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Partez à la (re)découverte de villages du Liban - Tourisme interne

Baskinta, maison de la sérénité

Le village de Baskinta repose paisiblement au pied du majestueux mont Sannine. Photo DR.

(Cet été, nous vous emmenons à la (re)découverte de villages libanais, en vous proposant certains reportages qui avaient été publiés lors des différentes éditions de notre concours « Le village préféré des Libanais ». Ce reportage, republié dans une version légèrement amendée, avait été originellement publié le 10 juillet 2019.)

À 45 km seulement de Beyrouth, le village de Baskinta, perché à une altitude de 1 350 mètres, repose paisiblement au pied du majestueux mont Sannine.

Après avoir serpenté le long de la profonde « vallée des crânes » (wadi el-Jaméjim) et son immense pinède, apparaît, au sortir du dernier virage, une grosse bourgade de maisons aux toits de tuile rouge. En syriaque, Baskinta signifie « Maison de la sérénité ». De fait, dans ce village, l’on se sent vite bien, un peu comme chez soi, rien qu’en contemplant les vieilles maisons en pierre, certaines aux volets fraîchement repeints, réparties entre des chênes. « Sérénité », car de la bourgade, le regard embrasse un paysage apaisant de vergers dont le rose et le blanc des pommiers et cerisiers en fleur invitent à la rêverie.

Au détour des rencontres, l’on entendra souvent : « Le Liban fait 10 452 kilomètres carrés et Baskinta représente les derniers 52 km2. » La fierté d’appartenir à ce village brille dans les yeux de chaque habitant quand il évoque la localité qui a vu défiler des civilisations différentes depuis la plus haute antiquité. Baskinta a d’abord abrité les Phéniciens qui y ont construit temples et cimetières, puis les peuples romain et grec, qui y ont laissé leur empreinte à travers des vestiges écrits, pièces de monnaie et bijoux.

Baskinta s’impose par ailleurs comme une destination incontournable du tourisme religieux libanais grâce à une vingtaine de couvents et églises qui racontent chacun son histoire. Le couvent Mar Sassine, appartenant aux religieuses chapeautées par l’ordre des moines libanais, est caractérisé par sa croix géante, sa vue pittoresque et sa sérénité ; il aurait été construit en 1729. Deux églises Mar Roukoz se situent à proximité l’une de l’autre. Cette proximité a une histoire, de celles qui font les mythes des villages et que les dames du village se plaisent à raconter : « Sur l’emplacement de la vieille église, une autre, nouvelle, devait être construite il y a longtemps. La municipalité a essayé à plusieurs reprises de lancer les travaux de démolition, mais à chaque fois que les véhicules et les machines se mettaient en marche, ils s’arrêtaient sans raison, comme si une certaine force les bloquait. C’est comme si Dieu voulait que cette petite chapelle reste intacte. »

Sculpture représentant Mikhaël Neaïmé dans le jardin commémoratif à Chakhroub. Photo DR.Le parcours littéraire

Qui dit Baskinta dit aussi « parcours littéraire ». Il s’agit d’une randonnée de 9 km qui passe par les sites culturels les plus importants du village, sur les pas des écrivains y ayant trouvé une source d’inspiration. Ce parcours débute au jardin commémoratif de l’écrivain Mikhaël Neaïmé, où se trouvent son mausolée et sa tombe. Poète, écrivain et philosophe libanais, figure illustre de la littérature arabe moderne, l’auteur de Sabhoun est à l’honneur dans ce jardin mémoriel, où une sculpture imposante le représentant a été installée au bout d’un sentier jalonné d’arbres touffus. Les villageois racontent que Mikhaël Neaïmé avait écrit la plupart de ses œuvres dans une hutte aménagée entre les rochers. « L’amour que je porte à Baskinta et Chakhroub ne peut ni se limiter ni se définir. Je leur dédie alors ce mot, aussi éphémère soit-il », avait-il notamment écrit.

Le long du sentier, orchidées sauvages, anémones, asphodèles et pissenlits accompagnent les touristes jusqu’à la maison d’été de Mikhaël Neaïmé où il a écrit son autobiographie, Sabhoun, sous un vieux chêne.

Le parcours mène ensuite aux inscriptions romaines de l’époque de l’empereur Hadrien, avant de déboucher sur la maison familiale de l’écrivain Suleiman Kettaneh qui y vécut entre 1935 et 1965. À mi-chemin, à travers la vallée, la grotte de Sayf el-Dawla, dirigeant arabe du Xe siècle qui protégeait les poètes et encourageait l’éducation, apparaît. Sur le parcours, une petite forêt de cèdres ajoute une touche de charme à cette « vallée des crânes ». Cette forêt, baptisée « Cèdres de Baskinta pour toujours », est constituée de 46 jeunes plants de cèdre, portant chacun le nom d’un martyr de l’armée. Le parcours littéraire passe aussi par le centre culturel Abdallah Ghanem, aménagé en hommage au poète, philosophe et journaliste né à Baskinta en 1895, et inspiré, pour la plupart de ses poèmes, par la campagne environnante. Le dernier arrêt se fait à la maison de l’écrivain Suleiman Kettaneh où il vécut entre 1965 et 2004.

Spécialités culinaires de Baskinta

Baskinta est aussi célèbre pour ses pommes légèrement acidulées. Pour les amoureux de produits naturels, « Mymouné », usine familiale cofondée en 1989 par Youmna Goraieb et Leila Maalouf, deux sœurs, dans le village de Aïn el-Qabou (à cinq minutes de Baskinta), propose des visites guidées aux personnes intéressées par la fabrication de provisions ou mouné, notamment des confitures, des sirops et autres gourmandises.

L’église Mar Roukoz dans le centre de Baskinta. Photo DR.Croix de Bakiche

Qanat Bakiche, qu’il est possible de visiter après Baskinta, est aujourd’hui célèbre pour ses espaces consacrés aux sports de plein air, notamment le ski en hiver. Ce site de plus en plus animé, en hiver aussi bien qu’en été, abrite divers hôtels et auberges qui attirent un nombre important de touristes. Sur le plus haut sommet de Qanat Bakiche, une croix gigantesque est plantée. Nommé « la croix de tous les peuples », ce site surplombe un paysage à couper le souffle, surtout au coucher du soleil. La croix est constituée de 170 tonnes de fer importé de France et fait 73,8 mètres de hauteur. 1 800 projecteurs l’illuminent, comme pour « insister sur la présence chrétienne au Moyen-Orient », selon les villageois.


Fiche technique

Nombre d’habitants : 15 000 habitants dont environ 8 000 y résident en permanence.
Altitude : 1 350 mètres.
Célébrités issues du village : les écrivains, poètes et philosophes Mikhaël Neaïmé, Abdallah Ghanem, Suleiman Kettaneh, Rachid Ayoub, Georges Ghanem et Robert Ghanem. Ghaleb Ghanem est un ancien président du Conseil supérieur de la magistrature. Kehdy Farhoud Kehdy, avocat.
Climat : méditerranéen, modéré en hiver comme en été, neige sur les hauteurs.


Comment y accéder ?

Pour se rendre à Baskinta, il est possible d’emprunter la route d’Antélias, Bickfaya, Bteghrine, Baskinta, ou bien l’itinéraire passant par Kfardebiane, Bqaatouta, Baskinta. Ou encore, au niveau de Nahr el-Mott, prendre l’autoroute Émile Lahoud, qui mène jusqu’à Baabdate, puis à Dhour Choueir, et de là-bas vers Baskinta. À 45 km de Beyrouth, ce village perché à une altitude de 1 350 m repose paisiblement au pied du mont Sannine emblématique, majestueux et tout blanc l’hiver.


À ne pas rater

– Le jardin commémoratif, la sculpture et le tombeau de Mikhaël Neaïmé.
– La maison d’été de Mikhaël Neaïmé.
– La maison familiale de l’écrivain Suleiman Kettaneh.
– La grotte de Sayf el-Dawla.
– Le centre culturel Abdallah Ghanem.
– Les églises Mar Roukoz.
– Le couvent Mar Sassine.
– La croix de Bakiche.

(Cet été, nous vous emmenons à la (re)découverte de villages libanais, en vous proposant certains reportages qui avaient été publiés lors des différentes éditions de notre concours « Le village préféré des Libanais ». Ce reportage, republié dans une version légèrement amendée, avait été originellement publié le 10 juillet 2019.)À 45 km seulement de Beyrouth, le village de...

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Baskinta, la rose de Sannine ❤️

Le Tigre

15 h 41, le 15 août 2023

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Commentaires (1)

  • Baskinta, la rose de Sannine ❤️

    Le Tigre

    15 h 41, le 15 août 2023

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