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Lifestyle - La Mode

Zuhair Murad imagine la vie rêvée des héritières et fait chanter la nostalgie au présent

La collection haute couture Zuhair Murad du printemps-été 2023, montrée le 25 janvier à l’hôtel Potocki à Paris, ressuscite une élégance surannée que de jeunes descendantes de vieilles fortunes empruntent à leurs aïeules.

Zuhair Murad imagine la vie rêvée des héritières et fait chanter la nostalgie au présent

Un peu « Dynastie », un peu hippie, un peu années folles, cette collection est un plaisir de tous les sens. Photo DR

Depuis son récent retour dans ses ateliers face au port de Beyrouth, détruits par la double explosion du 4 août 2020, Zuhair Murad renoue avec les premières émotions qui ont tracé son univers de couturier. Cet intuitif, toujours en quête d’une connexion avec l’univers, percevant le temps comme une existence simultanée du passé, du présent et du futur, s’est plongé cette fois dans l’univers d’une génération old money. De ces réminiscences cinématographiques, sans doute influencées aussi par la vie mondaine au Liban des années 1960, il exhume la garde-robe festive de jeunes femmes qui n’ont rien à prouver. Dans leur dolce vita contemporaine se télescopent des robes et des accessoires qui ont fait la gloire de leurs aïeules dans les années 1920, 1970 ou 1980.

Des réminiscences cinématographiques sans doute influencées aussi par la vie mondaine au Liban des années 1960. Photo DR

Un peu « Dynastie », un peu hippie, un peu années folles

Sorties des coffres, dépoussiérées, réinventées, décomplexées, leurs tenues poursuivent sous les astres de la Riviera une saga qui ne connaît pas de fin. Un peu Dynastie – ce feuilleton américain qui a obsédé la génération des 80’s, rebooté en 2017 –, un peu hippie, un peu années folles, cette collection est un plaisir de tous les sens. Une profusion de plumes auréole des silhouettes que sublime la lumière, ou terminent des manches en froufrous théâtraux. Des cascades de cristaux s’écoulent le long des fourreaux, se rejoignent en tourbillons, s’irisent, reprennent en silence un hymne à la joie venu d’un temps oublié. Des bijoux opulents, peu importe leur valeur, se posent en évidence comme des porte-bonheur, des talismans accrocheurs réactivés pour attirer l’amour et la chance.

Le macramé cher aux années 1920, réapproprié par les années 1970 comme symbole d’un retour au fait main face à l’industrialisation rampante, s’exprime dans un vocabulaire haute couture, en motifs de broderies. Les ornements de tête font un clin d’œil au cabaret et aux grandes années Joséphine Baker, décidément la muse incontournable de cette année 2023.

Des cascades de cristaux s’écoulent le long des fourreaux, se rejoignent en tourbillons et s’irisent. Photo DR

Un raffinement naturel

Derrière cette collection, une vision, une histoire, une scène de film, peut-être : celle d’un grand soir en bord de mer. Dans les manoirs Belle Époque de la Riviera française, les siècles se télescopent. Avec une élégance désinvolte, une nouvelle génération d’héritières redonne vie aux patrimoines familiaux. Il faut imaginer la liberté de leurs journées azur et or, entre rires, confidences et sensualité. Pour les nuits annoncées dans la même note, une joie douce culmine dans un raffinement naturel qui exclut tout excès. Sur les corniches de la baie la plus mythique du monde, dégringolades en Vespa, à bicyclette ou en décapotable, cheveux disciplinés dans des capelines de paille ou de grands foulards de soie, tantôt noués en chignon, tantôt flottant au vent. Parties animées de badminton ou de pétanque, à l’ombre des tilleuls et des pins, trempettes impromptues dans des criques sauvages, pique-niques sur les galets, pastis et pissaladières. Juste avant le crépuscule, on reprend la route de l’arrière-pays. Dans les boudoirs pastel du manoir familial, chacun se prépare à célébrer le coucher du soleil.

Sorties des coffres, dépoussiérées, réinventées, décomplexées, ces tenues poursuivent sous les astres de la Riviera une saga qui ne connaît pas de fin. Photo DR

Reprendre la vie là où elle s’est arrêtée

Le grésillement des cigales s’est tu. Comme dans un rêve, les jeunes filles émergent, descendent lentement le double escalier du porche ouvert sur la pelouse. Dans le jardin manucuré, une musique douce accompagne la tombée du soir. Éclats de rire, conversations feutrées. Des cocktails sont servis. Une lumière rosée souligne les détails des robes longues qu’on croirait empruntées à la jeunesse fantasque de quelque parente, icône de la vie nocturne d’une époque révolue. Les motifs des broderies s’inspirent des détails architecturaux de la Belle Époque. La soie murmure en caddie, tulle, mousseline, taffetas, satin, jersey ou chiffon.

La palette, souvent ombrée, épouse les feux du soleil couchant sur la mer. Rose tendre, rose éclatant, orange flamme, vert pâle, bleu Caraïbes, jaune de lumière finissante… Un or amorti, un blanc chantilly soulignent de leurs valeurs une collection où dominent le drapé et les broderies précieuses. Les bijoux transmis, pierres inestimables ou broches hollywoodiennes, sortent des coffres et viennent souligner, toutes valeurs mêlées, la souplesse d’un fourreau, le modelage d’un buste.

Et bien sûr ce petit air des années folles qui ressuscite, entre franges, taille froncée, voiles intégrés, ornements de tête ou ruissellements de cristaux, la gaieté d’une époque qui se relâche après l’inimaginable tension de la Première Guerre mondiale.

Ces mêmes années 20 qui ont irrigué de leur nostalgie les années 1970 reviennent, combinées en petites touches, dans la haute couture printemps-été 2023 Zuhair Murad, où l’on retrouve les manches cloches ou chauve-souris, les ensembles pantalons fluides à effet pyjama, le macramé en broderies précieuses et, surtout, une folle envie de reprendre la vie là où elle s’est arrêtée, entre Covid et crises. En ne gardant que l’essentiel.


Depuis son récent retour dans ses ateliers face au port de Beyrouth, détruits par la double explosion du 4 août 2020, Zuhair Murad renoue avec les premières émotions qui ont tracé son univers de couturier. Cet intuitif, toujours en quête d’une connexion avec l’univers, percevant le temps comme une existence simultanée du passé, du présent et du futur, s’est plongé cette fois...

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