagnon.

La chanteuse Imany et son groupe de huit violoncellistes lors de sa première chanson au temple de Bacchus, au Festival international de Baalbeck, le 16 juillet. Photo Mario Doueiry

Au cœur du spectacle, une transformation transcendantale s’opère lorsque les paroles anglophones laissent la place à l’expressivité enflammée du français. Telle une prêtresse des temps modernes, Imany chante l’histoire d’un peuple meurtri par la misère, convoquant l’esprit même de l’Afrique, ce continent aux richesses infinies et souvent pillé. Sa voix, à la fois révoltée et émue, se fait l’écho des âmes blessées et des rêves brisés par l’oppression passée et présente.

Le mouvement des musiciens évoque les vagues puissantes de l’océan, leurs corps vibrant au diapason de la musique créent un océan sonore qui emporte l’auditoire. Les mélodies enchanteresses invitent à un voyage intérieur où l’âme se libère des entraves du temps et de l’espace. Entre notes et soupirs, cette  musique est bien plus qu’un simple concert ; c’est une célébration de la résilience humaine et une invitation à l’introspection.

« C’est fascinant, tellement différent des spectacles que nous sommes habitués à voir », lance une femme de l’audience à son amie assise à côté d’elle. Quelques rangs devant, le couple Peter et Nancy peine à rester assis sur ses chaises.

Un bref instant, une musique électrique interrompt le voyage et une lumière blanche éclaire la scène, tel un éclair déchirant l’obscurité. Imany ouvre une faille temporelle, comme si elle cherchait à fuir une réalité oppressante. Sa robe tombe, dévoilant un costume doré qui étincelle, lui conférant une aura mystérieuse. « I don’t belong here and I don’t care if it hurts » (« Je n’appartiens pas ici et je m’en fiche si ça blesse »), chante-t-elle, remettant en question son identité et brisant les fondations de son passé pour forger un futur inconnu avant de s’effondrer sur scène. 

La chanteuse française Imany et ses musciens lors de sa première chanson au temple de Bacchus, au Festival international de Baalbek, au Liban, le 16 juillet. Photo Mario Doueiry

Dans le temple, la musique africaine renaît doucement, tel un souffle de vie retrouvé. Les lumières violettes et jaunes nimbent la scène alors que la chanteuse entonne Believer, du groupe Imagine Dragons, et Dance Monkey, de Tones and I. D’une voix empreinte d’émotion, elle se tourne vers son public : « Mon concert, c’est un projet qui défend la liberté, qui cherche au fond de vous à vous rappeler ce que vous êtes sur cette planète. »  Et d’ajouter : « La solidarité vous sauvera. La seule manière de changer le monde, c’est de le regarder différemment. » Ses mots, porteurs d’espoir et de révolte, brisent la bulle qui semblait l’entourer jusqu’à présent. La chanteuse s’ouvre enfin à son public, tissant avec lui un lien émotionnel puissant. « Libérez-vous de vos chaises ! » lance-t-elle à la foule, l’invitant à rejoindre sa danse libératrice. Les spectateurs se lèvent, emportés dans une transe collective où les barrières s’estompent et les différences s’effacent.

Le public danse durant le concert de la chanteuse française Imany au temple de Bacchus, au Festival international de Baalbek, le 16 juillet. Photo Mario Doueiry

Sous les applaudissements d’un public exalté, le miracle s’accomplit une fois de plus. Baalbeck renaît de ses cendres, tel un Phénix ressuscité, dans l’éclat de ce festival international qui célèbre l’essence même de la culture libanaise dans sa diversité et son unicité. Malgré les meurtrissures et les épreuves, les Libanais, gardiens inlassables de leur patrimoine culturel, continuent d’insuffler vie et passion à leur pays du Cèdre à travers l’art, la musique et les festivals. Celui de Baalbeck en premier.

Au pied du majestueux temple de Bacchus, Imany apparaît, drapée de blanc. Huit violoncellistes, tels des âmes liées, s’unissent à la voix magique de cette sorcière vaudou, façonnant un message énigmatique et puissant, empreint d’une énergie féminine qui captive les auditeurs. Leur harmonie fusionne et transporte l’auditoire dans un voyage profond où les frontières entre musique...
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La musique, ahh, que c'est beau et relaxant.

Eddy

09 h 14, le 18 juillet 2023

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Commentaires (1)

  • La musique, ahh, que c'est beau et relaxant.

    Eddy

    09 h 14, le 18 juillet 2023

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