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Partez à la (re)découverte de villages du Liban - Tourisme interne

Hermel, l'oasis au milieu du désert


Le mystérieux édifice du Hermel, visible de loin, annonce une arrivée imminente au village.

(Cet été, nous vous emmenons à la (re)découverte de villages libanais, en vous proposant certains reportages qui avaient été publiés lors des différentes éditions de notre concours « Le village préféré des Libanais ». Ce reportage, republié dans une version légèrement amendée, avait été originellement publié le 10 juillet 2019.)

Il faut se lever de bonne heure pour découvrir les trésors cachés de Hermel. À moins d’une quinzaine de kilomètres de la frontière syrienne, Hermel est niché au nord-est de la vallée de la Békaa, et il faut compter un peu moins de trois heures pour y arriver en partant de Beyrouth. Sur la route, rien de mieux qu’une man’ouché à base de tannour, ce pain cuit sur les parois intérieures d’un four en argile et que l’on retrouve dans toutes les maisons traditionnelles du Hermel, pour vous donner assez d’énergie pour découvrir les multiples richesses du village. Optez de préférence pour celle au kechek, un fromage séché à base de yogourt fermenté mélangé avec du blé concassé, qui est l’une des spécialités les plus connues du coin.

La mystérieuse Qamoua de Hermel, sorte de tour rectangulaire et massive en pierre chapeautée d’une forme pyramidale, est visible de loin et annonce la proximité du village aux touristes d’aujourd’hui, tout comme elle a pu servir de repère aux caravanes marchandes au fil des siècles, puis aux disciples de saint Maron ayant quitté la région d’Apamée de la Syrie seconde, après la mort de ce dernier en 410.

En ce qui concerne l’origine de l’édifice, plusieurs histoires circulent. La version la plus farfelue voudrait que cette construction de 27 mètres de hauteur ait été construite par Ramsès II après sa victoire autoproclamée contre les Hittites durant la bataille de Qadesh (non loin du Hermel actuel), en 1274 av. J.-C. D’autres estiment que cette construction est intervenue bien plus tard, vers l’année 332 av. J.-C., sur ordre d’Alexandre le Grand qui autorisa la construction de ce temple après avoir assuré une mainmise sur l’ensemble de la Phénicie. Certains en font un mausolée pour un prince syrien du Ier ou IIe siècle avant J.-C…

Au Ve siècle, les disciples de saint Maron, qui ont pris possession d’une grotte invisible de l’extérieur, la transformeront en premier monastère maronite du Liban. Photo DR.

La seule certitude est que l’édifice a été restauré en 1931 lors du mandat français, comme en témoigne la différence de teinte entre les pierres originales et celles qui ont été ajoutées lors de la restauration. Les scènes de chasse sculptées et toujours visibles sur trois des quatre façades de la construction ont été nettoyées durant cette période. Le monument a toutefois également été vandalisé au cours des vingt dernières années, puisqu’en l’absence de toute surveillance, des graffitis en tout genre y ont été apposés.

Ce site historique est d’ailleurs le meilleur endroit à partir duquel admirer le village de Hermel. Derrière les Lazzab, ces genévriers millénaires, symboles de cette oasis au beau milieu d’un plateau désertique, on aperçoit le fleuve de l’Oronte, le rebelle, qui longe le village. Généreux et impulsif, ce cours d’eau d’un puissant débit séduit tant les amoureux de la nature que les passionnés d’histoire.

Il prend sa source à Aïn ez-Zarqa, qui se trouve également à l’entrée du village, avant de poursuivre son chemin en Syrie, en passant par Homs et Hama, puis de traverser Antioche en Turquie, vers le lac d’Antioche, avant de déboucher sur la Méditerranée. Légère, pure et froide, son eau est toujours potable lorsqu’elle est recueillie à sa source. C’est certainement pour cette raison que Zénobie, la reine de Palmyre, fit construire durant son bref règne (267-273) un canal de 90 kilomètres, à plus de 35 mètres de profondeur, afin d’acheminer, sans que ses ennemis ne puissent l’en empêcher, l’eau de la source de l’Oronte à Palmyre.

Deux siècles plus tard, ce seront les disciples de saint Maron qui, ayant pris possession d’une grotte invisible de l’extérieur qu’ils transformeront en premier monastère maronite du Liban, creuseront un puits de 90 mètres de profondeur afin de tirer l’eau de l’Oronte. Le puits, qui existe toujours, est actuellement en cours de restauration, tout comme l’ensemble de la grotte construite sur trois niveaux, depuis que Bkerké a réussi à récupérer ce terrain après des décennies de conflits juridiques avec des notables du Hermel, puis avec l’État. Cela fait un an désormais qu’une messe y est prononcée tous les dimanches matin.

Mais s’il est difficile de visiter l’ensemble des sites archéologiques et historiques du village en une seule journée, le Hermel peut aussi offrir un cadre reposant pour se reconnecter avec la nature et s’essayer à une vie plus calme, notamment en se réfugiant dans le jurd du Hermel. Le village est aussi le spot parfait pour les amateurs d’écotourisme et de canoë-kayak. Tout le long du fleuve, restaurants et écolodges proposent ce type d’activités pour les enfants comme pour les adultes. Le village a ainsi pour habitude d’accueillir des groupes – étudiants, visiteurs plus ou moins jeunes – et de leur proposer, en plus du canoë-kayak, des activités de tyrolienne, des espaces pour camper ou encore des animations nocturnes autour d’un feu de bois.

Amoureux de la nature et passionnés d’histoire pourront, enfin, se retrouver autour d’un bon repas sur les rives de l’Oronte. Les nombreux restaurants au bord du fleuve proposent quasiment tous des plats à base de truites déclinées à toutes les sauces. Un incontournable du village. Et en guise de dessert, ce sera des fruits de saison : pastèques, cerises ou encore abricots en provenance directe des champs du village. Un vrai régal !

Le village est connu pour la culture de la truite ; ce poisson ne peut vivre que dans une eau propre à très basse température. Photo Anne Ilcinkas.


Fiche technique

Nombre d’habitants : 65 000 résidents dans la zone relevant de la municipalité du Hermel, été comme hiver.
Altitude : 700 mètres.
Célébrités du village : l’ancien président du Parlement Sabri Hamadé (1902-1976), qui a occupé ce poste à plusieurs reprises entre 1943 et 1970 et qui est considéré comme un des hommes de l’indépendance ; l’ancien président du syndicat des éditeurs de presse libanais et journaliste Riad Taha, né en 1927 au Hermel et assassiné en 1980 ; Samir Chamas, acteur de cinéma et de séries télévisées, né en 1942.
Spécialités culinaires : le kechek, ce fromage séché à base de yogourt fermenté mélangé avec du blé concassé est l’une des spécialités les plus connues du Hermel, avec le makdous : ces petites aubergines farcies aux noix, à l’ail et au piment, puis fermentées. Le pain tannour est également une spécificité du Hermel. Pour les plats traditionnels, difficilement trouvables dans les restaurants, le Hermel est connu pour le dfin, un mélange de blé concassé et de pois chiche, et le kechek aa lahmé, de la viande cuisinée au kechek.
Climat : semi-désertique : il fait très froid l’hiver, très chaud l’été du fait d’un vent chaud et sec.


Comment y accéder ?

À partir de Beyrouth, prendre l’autoroute de Damas en direction de Zahlé, puis une fois au niveau de Zahlé prendre la route de Baalbeck, ensuite la route de Ras Baalbeck-Hermel. Il faut compter 2h30/3h entre Beyrouth et le Hermel.


À ne pas rater

– La pyramide du Hermel (Qâmou’ el-Hermel), à 6 kilomètres au sud du village.
– Le monastère de saint Maron, une grotte où les disciples du prêtre syriaque avaient trouvé refuge au Ve siècle. Des messes y sont organisées chaque dimanche.
– Le fleuve de l’Oronte, ses activités de rafting, sa source bleue d’eau fraîche et potable et ses délicieuses truites. Un séjour au club l’Oronte : pour 70 dollars par personne, vous aurez droit à une pension complète, une nuitée, une matinée de canoë-kayak et une soirée au feu de bois.
– Les ruines de l’église byzantine et les plaques Nabuchodonosor de Brissa.
– Les chutes de Dardara et de Hira.
– Le moulin d’al-Amriya, chef-d’œuvre architectural à la frontière syrienne.

(Cet été, nous vous emmenons à la (re)découverte de villages libanais, en vous proposant certains reportages qui avaient été publiés lors des différentes éditions de notre concours « Le village préféré des Libanais ». Ce reportage, republié dans une version légèrement amendée, avait été originellement publié le 10 juillet 2019.)Il faut se lever de bonne heure pour découvrir...

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