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Économie - Agriculture

Le gouvernement libanais recommence à acheter du blé aux producteurs locaux

Sur le papier, ce dispositif a pour but de soutenir la filière locale et de garantir une portion des besoins en grains du Liban.

Le gouvernement libanais recommence à acheter du blé aux producteurs locaux

Un véhicule agricole sur un terrain dans la plaine de la Békaa. Photo João Sousa

Entre les dossiers des officiers des promotions 1994 à 1996 et celui du mandat de la Finul, le gouvernement sortant de Nagib Mikati a également profité de la réunion du Conseil des ministres de mercredi pour réactiver un mécanisme oublié depuis que la crise a éclaté en 2019 : celui des compensations financières que l’État payait autrefois aux producteurs locaux de blé et d’orge.

Concrètement, l’État achète la production locale de blé tendre (utilisé pour faire de la farine pour le pain), du blé dur (utilisé pour fabriquer des pâtes ou du bourghol) et de l’orge (notamment destiné à l’alimentation animale) à un prix fixe. Sur le papier, ce dispositif a pour but de soutenir la filière locale et garantir une portion des besoins du Liban, comme l’a mis en avant à L’Orient-Le Jour le ministre sortant de l’Agriculture, Abbas Hajj Hassan.

« L’État va racheter près de 60 000 tonnes de grains en 2023, répartis entre blé tendre blé dur et orge », rappelant que les besoins du pays s’élèvent à 20 000 tonnes par mois de blé tendre uniquement. « C’est une bonne nouvelle si cela est suivi d’effet », a réagi le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoyek, qui juge nécessaire que les prix de rachat soient légèrement supérieurs aux cours mondiaux, pour « encourager les producteurs ». « Il faut que le mécanisme soit clair et qu’il n’y ait pas de retard de paiement pour que les agriculteurs aient confiance » a commenté pour sa part le président du syndicat des cultivateurs et planteurs de la Békaa, Ibrahim Tarchichi.

Réunion prévue avec le ministère des Finances
« Le Conseil des ministres a donné son accord et une réunion est prévue jeudi avec le ministère des Finances pour régler les derniers détails concernant le paiement », a ajouté le ministre. La décision a été consignée dans un procès-verbal que L’Orient-Le Jour a pu consulter mercredi soir. Le ministre a assuré que le nouveau mécanisme, qui ne s’applique pour le moment qu’à la production de 2023, avait été optimisé.

Pour mémoire

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Le dispositif doit être mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture et celui de l’Économie et du Commerce (notamment sa direction générale des céréales et de la betterave sucrière), avec l’aide de l'Institut de recherche industrielle (pour la classification des différentes catégories de grain). Un comité réunissant les deux ministères a également été institué. Les forces de sécurité et l’armée seront également mises à contribution pour garantir la transparence du mécanisme, a indiqué le ministre.

Il prévoit de régler le blé et l’orge en livres, mais selon un prix à la tonne fixé en dollars et converti au taux de change de la plateforme Sayrafa « fixé par la Banque du Liban au moment du paiement », comme le précise la décision du Conseil des ministres. Ce taux est resté calé à 86 200 livres pour un dollar lors de l’actualisation de mercredi soir.

L’État payera 270 dollars par tonne de blé tendre, 290 dollars par tonne de blé dur, et 240 dollars par tonne d’orge. « Ces prix sont supérieurs aux cours mondiaux, car l’État va assumer la différence entre le taux de Sayrafa et celui du marché », a indiqué Abbas Hajj Hassan. Ce dernier taux flottait mercredi soir entre 93 000 et 94 000 livres pour un dollar.

La décision anticipe de devoir racheter 25 000 tonnes de blé tendre, 25 000 tonnes de blé dur et 5 000 tonnes d’orges, ce qui porte la facture en livres, 1 310 milliards de livres (1 310 240 000 000 livres exactement) selon les calculs validés par le Conseil des ministres. Cela représente entre plus ou moins 14 et 15 millions de dollars en fonction du taux de change employé « C’est l’État qui assumera ces montants, et la BDL qui les réglera », a encore précisé le ministre sans revenir en détail sur les sources de financement. Seule certitude, ils seront comptabilisés dans le budget.

Enfin l’État payera les montants aux agriculteurs, mais ce seront les minotiers qui stockeront le grain avant de le transformer et de le revendre.

Majoritairement importé de Russie et d’Ukraine jusqu’en 2022, le blé servant à fabriquer le pain arabe est une des rares denrées dont le prix est encore subventionné au Liban. Le financement des importations de blé entre dans le cadre un projet d'urgence de la BM approuvé en mai 2022 par l'organisation, pour un montant de 150 millions de dollars approuvé par le Parlement en octobre dernier.  

Entre les dossiers des officiers des promotions 1994 à 1996 et celui du mandat de la Finul, le gouvernement sortant de Nagib Mikati a également profité de la réunion du Conseil des ministres de mercredi pour réactiver un mécanisme oublié depuis que la crise a éclaté en 2019 : celui des compensations financières que l’État payait autrefois aux producteurs locaux de blé et...

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