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Politique - Décryptage

Et si l’heure des pourparlers sur la frontière terrestre avait sonné ?

Et si les derniers développements au Sud n’étaient pas annonciateurs d’une guerre, mais plutôt le prélude à des négociations au sujet de la Ligne bleue ? C’est ce qu’a laissé entendre lundi Nabih Berry, suivi par Nagib Mikati hier... Lorsqu’en octobre 2022, quelques jours avant la fin du mandat de Michel Aoun, un accord sur l’exploitation des ressources maritimes avait été annoncé, beaucoup de spéculations avaient surgi à son sujet. Pour certains, il s’agissait d’une paix déguisée avec Israël. Pour d’autres, au contraire, cet accord était provisoire et ne mettait en aucune manière un terme au contentieux avec Israël, preuve en est que le conflit au sujet des frontières terrestres n’a pas été abordé.

Comme c’est souvent le cas dans les dossiers complexes, la vérité est entre les deux. La soudaine ouverture du dossier de la partie libanaise de la localité de Ghajar, rattachée il y a quelques jours par les Israéliens après l’installation par le Hezbollah de deux tentes sur les collines de Kfarchouba, a remis à l’ordre du jour ce vieux contentieux, d’autant que ces deux zones font l’objet d’un conflit ouvert.

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D’ailleurs, certaines parties libanaises ont immédiatement commencé à évoquer la possibilité d’une nouvelle guerre entre les Israéliens et le Hezbollah, rappelant que la dernière avait eu justement lieu au mois de juillet 2006. Le Liban officiel, lui, a intensifié ses contacts diplomatiques pour tenter à la fois de circonscrire les développements et de chercher à trouver des solutions. L’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, qui s’apprête à clore définitivement sa mission au Liban, a même transmis aux autorités libanaises un message israélien d’apaisement. De leur côté, le commandement de la Finul et la représentante du secrétaire général des Nations unies Joanna Wronecka ont multiplié les contacts politiques avec les responsables libanais.

Sur quoi porte toute cette agitation ? C’est le président de la Chambre Nabih Berry qui a le mieux expliqué la situation. Selon lui, il y aurait là une possibilité réelle de régler le contentieux de la frontière terrestre entre le Liban et Israël. En effet, en 2000, les négociations indirectes entre les Libanais et les Israéliens à travers la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright avaient abouti au retrait inconditionnel des troupes israéliennes du Liban, tout en mettant de côté 15 points conflictuels qu’il n’a pas été possible de régler. Ces 15 points sont situés en plusieurs endroits de la frontière terrestre. Comme il n’a pas été possible de trouver un accord, il a été convenu de les laisser en suspens pour des négociations ultérieures car, en 2000, les Israéliens étaient pressés de se retirer du Liban. Cette ligne ainsi tracée avec les points en suspens a été appelée la Ligne bleue pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’une frontière définitive. Plus tard, en 2006, la résolution 1701, qui avait mis un terme à « la guerre de juillet », a maintenu telle quelle la Ligne bleue.

Quelques années plus tard, à partir de 2011, le président de la Chambre a pris en charge le dossier des négociations indirectes avec les Israéliens pour tenter de délimiter les frontières terrestre et maritime afin de faciliter l’exploitation par les deux camps des ressources gazières et pétrolières des deux côtés de la ligne bleue. Les négociations ont duré des années sans enregistrer une percée. En 2020, grâce à une impulsion américaine, les choses se sont précipitées. Un accord-cadre conclu sous l’égide des États-Unis et le parrainage de la Finul a été conclu. Le 1er octobre 2020, il a été annoncé, lors d’une cérémonie solennelle à Aïn el-Tiné, à Beyrouth. Le même processus a été suivi simultanément à Tel-Aviv et à Washington. Le contenu de cet accord, qui a été lu par M. Berry lui-même en présence de nombreuses personnalités libanaises et diplomatiques, ainsi que du commandement en chef de l’armée, évoque clairement la possibilité d’une entente sur le tracé des frontières maritime et terrestre. Berry a alors estimé avoir accompli la mission qui lui avait été confiée, et il a cédé la place au chef de l’État de l’époque et à une équipe de négociateurs « pour s’occuper des détails techniques ». Selon Nabih Berry, quelque temps après ce développement, les Américains ont déclaré qu’ils voulaient absolument aboutir à un résultat concret au sujet de la frontière maritime. Quitte à mettre de côté pour l’instant le tracé de la frontière terrestre. C’est donc ce qui s’est passé et qui a abouti à la conclusion d’un accord avec les États-Unis et indirectement avec les Israéliens en octobre 2023.

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Toutefois, selon le président de la Chambre, l’accord-cadre de 2020 évoque clairement le tracé de la frontière terrestre. C’est pourquoi, selon lui, le Liban pourrait réclamer que l’on revienne sur ce dossier et qu’on cherche à le régler de façon claire. Il ne s’agit donc pas que de deux tentes ou de la partie libanaise de la localité de Ghajar, mais d’un contentieux plus vaste dont le règlement pourrait commencer par ces deux points. La proposition libanaise de pousser le Hezbollah à enlever la tente dressée sur les collines de Kfarchouba, moyennant le retour de la partie libanaise de Ghajar sous la souveraineté de ce pays, ne serait donc que le prélude à des négociations plus vastes.

Pour Nabih Berry, il s’agit « d’une question de droits, et les habitants du Sud ont vécu des années avec l’occupation sans avoir peur, juste pour les réclamer ». D’ailleurs, il ne craint pas à l’heure actuelle l’éclatement d’une nouvelle guerre avec les Israéliens, même s’il faut s’attendre à tout du côté de l’ennemi. Toutefois, le moment pourrait être adéquat pour ouvrir ce dossier, surtout depuis que les autorités syriennes ont fourni au Liban les documents nécessaires montrant que cette zone ne fait pas partie du Golan, mais bien du territoire libanais. Dans un entretien au quotidien Nida' al-Watan hier, Nagib Mikati a confirmé cette volonté libanaise.

Et si les derniers développements au Sud n’étaient pas annonciateurs d’une guerre, mais plutôt le prélude à des négociations au sujet de la Ligne bleue ? C’est ce qu’a laissé entendre lundi Nabih Berry, suivi par Nagib Mikati hier... Lorsqu’en octobre 2022, quelques jours avant la fin du mandat de Michel Aoun, un accord sur l’exploitation des ressources maritimes avait été...

commentaires (4)

Hassouna refuse de négocier le tracé de la frontière avec Israel. Donc Nagib Mikati écrase toi, le guide suprême l’a décidé

Lecteur excédé par la censure

22 h 21, le 12 juillet 2023

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Commentaires (4)

  • Hassouna refuse de négocier le tracé de la frontière avec Israel. Donc Nagib Mikati écrase toi, le guide suprême l’a décidé

    Lecteur excédé par la censure

    22 h 21, le 12 juillet 2023

  • Un seul probleme! Les habitants de Ghajar ne veulent pas etre rattaches au Liban. Ils perdraient l'eau, l'electricite, la couverture sociale et devraient utiliser la monnaie de singe locale....

    IMB a SPO

    21 h 54, le 12 juillet 2023

  • Toutes ces disputes sont à faveur d’Israël

    Eleni Caridopoulou

    17 h 03, le 12 juillet 2023

  • Il faut bien entendu avoir un trace clair de la frontière terrestre avec Israël ET aussi avec la Syrie

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 52, le 12 juillet 2023

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