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Société - Liban

Hausse des noyades au Liban : comment éviter que la baignade ne tourne au drame

Les parents sont appelés à faire preuve de plus de vigilance lorsque leurs enfants se trouvent dans l'eau. De leur côté, les FSI et la Défense civile demandent aux habitants de respecter les consignes de sécurité.

Hausse des noyades au Liban : comment éviter que la baignade ne tourne au drame

Une personne se noyant dans une piscine se fait secourir. Photo d'illustration Bigstock

« En 2023, les cas de noyade sont plus élevés que les années précédentes.» Alors que la saison des baignades n'en est qu'à ses débuts au Liban, ce premier constat a été établi par Samir Yazbek, chef des unités de secours de la Défense civile.

Contacté par L'Orient-Le Jour, il explique que « les trois années précédentes ont enregistré moins de noyades, car les gens étaient confinés chez eux en raison de la pandémie. Cet été, les gens retournent à la plage et les cas sont en augmentation.» Selon lui, la majorité des victimes sont des personnes âgées de 18 à 30 ans qui ne respectent pas les règles de sécurité, telles que ne pas nager dans une mer agitée ou lors des marées hautes. Ces incidents se concentrent principalement sur les plages de Saïda et de Tyr au sud du Liban, ainsi que sur les plages de Ramlet el-Baïda à Beyrouth et de Jbeil au nord du Liban, selon la Défense civile.

Cette observation est confirmée par une source haut placée au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), qui précise toutefois qu'il n'existe pas de données précises sur les cas de noyade au Liban. « De nombreux cas sont signalés en raison du non-respect des règles établies. Cela concerne notamment les personnes qui choisissent de se baigner malgré les avertissements concernant les forts courants et les interdictions de baignade, ainsi que celles qui nagent dans des bassins d'irrigation agricole », explique la source. 

Comment faire pour éviter que les baignades ne tournent au drame ? 

- Natation, panique et conditions de l'eau

« Pour se protéger de la noyade, il est tout d'abord essentiel de savoir nager avant de s'aventurer dans la mer ou dans les zones profondes d'une piscine», explique le professeur Manal Nader, directeur de l'Institut de l'environnement de l'Université de Balamand et plongeur scientifique professionnel.

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S'équiper d'un matériel de sécurité de base, comme des brassards ou un gilet de sauvetage, est également important pour les baigneurs peu aguerris. 

« Il est essentiel de connaître les zones sûres pour la baignade et de ne pas s'aventurer dans des endroits dangereux où les conditions peuvent être difficiles », ajoute M. Nader. 

Ziad Halabi, directeur de l'Association libanaise pour la prévention des blessures sportives (Lasip), cite, parmi les lieux de baignade à risques, « les plages sans maîtres-nageurs, souvent gratuites, ainsi que celles situées sur des rochers ». Sur ces dernières, « les vagues frappent les rochers et il peut être particulièrement difficile de sortir de l'eau sans glisser sur la vase ».

Un autre élément important est « d'éviter de paniquer en cas de situation difficile dans l'eau. La panique peut augmenter considérablement les risques de noyade, surtout chez les enfants ».

Si le nageur est emporté par le courant, en mer comme sur une rivière, « il est recommandé de ne pas lutter contre la force de l'eau, mais plutôt de nager avec le courant pour prévenir l'épuisement et le risque de noyade».

- Les parents : premiers responsables de la sécurité des enfants

La première responsabilité concernant la sécurité des enfants au bord de points d'eau incombe d'abord aux parents. Pour Ziad Halabi, « bien que les centres balnéaires et les sauveteurs aient une part de responsabilité, il est aujourd'hui primordial que les parents comprennent qu'ils ne peuvent pas compter uniquement sur ces derniers et laisser leurs enfants seuls dans l'eau, que ce soit à la mer ou dans une piscine peu profonde, pour aller prendre un bain de soleil », avertit-il. Il explique que, la loi au Liban ne précisant pas combien de sauveteurs doivent être présents en bord de piscine, de nombreux centres balnéaires sont en sous-effectif de sauveteurs. 

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L'expert ajoute qu'« il est scientifiquement prouvé qu'un enfant peut se noyer en moins d'une minute, sans faire aucun bruit, contrairement à un adulte qui met environ 3 minutes et fait beaucoup de bruit en se noyant. Cela est lié à la psychologie de l'enfant qui reste silencieux et immobile, paralysé par la panique, même s'il a pied dans l'eau ».

- Les risques de l'apnée

L'expert met en outre en garde contre un « jeu dangereux pour les enfants », qui veulent garder la tête sous l'eau le plus longtemps possible. « Si les parents autorisent leurs enfants à jouer à ce jeu, ils doivent veiller à ce qu'ils ne fassent pas d'hyperventilation avant de descendre dans l'eau (inspirer profondément à plusieurs reprises avant de retenir leur respiration et de plonger). Cela réduit le taux de CO2 dans le sang mais n'augmente pas le taux d'oxygène. Lorsque l'enfant est dans l'eau avec un faible taux de CO2, son corps ne comprend pas qu'il faut respirer et ne lui donnera pas l'ordre de le faire. Il y a alors un risque d'évanouissement de l'enfant, la tête sous l'eau », explique M. Halabi. 

- Les dangers de la rivière

Ziad Halabi met également en garde contre les risques de la baignade en rivière, où l'eau est moins salée et où des courants forts peuvent emporter les nageurs.

M. Nader recommande également « de ne pas nager dans les fleuves en période de fonte des neiges. Outre les courants puissants en ces saisons, l'eau est souvent très froide, ce qui réduit le métabolisme et provoque la vasoconstriction des vaisseaux sanguins, rendant la natation plus difficile ».  

Le directeur de la Lasip soulève également les risques du rafting sur les rivières libanaises, surtout en l'absence de réglementations légales. « Toutes les entreprises qui proposent ce service au Liban sont privées et ne sont soumises à aucune réglementation », ajoute-t-il, estimant qu'il faut donc s'assurer que le club choisi a « embauché des entraîneurs qualifiés ».

- Les bassins d'irrigation

Les deux experts, ainsi que la Défense civile et les FSI, pointent du doigt les dangers de la baignade dans les bassins d'irrigation agricole. « Ces bassins sont de grands trous recouverts de nylon. Au fil du temps, des algues se forment et rendent les surfaces très glissantes. Leur forme semi-sphérique ne comporte aucun endroit où s'accrocher », met en garde M. Halabi.

Un secouriste de la Défense civile libanaise sort une femme et un enfant de 13 ans d'un bassin d'irrigation agricole. Photo envoyée par la Défense civile à L'Orient-Le Jour

- La noyade sèche

Enfin, le directeur de la Lasip attire l'attention sur les dangers de la « noyade sèche ». Il s'agit d'un type de noyade qui se produit lorsque de l'eau pénètre dans les voies respiratoires après qu'un baigneur se soit noyé et ait été secouru. Dans ce cas, « l'eau peut provoquer un spasme des voies respiratoires, entraînant une obstruction de l'air et une diminution de la capacité respiratoire », précise l'expert. « Toute personne secourue de la noyade doit être immédiatement transportée aux urgences pour être examinée par un médecin qui pourra évaluer les dommages causés par l'eau et ainsi éviter une mort par noyade sèche », met en garde M. Halabi.

« En 2023, les cas de noyade sont plus élevés que les années précédentes.» Alors que la saison des baignades n'en est qu'à ses débuts au Liban, ce premier constat a été établi par Samir Yazbek, chef des unités de secours de la Défense civile. Contacté par L'Orient-Le Jour, il explique que « les trois années précédentes ont enregistré moins de noyades, car les gens...

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