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Lifestyle - La Mode

Zuhair Murad sculpte le Parfum de minuit

À travers l’une des collections les plus spectaculaires de la semaine parisienne de la haute couture, Zuhair Murad explore le monde de la nuit sur une note gothique contemporaine. Un exercice téméraire où l’inspiration, quasi mystique, se traduit en féerie.

Zuhair Murad sculpte le Parfum de minuit

Tout, dans cette collection, évoque un luxe médiéval, des réminiscences gothiques décalées, traduites en fantasmes éminemment contemporains. Photo Zuhair Murad

Palette réduite au noir absolu traversé de quelques éclairs d’argent, blanc laiteux et pourpre éteint, créatures nocturnes déployant leurs sortilèges… À contre-courant de sa propre tendance à créer des collections en couleurs vibrantes et saturées, Zuhair Murad se lance pour la première fois dans une exploration des nuances nocturnes. Le noir qui porte en lui toutes les couleurs et que les artistes réservent, avec le blanc, dans la catégorie des « valeurs » semble se suffire à lui-même. Le défi que se pose le couturier est de transformer cette limite en chemin et d’ouvrir dans le noir l’horizon infini de la nuit. La nuit est mystères, vies secrètes, invisible révélé par un faible éclat de lumière, astres miroitants, entre-deux du rêve et de la réalité, réminiscences, fêtes somptueuses qui invitent dans leur élégance les antiques sabbats où la liberté est souveraine.


La nuit est mystères, vies secrètes, invisible révélé par un faible éclat de lumière, astres miroitants, entre-deux du rêve et de la réalité. Photo Zuhair Murad

La faune et la flore de l’heure obscure

Des phalènes argentées, moirées de pourpre, se détachent en broderies précieuses sur la nuit capiteuse d’une veste de velours corsetée, à décolleté géométrique. La dentelle des manchettes rejoint la fluidité d’une jupe longue, haut fendue, dont le tombé évoque une cascade nocturne.

La ferronnerie d’un manoir abandonné se dessine en dentelles et broderies éclatantes sur le motif d’une robe courte adoucie de voiles de tulle noir ou d’un pantalon en macramé argent.

Le corbeau prête la ligne claire de ses plumes à un semis de motifs décalés, argent sur noir. Des plumes, encore, noires, à tiges longues, créent autour des robes un mouvement subtil, un rayonnement invisible, une caresse ineffable. La chauve-souris, reine de la nuit, inspire avec l’arc distinctif de ses ailes le tracé rigoureux d’un col. Son ombre furtive se reflète en incrustations de dimensions variées sur une chute de tulle. Une cape monumentale, détachée d’un bouillonnement de taffetas, prête son effet dramatique à des robes où la lingerie affleure, où la corsetterie se fait architecture, imite le fer forgé, structure le corps, exalte la sensualité tout en la tenant à distance comme le ferait le portail d’un château replié sur sa propre nuit.

Pour mémoire

Zuhair Murad imagine la vie rêvée des héritières et fait chanter la nostalgie au présent

Des roses s’épanouissent en taffetas, s’agglutinent en bouquets surréels, sublimement vénéneux. La clarté lunaire donne à leur démesure de sombres flamboyances, rouge éteint, pourpre, mauve. Leurs tiges épineuses se font lianes, enserrent, encerclent, se jouent des rayons de lune en broderie de fil d’argent, rayures barbelées sur un tailleur-pantalon d’allure masculine, mais fluide, fendu, à la fois tactile et interdit. Une rose noire, immense, se pose en contrepoint à la jonction d’un corset de velours dont émerge une jupe opulente à motif de roses en jacquard fil coupé. La faune et la flore de l’heure obscure donnent libre cours à leurs fantaisies, tour à tour inquiétantes ou familières, selon que la lumière les révèle ou que l’ombre les cache.

Tout, dans cette collection, évoque un luxe médiéval, des réminiscences gothiques décalées, traduites en fantasmes éminemment contemporains. Magnétique, le noir est ici l’essence même de la séduction, et ses feux tamisés fascinent infiniment.


La ferronnerie d’un manoir abandonné se dessine en dentelles et broderies éclatantes sur le motif d’une robe courte adoucie de voiles de tulle noir. Photo Zuhair Murad


Présence du passé et du futur dans l’instant

Le couturier, qui n’a jamais caché ses superstitions, son attirance pour l’ésotérisme, l’astrologie et les arts divinatoires, ni sa quête d’une connexion avec l’univers, poursuit son exploration de la fluidité du temps, la présence du passé et du futur dans l’instant. L’immeuble qui abrite ses ateliers se situant exactement dans le profil des silos ayant été durement touché par la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, il a encaissé la catastrophe en s’engageant dans un face-à-face avec le destin, toujours plus intrigué par ses signaux qu’il tente de déchiffrer à travers ses créations. Les réminiscences du passé, les alignements stellaires, les murmures cosmiques, les trésors cachés se traduisent dans ses robes en broderies éblouissantes et volumes inédits.



Depuis le lancement de son label à Beyrouth, en 1997, et son accueil par la chambre syndicale de la haute couture, en 2012, en tant que membre invité, Zuhair Murad devient rapidement un pilier des tapis rouges. Ses broderies tatouage et son style sensuel, son sens particulier du glamour, son identité affirmée lui valent la fidélité inconditionnelle de nombreuses stars du cinéma et de la pop, telles que Catherine Zeta-Jones, Miley Cyrus, Kristen Stewart, Taylor Swift, Carrie Underwood, Beyoncé, Jennifer Lopez, Kellie Pickler, Shakira, Katy Perry, Christina Applegate, Ana Ortiz, Vanessa Williams, Adele, Olivia Culpo, Eva Longoria et bien d’autres.


Palette réduite au noir absolu traversé de quelques éclairs d’argent, blanc laiteux et pourpre éteint, créatures nocturnes déployant leurs sortilèges… À contre-courant de sa propre tendance à créer des collections en couleurs vibrantes et saturées, Zuhair Murad se lance pour la première fois dans une exploration des nuances nocturnes. Le noir qui porte en lui toutes les couleurs...

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Bravo!

Marie Claude

07 h 45, le 12 juillet 2023

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Commentaires (1)

  • Bravo!

    Marie Claude

    07 h 45, le 12 juillet 2023

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