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Culture - Livre / Mémoire

« beirut 360 », le musée qui met la ville dans la poche

Hommage à une ville dont les habitants ignorent toute la richesse, l’idée de cet ouvrage récemment paru part d’un présent amnésique et d’un manque de pédagogie.

« beirut 360 », le musée qui met la ville dans la poche

Un ouvrage interdisciplinaire gratuit et accessible à tous, narrant une des multiples histoires de la ville. Photo DR

360 entrées comme autant de cartes postales. Au fil des 650 pages, la mémoire de Beyrouth défile, par le biais de ses archives photographiques, artistiques, archéologiques, botaniques et géologiques. Avec les quatre saisons comme seul fil conducteur, le livre entraîne le lecteur dans une flânerie au gré des circonscriptions : Medawar, Rmeil, Achrafieh, Saïfi, Port, Bachoura, Mazraa, Mousseitbé, Zokak el-Blatt, Mina el-Hosn, Ras Beyrouth, Aïn Mreissé.

beirut 360, a pocket museum, est, comme son titre l’indique, un musée de poche. Commandité par Delphine Abi Rached Darmency, la curatrice de l’exposition Allô Beirut (encore visible à Beit Beirut jusqu’au 30 juin), il vient tout juste de paraître aux éditions Dar Onboz. Cette association assure également les tours pédagogiques destinés aux groupes scolaires, autour de la ville et de l’exposition. Pour la sortie du livre, l’équipe de Dar Onboz parcourra la ville à bord d’une camionnette pour une distribution gratuite, grâce à des financements de la Fondation Friedrich Nauman et de l’ambassade de Suisse.

« Le café », une toile d’Amine el-Bacha réalisée en 2014. Photo DR

Une histoire de la ville

Depuis ses débuts, en 2006, Dar Onboz œuvre à transmettre un héritage souvent méconnu et en voie d’extinction aux jeunes générations comme aux plus âgées. Dans cette optique, l’association s’attache à communiquer dans une langue arabe la plus fluide possible, surtout lorsqu’il s’agit de rendre accessibles au grand public des textes à caractère scientifique.

Dans beirut 360, par exemple, les textes écrits en français par Anne-Marie Affeiche, la directrice du musée national, autour de 30 pièces d’archéologie, ont dû être traduits et adaptés en arabe par Bruno Barmaki. Idem pour les déambulations de la paysagiste Sarah Lily Yassine autour des arbres et des fleurs.

En parallèle à ces contributions, les galeries Janine Rubeiz et Saleh Barakat ainsi que la Fondation arabe pour l’image ont fourni des œuvres artistiques et des archives photographiques. La Fondation Camille Tarazi a en outre donné accès à son archive de cartes postales anciennes.

« Je voulais raconter l’histoire de Beyrouth de façon non linéaire, comme si le lecteur était en train de flâner dans ses rues, explique Nadine Touma. Cette ville recèle une richesse inouïe, géologique, historique, urbaine, architecturale, liée aux conflits, à la paix, à l’économie et à l’art. » Pour remédier à un manque général de connaissances, « même chez les Beyrouthins plus cultivés », comme elle le souligne, l’éditrice a voulu concevoir un ouvrage interdisciplinaire gratuit et accessible à tous, narrant une des multiples histoires de la ville. De la géographie à la cuisine en passant par la littérature, toutes les disciplines se retrouvent dans beirut 360, agrémentées d’un jeu, Abjadieh Beyrouth, invitant le lecteur à trouver des mots associés à la ville en se basant sur les lettres de l’alphabet.

« Abjadieh Beyrouth » (l’abécédaire de Beyrouth) par Nadine Touma, un jeu invitant le lecteur à trouver des mots associés à la ville en se basant sur les lettres de l’alphabet. Photo DR

Un hommage à ses habitants

Pour celle qui a grandi dans la région nommée « Est » durant la guerre civile (1975-1990), errer dans Beyrouth-Ouest s’est avéré une découverte historique, émotionnelle et spirituelle. « La guerre et les divisions ont laissé de nombreuses blessures. Nous avons besoin de guérison. Mais nous ne venons pas d’un vide. Il y a beaucoup d’histoires d’amour dans cette ville », livre Nadine Touma.

Dans les années 90, elle évoque avoir fait partie d’un groupe d’artistes, d’architectes, d’auteurs et d’activistes qui voulaient repenser la ville. À l’aube de ses 20 ans, elle côtoie ainsi les peintres de renommée internationale Huguette Caland, Helen Khal, Saloua Raouda Choucair, mais aussi l’historien et linguiste Albert Naccache, dont la pensée l’a marquée jusqu’à aujourd’hui. « Chaque parcelle de terre recèle une histoire cachée », lui disait-il lors de leurs promenades dans Beyrouth.

« Ce livre est un hommage à toutes ces personnes qui se sont battues pour une autre ville que celle que l’on a eue et qui est venue cacher l’histoire, fustige Nadine Touma. beirut 360 a pour mission de nous regrouper par-delà le statut social et la communauté religieuse. C’était important qu’il soit gratuit, afin de transmettre un savoir qui n’est pas enseigné dans les écoles et les universités. »

Pour le lancement, une performance est prévue samedi 24 et dimanche 25 juin, de 16h à 18h, à Beit Beirut, autour du concept 360 degrés : le cercle complet de la terre autour du soleil « qui nous entoure d’amour et de lumière », mais aussi le calendrier lunaire de 360 jours. Quatre textes de Nadine Touma renvoyant aux quatre saisons y seront lus, accompagnés d’une création musicale de Farah Kaddour, Mayssa Jallad et Sivine Ariss.

L’association Dar Onboz s’est par ailleurs vu confier pour une durée de dix ans la gérance du jardin public de Furn el-Chebback, où un festival devrait se tenir au mois de juillet.

360 entrées comme autant de cartes postales. Au fil des 650 pages, la mémoire de Beyrouth défile, par le biais de ses archives photographiques, artistiques, archéologiques, botaniques et géologiques. Avec les quatre saisons comme seul fil conducteur, le livre entraîne le lecteur dans une flânerie au gré des circonscriptions : Medawar, Rmeil, Achrafieh, Saïfi, Port, Bachoura, Mazraa,...

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