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Économie - Economie

La Banque asiatique d'investissement "sert les intérêts de la Chine", accuse un ex-responsable


La Banque asiatique d'investissement

Une employée de banque compte des billets à Nanjing en Chine, le 13 juin 2023. Photo AFP

Un ex-responsable de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures a accusé jeudi le Parti communiste chinois d'exercer une influence "excessive" sur l'institution qui sert selon lui "les intérêts" de Pékin, ce qui a poussé le Canada à geler sa coopération avec l'organisation.

Bob Pickard, ancien responsable de la communication de la BAAI (AIIB en anglais) a porté ces accusations fracassantes après avoir démissionné cette semaine et quitté la Chine précipitamment par crainte pour sa sécurité, a-t-il expliqué à l'AFP. S'exprimant depuis Tokyo, le Canadien de 58 ans a affirmé que cette organisation, qui rassemble 106 Etats dont la France, l'Allemagne ou l'Australie, était dominée par des membres du Parti communiste chinois (PCC) et finançait principalement des projets présentant un intérêt pour Pékin.

"C'est une ressource pour les objectifs géopolitiques de la RPC (République populaire de Chine) (...) en pratique, je pense qu'elle sert les intérêts de la Chine", a estimé M. Pickard.

La banque basée à Pékin a orienté ses prêts principalement vers les pays concernés par l'initiative chinoise des "Nouvelles routes de la soie", également connue sous le nom "La Ceinture et la Route", a dit l'ex-responsable.

"Il ne s'agit pas de projets déconnectés, l'initiative La Ceinture et la Route et la BAAI (...) ce sont des types de pays similaires que la Chine essaie d'entretenir politiquement", a-t-il ajouté.

Institution "transparente" 

La BAAI a jugé ces accusations "sans fondement et décevantes", se disant "fière de (sa) mission multilatérale", et Pékin a défendu la "transparence" de l'institution.

"La BAII respecte les principes d'ouverture, de méritocratie et de transparence dans le recrutement et la gestion de ses effectifs", a assuré jeudi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise lors d'un point presse.

"Depuis sa création [...] la BAII a permis d'importantes réalisations [...] qui ont été largement reconnues par la communauté internationale", a souligné M. Wang.

Crée en 2016, la banque vise à financer des projets d'infrastructures en Asie, dans l'optique de contrecarrer l'influence des Occidentaux au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. Les Etats-Unis ont refusé d'en faire partie, avançant des craintes sur sa gouvernance et sa transparence.

M. Pickard a affirmé avoir été prévenu, après avoir rejoint la banque en mars 2022, "de ne pas s'embrouiller avec des membres du parti (...) parce qu'ils sont puissants", et indiqué avoir fait part de préoccupations sur leur rôle et leur influence il y a un mois, par écrit.

"La réponse a été, en substance: +Ne vous aventurez pas sur ce terrain+."

Selon l'ancien responsable de la communication, "il y a beaucoup de cadres étrangers de façade au sein de la direction". A l'intérieur, "il y a un système parallèle, il est adjacent à la structure de prise de décision publique", a-t-il ajouté.

 Ottawa gèle sa coopération 

A la suite de sa démission, la ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé qu'Ottawa "cessera immédiatement toutes ses activités au sein de la Banque".

Son ministère, a-t-elle ajouté, sera chargé d'"examiner sans tarder les allégations soulevées et la participation du Canada dans les activités de la BAAI".

M. Pickard s'est dit "heureux que le gouvernement de (son) pays prenne au sérieux le problème du manque de transparence et de l'influence excessive du PCC sur ce qui est censé être une organisation multilatérale".

"Je pense que le gouvernement canadien se rendra compte qu'en définitive, les intérêts de cette banque ne coïncident pas avec les intérêts de notre pays."

"Pourquoi le Canada participe-t-il à une organisation qui, en fin de compte, rend la Chine plus puissante?", s'est-il interrogé.

Depuis plusieurs années, les relations sino-canadiennes sont tendues, notamment depuis la crise Huawei provoquée par l'arrestation en 2018 de Meng Wanzhou, la directrice financière du groupe, suivie de l'incarcération en Chine de deux citoyens canadiens.

De nouveaux pics de tensions sont survenus récemment après les révélations concernant la présence de postes de police chinois clandestins sur le sol canadien et les allégations d'ingérence chinoise dans des élections canadiennes.

Par le passé, l'AIIB a fait l'objet d'accusations similaires. En 2017, son vice-président d'alors, Thierry de Longuemar, avait rétorqué que la banque n'était pas un "un instrument de l'Etat chinois".

Un ex-responsable de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures a accusé jeudi le Parti communiste chinois d'exercer une influence "excessive" sur l'institution qui sert selon lui "les intérêts" de Pékin, ce qui a poussé le Canada à geler sa coopération avec l'organisation.Bob Pickard, ancien responsable de la communication de la BAAI (AIIB en anglais) a porté ces...

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