Avec Voodoo Cello, concert du dimanche 16 juillet au Festival de Baalbeck, la chanteuse Imany place huit violoncellistes sur la scène du temple de Bacchus, accompagnés de sa voix aux sonorités graves pour transformer des tubes incontournables de l’histoire de la pop, de Radiohead à Cat Stevens en passant par Donna Summer, Hozier, t.A.T.u., Bob Marley…, et le public ne pourra qu’être ensorcelé et charmé par le mariage des cordes et de sa voix magique.
Si Imany affectionne particulièrement cet instrument, « c’est parce que sa fréquence ressemble à celle du cœur, affirme-t-elle à L'Orient-Le Jour, on pourrait presque imaginer qu’il existe dans cet habitacle un esprit coincé que les musiciens viennent libérer, comme quelque chose de mystique de l’ordre du chakra du cœur. J’ai sûrement dû être un violoncelle dans une autre vie ! ».
Ne pas perdre sa vie à la gagner
D'origine comorienne, Nadia Mladjao, dite Imany, est née en 1979 à Martigues, dans le sud de la France, dans une fratrie de dix enfants. Découverte dans le métro, elle a d’abord été mannequin avant d’embrasser une carrière musicale et de devenir chanteuse. Partie aux États-Unis pour son premier métier, le mannequinat, elle passera huit ans à New York, ce qui lui apprendra à accepter le refus, le rejet. Elle se forge un caractère de résiliente, développe un sens de l’esthétique, prend contact avec des designers talentueux.
« Ce métier m’a ouvert l’esprit, confie-t-elle, il m’a aidé à me définir moi-même, mais j’ai rapidement réalisé que l’on n'utilisait que 10 % de son cerveau et de ses capacités, je m’ennuyais énormément et j’arrivais à la conclusion que je cautionnais un système qui complexait plus qu’il ne valorisait les femmes. Je ne voulais plus perdre ma vie à la gagner. Si la vie se doit d’être compliquée, autant que ce soit pour quelque chose que j’aime et qui en vaille la peine. »
C’est durant son séjour dans la grosse pomme qu'elle attrape d’abord le virus de la musique en écoutant Talkin' Bout a Revolution de Tracy Chapman, et qu’elle décide ensuite de chanter en anglais. Et de préciser : « C’est à New York que j’ai commencé à écrire mes premières chansons, l’anglais était plus facile à écrire et à chanter, le français est une langue beaucoup plus exigeante. Les phrases simples ne sonnent pas juste, alors qu’en anglais vous pouvez tout exprimer plus aisément. La richesse du français est sa force et sa faiblesse, c’est une langue de littérature. L’anglais est une langue plus accessible et puis je voulais voyager avec ma musique et avoir une carrière internationale. »
Dans une entrevue à un journal français, Nadia Mladjao a confié que ses parents n’étaient pas franchement ravis de cette vocation musicale, mais avaient fini par lui apporter leur soutien. Elle avoue, très amusée, qu'elle avait obtenu l’accord de son père sur un malentendu : « Depuis que j'étais toute petite, je voulais être chanteuse et lorsque j’ai demandé l’autorisation à mon père, il avait obtempéré, il était au Kosovo, la connexion était mauvaise et il n’avait rien entendu, il m’avait dit “oui !”. » Depuis, la voix grave d’Imany séduit le public français au rythme de compositions nourries de ses inspirations soul, folk et blues. Du triomphe des deux single Don’t Be So Shy et You Will Never Know, de ses deux albums à la bande originale du film Sous les jupes des filles, Imany enchaîne les succès partout dans le monde.
Sa musique c’est sa foi
Si elle choisit Imany comme nom de scène, ce n’était ni pour sa portée religieuse ni pour son origine en arabe (imane = foi), mais par rapport à un nom de vedette dans un film d'Eddy Murphy, Un prince à New York. « D’ailleurs, dit-elle, j’en ignorais le sens, je l’ai appris beaucoup plus tard, c’était providentiel et encore plus fort pour moi. Quant à mon rapport à la foi, je ne pense pas que tout soit écrit, mais que la vie propose des choix, comme une espèce d’algorithme géant où toutes les possibilités existent, vous choisissez la porte à ouvrir et derrière chaque porte il existe une probabilité, c’est un peu comme les mathématiques quantiques. Si vous décidez de rester assis sur le canapé, il ne va rien se passer. Et si, par contre, vous décidez de vous lever, il peut vous arriver une multitude de choses. J’ai sûrement choisi la porte qui me convenait. »
Et quid du turban ? Imany réaffirme qu’il ne s’agit pas non plus de croyance religieuse, mais de simple esthétique. Au début, c’était une bonne recette pour cacher la misère des cheveux. « Plus tard, je n’avais plus envie d’être prisonnière de ce turban, je me suis rendu compte que si je l’enlevais les gens ne me reconnaissaient plus, alors je l’ai éliminé. »
En plus d’être talentueuse, Imany est une artiste engagée. Elle compose et écrit la bande originale du film Sous les jupes des filles en 2014, réalisé par Audrey Dana. Une expérience singulière pour l'artiste dans « un film de femmes, pour les femmes, par les femmes », dit-elle. C'est la première musique de film créée par Imany. Un des titres Don’t Be Shy est une histoire parlant de la spiritualité qui se dissimule derrière l’acte sexuel : « Faire l’amour n’est pas uniquement un acte sexuel, affirme la chanteuse, on se dévoile, on est soi-même et lorsqu’on fait une personne avec l’autre, alors on est plus proche de Dieu. »
Imany a failli plusieurs fois venir se produire au Liban et un contretemps l’en empêchait à la dernière minute, cette fois-ci c’est la bonne ! Pour ce concert atypique, avec un concept théâtral, de la chorégraphie, une mise en scène où huit violoncelles dansent et bougent, Voodoo Cello est un rendez-vous à ne pas rater.
Voodoo Cello – Imany
Festival international de Baalbeck 2023.
Le dimanche 16 juillet 2023, temple de Bacchus.
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Et nous dans une vie antérieure nous étions .....un pays moderne, ouvert, porte de l'orient et de l'occident, pays multilingue et francophone, pays de miel et d'encens, alors que d'autres états comme les émirats notamment Dubaï n'étaient que déserts à longueur de vue ......Mais ça c'était avant.
18 h 35, le 10 juillet 2023