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Société - Justice

Ghada Aoun visée par une plainte dans le sillage d’un litige conjugal

La procureure de la cour d’appel du Mont-Liban a lancé un mandat de recherche contre Mary Khairallah, accusée d'avoir kidnappé ses enfants. En retour, celle-ci a présenté un recours contre la magistrate sur fond d’accusations de parti pris pour son mari, partisan aouniste.

Ghada Aoun visée par une plainte dans le sillage d’un litige conjugal

La procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, devant le Palais de justice de Beyrouth, le 4 mai 2023. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour

Souvent accusée d'avoir une approche « partisane » dans sa gestion des dossiers d’intérêt public (banques, corruption, etc.), la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, proche du Courant patriotique libre, vient de faire l’objet d’une plainte dans le cadre d’une affaire d’ordre privé portée devant elle, à savoir un litige conjugal. Mary Khairallah, 38 ans, a ainsi présenté lundi un recours contre la magistrate devant le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, pour « violation de lois ». Ce recours fait suite à un mandat de recherche lancé à son encontre par la juge Aoun, sur base d’une plainte déposée par son mari, Naji Farès, un partisan du CPL, qui l’accuse d’avoir kidnappé ses enfants, alors qu’elle-même affirme être victime de ses violences. Les deux conjoints sont en instance d’annulation de mariage devant le tribunal religieux maronite.

Le mandat de recherche lancé par la procureure contre Mary Khairallah se base sur l’article 495 du code pénal, qui punit de prison quiconque enlève ou déporte un mineur de moins de dix-huit ans, dans l'intention de le soustraire à l'autorité de ceux qui ont une tutelle sur lui. La jeune femme a quitté le domicile conjugal le 12 avril dernier, emmenant ses enfants de six et onze ans, avant de disparaître avec eux un mois plus tard. Dans la plainte contre la juge Aoun, son avocat, Georges Abboud, soutient que l’article 495 ne s’applique pas en l’absence de décisions judiciaires sur la garde des enfants et le droit de visite, comme c’est le cas pour sa cliente.

« Je travaille selon ma conscience »
Joint par L’Orient-Le Jour, Patrick Slaïby, beau-frère de Mme Khairallah, affirme que Naji Farès est un proche de la procureure. « Partisan aouniste, spécialisé en informatique, il avait recueilli les données informatiques de la société de convoyage de fonds Mecattaf, suite aux perquisitions effectuées en 2021 par la juge Aoun dans les locaux de l’entreprise, à Awkar (Metn) », avance-t-il. Pour sa part, la juge Aoun assure à L’OLJ que « les sympathies partisanes n’ont aucun rôle dans (ses) décisions professionnelles », et dénonce « les attaques constantes et la propagation de mensonges avec intention de nuire ». « Je travaille selon ma conscience », ajoute-t-elle, indiquant qu’en tout état de cause, « les conjoints sont tous deux aounistes ». L’avocat de Naji Farès, Élias Gédéon, estime, dans le même esprit, que « les accusations contre la juge Aoun relèvent de la diffamation et portent atteinte à la magistrature ».Le conflit qui déchire le couple prend une autre tournure le 12 avril dernier. Patrick Slaïby assure que « lors d’une nouvelle dispute, Naji Farès frappe pour la énième fois Mary Khairallah ».

Pour mémoire

Ghada Aoun, au-delà des scandales

L’OLJ a pu consulter le rapport d’un médecin légiste, Malek Hilal, qui confirme l’existence de blessures sur le corps et le visage de la jeune femme. Pour sa part, Me Gédéon met en doute ce rapport, faisant observer qu’« il n’est assorti d’aucune photographie ». « Nous sommes d’ailleurs en possession d’un message vocal envoyé à Naji Farès par son épouse, dans lequel elle menace de le détruire, tout en reconnaissant qu’il ne l’a pas frappée », déclare-t-il.Après l'agression présumée contre elle, Mary Khairallah porte plainte contre son mari au poste de police d’Antélias. Elle retourne ensuite à la maison pour… constater qu’elle ne peut plus ouvrir la porte, son mari ayant changé la serrure. Selon M. Slaïby, la police lui conseille de se faire accompagner d’un mokhtar pour tenter un nouvel essai. Naji Farès la laisse alors entrer. Elle récupère ses affaires personnelles, avant de se réfugier avec ses enfants au domicile de son oncle, où cohabite sa mère veuve.

Durant la dernière semaine d’avril, Ghada Aoun décide de la convoquer au poste de police d’Antélias. Toujours sur ordre de la procureure, elle se présente le 4 mai avec ses deux enfants au bureau des mineurs de Baabda. Selon des sources concordantes, les enfants disent à l’assistante sociale qu’ils ne veulent plus voir leur père, au motif "qu’il bat (leur) maman". Il en résulte un rapport de l’assistante sociale, que L’OLJ n'a pas pu consulter mais qui, selon une source judiciaire, affirme que Mary Khairallah "incite ses enfants à haïr leur père". Le 12 mai, convoquée de nouveau devant la police, la jeune femme ne comparaît pas. Depuis, elle a disparu avec ses enfants.

C’est dans ces circonstances que la procureure d’appel lance un mandat de recherche contre elle, mais les services de renseignements des FSI ne parviennent toujours pas à la localiser, son téléphone portable étant fermé, affirme une source judiciaire.Le 20 juin, les domiciles de son oncle et de sa sœur sont perquisitionnés, sur ordre de la juge Aoun. Le lendemain, l’époux de cette dernière, Patrick Slaïby, est convoqué au poste de police de Jdeidé (Metn) pour un interrogatoire de trois heures. N’ayant fourni aucun indice sur l’endroit où se trouve Mary, il est arrêté, mais relâché 24 heures plus tard, après un tollé médiatique et sur les réseaux sociaux. Entendue le 22 juin, la mère de la jeune femme affirme également à la police qu’elle ignore où se trouve sa fille.

Dans le cadre de l’action en annulation du mariage du couple, une audience doit se tenir le 4 juillet auprès du tribunal religieux maronite. Contrainte d’y assister, comment Mary Khairallah échappera-t-elle au mandat de recherche dont elle fait l’objet, d’autant que selon une source judiciaire informée, Ghada Aoun, qui ne se trouve pas actuellement au Liban, entend déférer son dossier au Premier juge d’instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, à qui il reviendra d’ordonner ou non son arrestation ?

Souvent accusée d'avoir une approche « partisane » dans sa gestion des dossiers d’intérêt public (banques, corruption, etc.), la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, proche du Courant patriotique libre, vient de faire l’objet d’une plainte dans le cadre d’une affaire d’ordre privé portée devant elle, à savoir un litige conjugal....

commentaires (12)

Combien d’affaires similaires ne sont pas publiées. Franchement !!! Je suis très loin d’apprécier Madame Ghana Aoun a cause de sa justice spectacle alors pourquoi faire de même avec une affaire strictement personnelle qui de plus concerne deux enfants innocents ballotes par des parents pour le moins perturbés. OLJ les lecteurs devraient s’ériger en modérateurs de vos journalistes et pouvoir ainsi censurer certains articles tout comme la censure par vos modérateurs de plusieurs commentaires dont sans doute celui ci

Lecteur excédé par la censure

08 h 28, le 01 juillet 2023

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Commentaires (12)

  • Combien d’affaires similaires ne sont pas publiées. Franchement !!! Je suis très loin d’apprécier Madame Ghana Aoun a cause de sa justice spectacle alors pourquoi faire de même avec une affaire strictement personnelle qui de plus concerne deux enfants innocents ballotes par des parents pour le moins perturbés. OLJ les lecteurs devraient s’ériger en modérateurs de vos journalistes et pouvoir ainsi censurer certains articles tout comme la censure par vos modérateurs de plusieurs commentaires dont sans doute celui ci

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 28, le 01 juillet 2023

  • La critique permanente de Ghada Aoun me dérange et je ne suis pourtant pas Aouniste. Aux dernières nouvelles le Liban est encore un pays démocratique et Ghada Aoun peut soutenir le parti qu’elle veut sans que cela ne mette en doute son indépendance et son impartialité. Doit-on mettre en doute les articles des journalistes de l’OLJ car tel ou tel journaliste vote pour tel pu tel parti? Pour ce qui est de ce conflit conjugal, il faut laisser la justice suivre son cours mais de grâce arrêtons de comparer aux pays soi-disant civilisés qui tombent parfois dans l’autre extrême.

    K1000

    00 h 37, le 01 juillet 2023

  • Et voilà à nouveau notre Lady Godiva, sur son cheval orange brandissant son épée aussi orange que son cheval ! Dans tout pays civilisés, c'est la femme qui a la garde des enfants ! Cette Attitude Patriarcale et Machiste persiste encore au Liban! En passant cela ne nous regarde pas! C'est des histoires privées ! Divulguer les noms est contraire à l'éthique journalistique !

    Marwan Takchi

    18 h 18, le 30 juin 2023

  • Dès qu'un juge ou un procureur deviennent célèbre il doivent démissionner. La justice civile se fait exclusivement dans la confidentialité et dans les palais de justice. Se remettre aux ecclésiastiques relève de la double peine pour les pauvres parents et pour les libanais en général. C'est l'intérêt des enfants qui prime.

    Céleste

    10 h 14, le 30 juin 2023

  • Moi j’ai une pensée émue pour les enfants. Avoir DEUX parents aounistes, ce doit être dur. Les pauvres…

    Gros Gnon

    06 h 55, le 30 juin 2023

  • Il faut proteger a Mary Khairallah et ses enfants. Le Primer Juge d instruction doit etre juste dans cette affaire. Les femmes libaneses doivent lutter pour conquerir sa liberte de decider.

    Z KD

    06 h 40, le 30 juin 2023

  • OLJ you shouldn't reveal the names of accusers and defendants in an ongoing case. This is an invasion of privacy. Why has a journalist from OLJ decided to partake in it?

    Mireille Kang

    01 h 52, le 30 juin 2023

  • Au moins on a appris qu’il y a encore des Aounistes au Liban à part Gebran Bassil

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 43, le 29 juin 2023

  • Curieux come la justice de ce pays est toujours favorable au male dans les conflits conjugaux.

    Michel Trad

    18 h 37, le 29 juin 2023

  • Il faut protéger la dame et ses enfants à tout prix; j'espère que le système judiciaire a incorporer le "NON VIOLENT COMMUNICATION" pour les cas de violences conjugales.

    Irene Souki

    17 h 16, le 29 juin 2023

  • La femme bâtit son foyer. La femme détruit son foyer. Je suis anti Aouniste, mais j’aoouie Ghada Aoun de faire son travail en son âme et conscience.

    Mohamed Melhem

    17 h 11, le 29 juin 2023

  • Ne nous mêlons surtout pas de ces affaires privées ... Les deux conjoints ayant des sympathies aounistes , Le Roi Salomon lui-même se perdrait en conjectures . Mais la presse devrait pour l'instant rester silencieuse , et laisser libre cours aux procédures .

    Chucri Abboud

    16 h 41, le 29 juin 2023

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