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Ipséité et structure politique mafieuse

D’une part, l’ipséité fait référence à l’identité ou à l’individualité d’une personne. D’autre part, une structure mafieuse est une organisation caractérisée par une hiérarchie rigide, des activités illégales et souvent violentes, ainsi qu’une culture de secret et de loyauté. Les groupes mafieux sont généralement impliqués dans des activités criminelles telles que le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, l’extorsion, le jeu illégal et le meurtre.

Il n’y a a priori pas de lien direct entre l’ipséité et la structure mafieuse. L’ipséité se réfère à l’individu et à son identité personnelle, tandis que la structure mafieuse concerne une organisation et ses activités. Cependant, il est possible que des individus fassent partie d’une structure mafieuse en fonction de leur choix et de leurs actions, ce qui peut influencer leur ipséité.

Dans certains cas, des personnes peuvent être attirées par la structure mafieuse en raison de facteurs tels que le sentiment d’appartenance, le pouvoir, l’argent facile ou le désir d’exercer un contrôle sur leur environnement. Leur participation à des activités illicites peut influencer leur identité et leur perception d’eux-mêmes. Cela peut entraîner des conflits internes, où leur ipséité personnelle peut entrer en conflit avec les valeurs et les actions de la structure mafieuse à laquelle elles appartiennent.

Dans une structure mafieuse, l’ipséité d’un individu peut être affectée ou altérée de différentes manières. Voici quelques mécanismes par lesquels cela peut se produire.

- Conformité aux normes de la structure mafieuse. Pour être accepté et progresser dans une telle organisation, un individu doit souvent se conformer aux normes de celle-ci. Cela peut impliquer d’adopter un code de conduite spécifique, de participer à des activités illégales ou violentes, et de renoncer à ses propres valeurs et principes moraux. En se conformant à ces normes, l’individu peut perdre une partie de son identité personnelle et se fondre dans la structure mafieuse.

- Pressions et contraintes. Les membres d’une organisation mafieuse peuvent faire l’objet de pressions et de contraintes pour se conformer aux ordres et aux attentes du groupe. Ces pressions peuvent provenir de la hiérarchie de la structure mafieuse, des menaces de représailles ou des conséquences potentielles de la désobéissance. Sous l’effet de ces pressions, un individu peut supprimer ou modifier certains aspects de son ipséité afin de s’adapter à la dynamique de la structure mafieuse.

- Loyauté et allégeance. La structure mafieuse repose souvent sur un fort sentiment de loyauté et d’allégeance envers le groupe. Les membres peuvent développer un fort lien d’attachement, ce qui peut conduire à des conflits internes entre leur ipséité personnelle et leur loyauté envers le groupe. Parfois, cette loyauté peut primer sur l’identité individuelle, poussant les membres à agir contre leurs propres intérêts ou valeurs.

- Perte d’autonomie. La structure mafieuse est souvent caractérisée par une hiérarchie rigide et un contrôle strict des membres. Les individus peuvent perdre leur autonomie et leur capacité à prendre des décisions indépendantes. Ils peuvent être contraints de suivre les ordres et les directives de leurs supérieurs sans tenir compte de leurs propres aspirations ou motivations. Cette perte d’autonomie peut entraîner une diminution de l’expression de l’ipséité individuelle.

La pression sociale, la culture de secret et de loyauté, ainsi que la nature coercitive de ces organisations peuvent exercer une forte emprise sur les membres et entraîner une altération de leur identité personnelle.

Il est connu que le Liban connaît une longue période de corruption politique, de clientélisme et de connexions étroites entre certains acteurs politiques et des intérêts économiques « illégaux ». Dans certains cas, cela a créé un environnement où des groupes ou des individus ont utilisé leur position politique pour servir leurs propres intérêts plutôt que l’intérêt général de la société.

Dans de tels scénarios, certaines personnes peuvent être attirées par la politique pour des raisons opportunistes, telles que l’accès au pouvoir, à l’argent ou aux privilèges, plutôt que par une véritable conviction idéologique ou un désir de servir le bien public. Dans ce contexte, il est possible que leur ipséité soit altérée ou influencée par les pressions et les contraintes liées à la corruption et à la structure politique.

De plus, la culture politique au Liban, avec ses divisions sectaires et ses rivalités politiques, peut également jouer un rôle dans la façon dont l’ipséité individuelle est perçue et exprimée. L’appartenance à une faction politique ou à une communauté spécifique peut entraîner des attentes et des pressions sociales qui peuvent limiter la liberté individuelle et la capacité de s’exprimer pleinement.

Dans un contexte où une structure mafieuse exerce une influence sur les élections et la liberté des citoyens, plusieurs mécanismes peuvent entraîner une détérioration de ces aspects démocratiques.

- Corruption électorale. Les groupes mafieux peuvent influencer les élections en utilisant des tactiques de corruption, telles que l’achat de voix, l’intimidation des électeurs, la manipulation des listes électorales ou la fraude électorale. Ces pratiques compromettent l’intégrité du processus électoral en favorisant les intérêts des groupes mafieux plutôt que la volonté démocratique des citoyens.

- Contrôle politique et intimidation. Les groupes mafieux peuvent exercer un contrôle sur les candidats et les partis politiques en utilisant des tactiques d’intimidation et de violence. Cela peut conduire à une sélection biaisée des candidats, avec des individus affiliés à la structure mafieuse ou soumis à son influence, limitant ainsi la diversité et la représentativité démocratique. Les électeurs peuvent également être intimidés ou influencés pour voter en faveur des candidats soutenus par la structure mafieuse.

- Monopole des ressources et de l’information. Les groupes mafieux peuvent contrôler des ressources économiques et avoir accès à des informations privilégiées, ce qui leur confère un avantage déloyal dans le processus électoral. Ils peuvent utiliser ces ressources pour financer des campagnes politiques, influencer des médias ou créer des réseaux de clientélisme qui garantissent leur domination politique. Cela crée des inégalités dans la compétition électorale et limite la liberté des citoyens de faire des choix politiques indépendants.

- Répression et violence. Les groupes mafieux peuvent recourir à la violence, à l’intimidation et aux représailles contre les opposants politiques, les militants et les défenseurs des droits humains. Cette violence vise à étouffer la dissidence et à maintenir leur pouvoir en empêchant les citoyens de s’exprimer librement et de participer activement au processus démocratique. Elle crée un climat de peur qui restreint la liberté d’expression et la liberté d’association.

Un système politique peut être qualifié de « mafia » lorsque des caractéristiques spécifiques sont présentes. Voici quelques éléments qui peuvent contribuer à transformer un système politique en une structure mafieuse.

- Corruption généralisée. Lorsque la corruption est répandue à tous les niveaux du système politique, et que des politiciens et des responsables utilisent leur position pour s’enrichir illicitement ou pour servir leurs propres intérêts plutôt que l’intérêt public.

- Impunité. Lorsque des actes criminels et des infractions commises par des politiciens et des responsables ne sont pas poursuivis ou sanctionnés, créant un climat d’impunité qui encourage les comportements illicites.

- Contrôle des institutions. Lorsque des politiciens ou des groupes politiques exercent un contrôle excessif sur les institutions de l’État, y compris le système judiciaire, les forces de l’ordre et les organes de contrôle, afin de manipuler les décisions et d’échapper à toute forme de responsabilité.

- Violence et intimidation. Lorsque des méthodes coercitives, telles que la violence physique, l’intimidation et les représailles, sont utilisées pour maintenir le pouvoir et éliminer les opposants politiques ou les témoins gênants.

- Monopole économique. Lorsque des politiciens ou des groupes politiques contrôlent de manière illégitime des secteurs économiques clés, tels que le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et les entreprises criminelles, créant ainsi un système économique parallèle.

- Clientélisme et favoritisme. Lorsque des politiciens utilisent leur pouvoir pour accorder des faveurs, des privilèges ou des avantages à des individus ou des groupes spécifiques en échange de soutien politique ou financier, au détriment de l’intérêt général.

- Manque de transparence et de responsabilité. Lorsque les mécanismes de transparence, tels que la divulgation des revenus, la reddition de comptes financière et la participation citoyenne, sont absents ou inefficaces, permettant ainsi à des politiciens et à des responsables de fonctionner dans l’opacité.

- Ingérence politique dans le système judiciaire. L’influence politique sur le système judiciaire a été un facteur important dans la création d’une « mafia » politique au Liban. Des politiciens ont tenté d’exercer un contrôle sur des nominations judiciaires, des décisions judiciaires et des enquêtes judiciaires afin de protéger leurs intérêts et de garantir l’impunité pour leurs alliés.

- Faiblesse des mécanismes de reddition de comptes. Ces mécanismes ont souvent été inefficaces au Liban. Les enquêtes sur les actes de corruption et d’abus de pouvoir ont été entravées, des responsables n’ont pas été sanctionnés et l’impunité a été largement répandue. Cela a permis à des politiciens de se sentir en mesure d’agir en dehors des limites de la loi, renforçant ainsi les comportements mafieux.

- Tensions régionales et interférences étrangères. Le Liban a été historiquement le théâtre de tensions régionales et de conflits qui ont influencé la politique interne. Les ingérences étrangères et les alliances politiques basées sur des intérêts extérieurs ont contribué à la consolidation de groupes politiques puissants et à la persistance de pratiques mafieuses.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

D’une part, l’ipséité fait référence à l’identité ou à l’individualité d’une personne. D’autre part, une structure mafieuse est une organisation caractérisée par une hiérarchie rigide, des activités illégales et souvent violentes, ainsi qu’une culture de secret et de loyauté. Les groupes mafieux sont généralement impliqués dans des activités criminelles...

commentaires (3)

Great review. Mafia State is a widespread entity, like the Italian Mafia and The Yakuza in Japan, amongst all others. However, this is not what brought the country down, many other countries with similar conditions remain viable. It is the divisive hostility between communities, and discordant multiculturalisme which appears to be the basis for the disruption of order and law. The unity of the culture should be our prime target. Ibn Khalkdoun discovered this in the 14th century: Al-Assabiyah.

M.J. Kojack

23 h 08, le 15 juin 2023

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Commentaires (3)

  • Great review. Mafia State is a widespread entity, like the Italian Mafia and The Yakuza in Japan, amongst all others. However, this is not what brought the country down, many other countries with similar conditions remain viable. It is the divisive hostility between communities, and discordant multiculturalisme which appears to be the basis for the disruption of order and law. The unity of the culture should be our prime target. Ibn Khalkdoun discovered this in the 14th century: Al-Assabiyah.

    M.J. Kojack

    23 h 08, le 15 juin 2023

  • En effet tous les ingrédients qualificatifs de l'Etat mafieux cités dans cet article s'app;iquent à notre cher pays, merci pour cet excellent résumé. Il serait souhaitable de pouvoir établir prochainement un modus de réaction citoyen et collectif à cette situation dramatique qui en résulte au niveau national...!

    Salim Dahdah

    14 h 18, le 15 juin 2023

  • La mafia libanaise est la première au monde ….

    Eleni Caridopoulou

    13 h 19, le 15 juin 2023

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