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Campus - EXPANSION

L’Université américaine de Beyrouth s’implante à Chypre

Si, en général, les universités libanaises tournent leur regard vers les pays du Golfe lorsqu’il s’agit d’expansion, l’AUB a inversé la tendance. Cent cinquante-huit ans après sa fondation à Ras Beyrouth, l’université exporte son savoir-faire et son modèle en Europe en s’installant à Chypre.

L’Université américaine de Beyrouth s’implante à Chypre

Le recteur de l’AUB Mediterraneo, le Dr Wassim el-Hajj. Photo AUB

C’est au cœur de Paphos, sur la côte sud-ouest de Chypre, entre la vieille ville et la grande étendue bleue de la Méditerranée, que l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a choisi d’élire domicile. Ce « Twin Campus », baptisé « AUB Mediterraneo » a franchi une étape importante hier avec la cérémonie de pose de la première pierre, qui s’est déroulée devant un parterre d’invités de marque dont, entre autres, le président de la République chypriote Nikos Christodoulides, l’ancien chef d’État chypriote, Nikos Anastasiades, le maire de Paphos Phedonas Phedonos, le président du conseil des fiduciaires, Dr Philip S. Khoury, et le président de l’AUB, Dr Fadlo Khuri.

Dirigé par le recteur, le Dr Wassim el-Hajj, le complexe recevra « bientôt » ses premiers étudiants. L’idée de ce projet d’envergure reflète la dynamique de croissance dans laquelle est engagée l’université depuis des années. Elle s’inscrit d’ailleurs dans la droite lignée de son plan stratégique « Vital 2030 », comme le tient à préciser le Dr el-Hajj. Établi à Chypre depuis plus d’un an et demi pour superviser l’avancement des travaux, ce dernier affirme que, bien que tournée vers l’avenir tout en restant bien ancrée dans sa terre natale, l’AUB a envisagé il y a plus de cinq ans d’étendre son rayonnement, d’accroître son impact et de se développer au-delà des frontières, dans le souci premier d’exporter « son excellence à une nouvelle clientèle, et de retrouver la diversité de son corps étudiant qu’elle a progressivement perdue au fil des ans en raison des années de guerre et des multiples crises qui ont secoué le pays ».

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La survenue de la crise économique n’a fait qu’accentuer ce besoin d’expansion, d’autant plus qu’il fallait contrer ses répercussions et trouver un moyen de diversifier les sources de revenus et d’assurer de nouvelles rentrées d’argent capables de soutenir l’université dans ces temps difficiles, explique-t-il. Souhaitant non seulement « desservir » la région du Moyen-Orient, mais également aller au-delà, l’AUB a cherché à incorporer le facteur « méditerranéen ». Une étude a donc été menée pour déterminer où implanter ce campus « jumeau ». Le choix de Chypre est rapidement apparu comme une évidence. En effet, en raison de sa position géographique, au carrefour de trois continents (Europe, Afrique et Proche et Moyen-Orient en Asie), l’île constituait l’endroit idéal pour s’établir. Méditerranéen, membre de l’Union européenne (UE), engagé vers l’avenir avec beaucoup de dynamisme, tant sur le plan de l’enseignement supérieur et la production des savoirs que sur celui de l’innovation, abritant un chapitre des Anciens (Chapter Alumni) très actif… Tout concordait pour en faire la destination parfaite. Et, cerise sur le gâteau, l’île d’Aphrodite bénéficie de programmes de financement et de fonds de l’UE pour soutenir la recherche, la technologie et l’innovation et créer des pôles d’excellence. Un atout non négligeable qui a pesé lourd dans la balance.

Contactée par le maire de Paphos, la direction de l’université a effectué une première visite dans la ville touristique lors de la pandémie de Covid-19. « Favorablement accueillis par les autorités chypriotes, nous avons été soutenus lors des démarches et formalités à accomplir », indique le recteur de l’AUB Mediterraneo.

Pour l’exécution des travaux, l’AUB a fait confiance à deux développeurs : l’un chypriote et l’autre libanais, à savoir Atlas Pantou et Man Entreprise JV, tandis que la conception a été confiée à Dar al-Handasah. Composé de plusieurs terrains à quelques mètres les uns des autres, le nouveau campus reprendra trois des caractéristiques les plus emblématiques du campus de Beyrouth : l’entrée principale ou Main Gate, l’horloge du College Hall et le Green Oval. D’une superficie de 13 000 m2, le premier terrain abritera trois bâtiments séparés par le Green Oval. Le premier bâtiment accueillera les bureaux des cadres académiques et administratifs, le deuxième les salles de cours, la bibliothèque et les laboratoires, tandis que le troisième hébergera un auditorium, une cafétéria et une salle de réception. Un parking et un espace sportif complèteront le tableau. Il est à noter qu’un quatrième terrain de 10 000 m2 carrés sera réservé à une future expansion dans cinq ou six ans.

D’ici à la rentrée prochaine (dont la date n’a pas encore été fixée), le recteur désigné et trois doyens libanais, déjà recrutés, se chargeront de préparer activement les appels à candidatures pour les postes académiques à pourvoir, sachant que la priorité sera donnée dans un premier temps au cadre enseignant de l’AUB à Beyrouth. « Le processus de recrutement nécessite du temps. C’est pourquoi, pendant cette phase de transition, nous nous adresserons aux professeurs et au personnel enseignant du campus de Beyrouth en leur proposant de multiples options, des contrats à court terme pour un an de résidence à Chypre ou d’autres à long terme », avance-t-il, soulignant que des appels à l’international seront lancés ultérieurement. Pour ce qui est des postes administratifs, AUB Mediterraneo compte sur les Chypriotes pour garantir une meilleure intégration. « Le hasard a fait que nous avons jusqu’à présent recruté trois personnes, dont l’une est libanaise, une autre est chypriote alors que la troisième est un membre de l’UE, remarque-t-il. Rien n’empêche de faire appel au campus de Beyrouth pour les postes qui exigent l’expertise propre à l’AUB, mais nous espérons refléter ce mélange et cette diversité, véritable gage de richesse, à laquelle nous aspirons », ajoute-t-il. L’objectif, dans les mois voire les années à venir, est surtout de créer des opportunités et de développer les échanges, la mobilité et les partenariats entre les deux rives.

La maquette de l’AUB Mediterraneo. Photo AUB

Des avantages et des réductions

Du côté des élèves, le nouveau campus entend, comme son nom l’indique d’ailleurs, attirer l’ensemble des étudiants du pourtour du bassin méditerranéen. Il mise aussi bien sur les étudiants internationaux que sur les étudiants locaux, espérant ainsi pouvoir contribuer à former les élites chypriotes. « De nombreux jeunes Chypriotes partent étudier à l’étranger, notamment au Royaume-Uni. Nous allons leur offrir la possibilité de rester sur leur île et de bénéficier sur place d’un enseignement de qualité américain, d’autant que depuis le Brexit, il leur devient de plus en plus difficile de se rendre en Grande-Bretagne «, ajoute-t-il.

Pour mémoire

À l’X, les étudiants libanais sont parmi les premiers

Planifiant son offre tout en se projetant vers l’avenir, AUB Mediterraneo prévoit de proposer, dans une première phase, cinq programmes académiques qui constituent à la fois des voies d’excellence et un tremplin vers l’emploi à l’international. Ces programmes englobent le volet innovation et seront offerts sur le campus de Paphos : le bachelor en sciences informatiques, le bachelor en psychologie, le bachelor en PPE (philosophie, politique et économie) le bachelor en génie industriel, le bachelor en affaires (business) avec un focus sur la gestion (management). Deux autres masters, l’un en analyse d’entreprise (Business Analysis) et l’autre en gestion de l’ingénierie (Engineering Management), seront également proposés sur le campus chypriote.En outre, les frais d’inscription au campus de Chypre seront les mêmes qu’à Beyrouth, convertis en euros, comme l’assure le Dr el-Hajj. Cependant, des réductions et des avantages financiers seront accordés aux futurs étudiants. Ceux et celles qui répondront aux premiers appels de candidature profiteront ainsi d’une réduction de 20 %. Ceux qui postuleront tôt, soit avant le 15 juin, bénéficieront d’une réduction de 30 %, tandis que ceux ou celles qui sont déjà diplômés de l’AUB ou sont les descendants d’anciens étudiants de l’université bénéficieront d’une réduction de 10 %. De plus, tous les étudiants peuvent déposer une demande d’aide financière auprès du service social. De quoi susciter l’intérêt des jeunes, qu’ils soient chypriotes ou libanais. « Nous avons été agréablement surpris », avoue le Dr Wassim el-Hajj. Nous avons reçu des candidatures de plusieurs candidats libanais mais également de futurs étudiants provenant d’une cinquantaine de pays différents », confie le recteur. Cela est de bon augure. Déjà, le pari de la diversité semble gagné d’avance.

C’est au cœur de Paphos, sur la côte sud-ouest de Chypre, entre la vieille ville et la grande étendue bleue de la Méditerranée, que l’Université américaine de Beyrouth (AUB) a choisi d’élire domicile. Ce « Twin Campus », baptisé « AUB Mediterraneo » a franchi une étape importante hier avec la cérémonie de pose de la première pierre, qui s’est...

commentaires (2)

L’USJ se réveille…

Eleni Caridopoulou

18 h 25, le 08 juin 2023

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Commentaires (2)

  • L’USJ se réveille…

    Eleni Caridopoulou

    18 h 25, le 08 juin 2023

  • Hélas ! Encore un point noir pour la francophonie au Liban ! Au lieu d'exporter l'USJ , et la langue française , on standardise de plus en plus l'étudiant libanais en lorientant vers l'hégémonie culturelle de l'anglais ! Le Père Sélim Abou se retourne dans sa tombe , le Liban francophone a encore perdu des plumes !

    Chucri Abboud

    13 h 53, le 08 juin 2023

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