Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil a rejeté lundi soir l'appel à des législatives anticipées, une option avancée par le vice-président de la Chambre Élias Bou Saab lors d'un entretien avec le président de la Chambre Nabih Berry pour mettre fin à l’impasse politique au Liban, qui est sans président depuis bientôt huit mois.
"L'appel à des législatives anticipées, dont le vice-président de la Chambre Elias Bou Saab et le président du Parlement Nabih Berry ont discuté, est rejeté", a lancé Gebran Bassil lors d'une interview sur la chaîne locale LBCI diffusée lundi soir. "Si cette proposition est un message de Nabih Berry, je lui dis que nos députés ont été élus grâce à nos votes", a-t-il renchéri.
Bien qu'il soit membre du groupe parlementaire aouniste, Élias Bou Saab est considéré comme un électron libre. Lors de la dernière séance électorale visant à élire un successeur à Michel Aoun, il est allé à l'encontre des consignes de vote du CPL (en faveur de Jihad Azour) en soutenant le candidat du tandem Amal-Hezbollah à la présidence, Sleiman Frangié.
En agitant le spectre d’élections anticipées, MM. Berry et Bou Saab pourraient donc vouloir signifier à Gebran Bassil que l’alignement avec l’opposition n’est pas dans l’intérêt du CPL, écrit notre journaliste Salah Hijazi. Le parti de Gebran Bassil risquerait donc de perdre une poignée de députés qui avaient bénéficié du vote du Hezbollah lors des dernières législatives.
Joseph Aoun "condamné à l'échec"
Abordant le dossier de la présidentielle, le chef du CPL a rappelé que son parti prendra "les mesures nécessaires conformément à son règlement intérieur" si les députés ne respectent pas le vote à Jihad Azour.
Il s'en est par ailleurs à nouveau pris au commandant en chef de l'armée Joseph Aoun, candidat officieux à la présidentielle. S'il y a une entente internationale autour du commandant en chef de l'armée Joseph Aoun, et "si certains se plient à cette entente, je n'accepterai pas que le CPL fasse partie d'un projet présidentiel condamné à l'échec", a tonné M. Bassil.
"En l'absence de sponsor extérieur, nous avons besoin d'une entente interne", a par ailleurs plaidé le chef du CPL. "Ni le camp de la Moumanaa (axe pro-iranien au Liban, ndlr), ni celui de la confrontation, ni notre parti ne sont capables d'élire un président seuls (....). La dernière séance parlementaire a prouvé que celui qui a dit que son candidat détient plus de 65 voix a tort", a-t-il ajouté.
Lors de la douzième séance électorale, l'ex-ministre et haut responsable au sein du Fonds monétaire international (qui a suspendu ses fonctions depuis l'annonce de sa candidature) Jihad Azour, appuyé par la majorité des opposants, a obtenu 59 votes, face à Sleiman Frangié qui a récolté 51 suffrages. Le chef du Législatif n'a pas fixé de date pour une prochaine réunion.
Liens avec le Hezbollah et les FL
Gebran Bassil est enfin revenu avec sa relation avec le Hezbollah, qui connaît de vives tensions depuis la fin du mandat Aoun. "Je ne pense pas que ce qui a été construit en 17 ans avec le Hezbollah a été supprimé en un mois", a-t-il estimé. Et de poursuivre : "La Résistance a protégé le Liban. Cela s'est traduit au niveau de la stabilité dans le Sud. Mais aujourd'hui je parie sur la raison du Hezbollah qui devrait faire primer l'intérêt du Liban".
Le chef du CPL a par ailleurs noté que "la crise de la confiance avec le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea date de 60 ans et non pas de six ans". Avant de nuancer : "Nous n'avons pas confiance aujourd'hui dans les FL, mais il est de notre responsabilité de mettre les émotions de côté. L'entente interchrétienne est une priorité".
Le leader maronite a ainsi proposé de "lancer un mécanisme d'entente interne autour de la présidentielle afin de fermer la porte à l'ingérence extérieure". Selon lui, "tenir à un seul nom ou soutenir un candidat qui l'emportera sur les autres ne fonctionnera pas. Nous devons trouver un autre moyen". L'ex-chef du Parti socialiste progressiste "Walid Joumblatt et moi devons faire un travail complémentaire et ne pas rivaliser en jouant le rôle de liaison" entre les différentes parties, a-t-il conclu.
In a normal democracy, early elections should be hold when Parliament is unproductive. Parliament is unable to elect a President, form a government, or legislate reforms. What is Parliament for? The speaker should do his job and invite for consecutive sessions of Parliament to elect a President. If this fails, then calling for early elections would be appropriate.
19 h 45, le 20 juin 2023