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Politique - Présidentielle

Face au Hezbollah et Frangié, Aoun se tourne vers... Assad

N’ayant pas réussi à s’entendre avec le Hezbollah sur la présidentielle, l’ancien président et fondateur du CPL se tourne vers Bachar el-Assad, pourtant un ami proche du zaïm de Zghorta.

Face au Hezbollah et Frangié, Aoun se tourne vers... Assad

Le président syrien Bachar el-Assad recevant l’ancien président libanais Michel Aoun à Damas. Photo SANA

La polarisation au Liban s’accentue, rendant encore plus difficile l’élection rapide d’un président de la République. Mais les développements au niveau local peuvent difficilement être dissociés des dynamiques externes, d’autant que l’émergence d’une entente doit être accompagnée d’une dynamique étrangère favorable. Dans ce contexte, chaque partie mise sur son parrain à l’étranger : le tandem Amal-Hezbollah espère que l’apaisement régional, notamment depuis l’accord de normalisation entre l’Iran et l’Arabie saoudite et le rapprochement de Riyad avec Damas, va profiter à son candidat, le leader des Marada Sleiman Frangié. Tandis que les opposants à cette candidature, qui se sont accordés sur l’ancien ministre des Finances Jihad Azour, comptent sur un appui étranger pour faciliter l’émergence d’un compromis. Entre ces deux camps, le Courant patriotique libre, positionné au centre de l’échiquier, avec l’opposition mais pas tout à fait contre le Hezbollah. Dans ce contexte, la visite de l’ancien président de la République Michel Aoun hier en Syrie, pour souligner ses bonnes relations avec Bachar el-Assad, sonne comme une tentative de mettre des bâtons dans les roues à son grand rival, Sleiman Frangié.

Impliquer la Syrie

Michel Aoun a été reçu par le président du régime syrien alors que le parti qu’il a fondé vient de sceller une entente avec l’opposition autour de la candidature de Jihad Azour. À travers ce déplacement et ce timing précis, l’ex-président veut faire comprendre que son différend avec le parti de Dieu est uniquement lié au dossier présidentiel, et qu’il ne remet donc pas en question la convergence entre les deux alliés sur les questions stratégiques. Toutefois, le camp prosyrien estime que l’ancien chef d’État ne pourra pas tirer les bénéfices attendus de cette visite. « Michel Aoun est le bienvenu et Bachar el-Assad ne veut couper les ponts avec personne… Mais il est un peu en retard, il aurait dû se rendre en Syrie alors qu’il était encore président », lâche une figure proche du Hezbollah et du régime Assad.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Du nerf pour la course

Mais Michel Aoun tente sa chance. En se rendant à Damas, 14 ans après sa dernière visite, le fondateur du CPL vise à impliquer la Syrie dans la bataille présidentielle, alors que Bachar el-Assad affirme à tous ses interlocuteurs qu’ils doivent coordonner leurs actions avec le Hezbollah. N’ayant pas réussi à s’entendre avec ce dernier, pourtant son partenaire de longue date, Michel Aoun essaye d’ouvrir une brèche dans le mur érigé entre son parti et la formation de Hassan Nasrallah, par l’intermédiaire du président syrien et dans un contexte d’ouverture arabe en direction de Damas. « Au cours de son mandat, Michel Aoun a reçu plusieurs invitations du président syrien, mais il a préféré se rendre en Syrie après la fin de son sexennat pour éviter la polémique », affirme à notre journal le député Ghassan Atallah. Selon des proches de l’ancien président, le leader maronite prépare la visite depuis un moment et a chargé son conseiller Salim Jreissati et l’ancien ministre Pierre Raffoul de la préparer avec le pouvoir syrien. Pour M. Aoun, la visite en Syrie est l’occasion de souligner qu’il se retrouve avec le régime sur de nombreux dossiers et que le repositionnement de son parti dans le dossier présidentiel n’a pas d’incidence sur cela. Mais surtout de dire que sa bataille n’est pas contre Sleiman Frangié en tant qu’ami de la famille Assad, mais plutôt contre Nabih Berry, soutien inconditionnel du leader des Marada. Le fondateur du CPL mise sur les tensions entre le régime Assad et M. Berry. D’abord parce que, s’attendant à une chute du régime dans la foulée de la révolution syrienne de 2011, le leader de la Chambre a pris ses distances avec le président syrien, qui semble ne pas l’avoir oublié. Ensuite pour le rôle présumé du chef du mouvement Amal dans l’enlèvement et l’arrestation depuis 2015 de Hannibal Kadhafi, fils du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi, une transgression qu’Assad a également du mal à pardonner.

Le dialogue... avec le Hezb ?

Sauf que si l’on lit entre les lignes du communiqué officiel publié par la présidence syrienne, Bachar el-Assad maintient sa position : le dialogue avec le Hezbollah reste un passage obligé. « La Syrie et le Liban ne peuvent regarder les défis auxquels ils sont confrontés séparément », a affirmé M. Assad, soulignant que « la stabilité du Liban est dans l’intérêt de la Syrie et de la région ». Il a également noté que « la force du Liban réside dans sa stabilité politique et économique », estimant que « les Libanais peuvent instaurer cette stabilité à travers le dialogue, l’entente et surtout en s’attachant aux principes et non pas en pariant sur les changements » dans la région. Et d’affirmer que « le rapprochement arabo-arabe se reflétera positivement sur le Liban et la Syrie », en allusion à la réintégration récente de Damas au sein de la Ligue arabe. Il a aussi affiché sa « confiance dans la capacité des Libanais à dépasser les problèmes et les défis et à consacrer le rôle des institutions nationales et constitutionnelles ». De son côté, Michel Aoun a affirmé que « les Libanais tiennent à leur unité nationale malgré tout », selon l’agence officielle syrienne SANA. Il a lui aussi estimé que « le redressement de la Syrie et sa prospérité se refléteront positivement sur le Liban et son peuple ».

Pour mémoire

Entre MBS et Assad, le Liban réintégré dans le menu

Parallèlement à l’entrée en scène de Bachar el-Assad, les protagonistes libanais attendent des signaux externes concernant la séance électorale convoquée par Nabih Berry le 14 juin. D’autant que certains parlementaires mènent des contacts avec les chancelleries étrangères avant de trancher. Du côté du tandem chiite Amal-Hezbollah, on étudie l’option de participer au premier tour avant de se retirer au second, provoquant ainsi un défaut de quorum. Le maître du perchoir œuvre également à éviter à Sleiman Frangié une douloureuse seconde place derrière Jihad Azour. « L’opposition a déjà fait un pas en retirant Michel Moawad de la course et en s’accordant sur un candidat centriste, rappelle un diplomate arabe. Maintenant, c’est au tour de l’autre camp de faire un pas en direction du centre. »

La polarisation au Liban s’accentue, rendant encore plus difficile l’élection rapide d’un président de la République. Mais les développements au niveau local peuvent difficilement être dissociés des dynamiques externes, d’autant que l’émergence d’une entente doit être accompagnée d’une dynamique étrangère favorable. Dans ce contexte, chaque partie mise sur son...

commentaires (15)

La marmite a retrouvé son couvercle!

Marwan Takchi

18 h 55, le 08 juin 2023

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • La marmite a retrouvé son couvercle!

    Marwan Takchi

    18 h 55, le 08 juin 2023

  • On est bien loin du Michel Aoun de 1989 qui dénoncait le régime Syrien et qui disait vouloir « casser la tete d’Assad »

    JPF

    12 h 09, le 08 juin 2023

  • FRIC ! ACHAT/VENTE ! INDIGNITE ! INTIMIDATIONS ! TRAITRISE ! ET LE COUP EST FAIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 27, le 07 juin 2023

  • Une faute de goût et de sagesse et de patriotisme de plus à ajouter à son parcours calamiteux. Je ne sais pas qui le conseille mais il va droit dans le mur. Il espère interférer entre deux alliés de sang, ce sang qu’ils ont versé afin que ce boucher reste au pouvoir et il va ramper pour réserver une place à son gendron si le Hezbollah reste intangible et décide de renoncer à Frangieh pour le remplacer par un autre de son bord. Nous avons tout fait pour écarter la Syrie de nos decisions internes et le voilà qui la relance et lui donne une importance de décideur, alors qu’il ne représente plus aucune légitimité, allez comprendre quelque chose. A un moment donné, il faut savoir respecté son âge et admettre que ça lui a joué des tours et se montrer conséquent avec ses principes et ses valeurs qu’il a toujours clamé pour persuader certains de sa bonne foi et de son patriotisme pour le moins discutable. Il a tout raté le pauvre. Une tâche de plus sur son palmarès que l’histoire retiendra. Un président ne devrait pas se comporter comme ça, ni même un ex.

    Sissi zayyat

    11 h 54, le 07 juin 2023

  • C'est dégoûtant de les voir faire revenir la Syrie au Liban...Hezb, Aoun, Frangie....certains aiment être sous la botte syrienne....

    Jack Gardner

    10 h 51, le 07 juin 2023

  • L’histoire qui se répète….

    LE FRANCOPHONE

    09 h 35, le 07 juin 2023

  • Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père vous pardonnera aussi... de votre incompétence tout au long d'un mandat marqué par une faillite généralisée. N'a t il donc une once d'amour propre pour aller se prosterner devant l'homme responsable de son parcours cabossé, qui l'a contraint à déclarer sa reddition par radio et à se réfugier à l'ambassade de France. Pense t il seulement qu'il serait en mesure d'intercéder en faveur d'un candidat amenant le boucher de damas à se dédire en faveur d'un candidat autre que frangieh. On aurait pu penser qu'avec l'age il aurait une attitude de respect du" soi-même" et de fierté, c'est une nouvelle fois raté..

    C…

    08 h 50, le 07 juin 2023

  • Meilleur moyen de faire revenir la Syrie se mêler des affaires purement libanaises. Michel Aoun aura raté tout son parcours jusqu’au bout, il est vraiment très fort !

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 37, le 07 juin 2023

  • Quelle satisfaction de voir que notre tabboulé politique national retrouve enfin deux de ses ingrédients de toujours: l'un emprunté chez notre grand frère voisin, l'autre ressorti du placard local. Maintenant...attendons pour voir si ce tabboulé sera vraiment comestible pour tous...?! - Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 37, le 07 juin 2023

  • LOL ...ET DIRE QU'IL A MIS LE PAYS A FEU ET A SANG POUR SE BATTRE CONTRE LES SYRIENS ....

    Emile G

    07 h 32, le 07 juin 2023

  • Un jeu de dupe. Du pur enfantillage.

    Mohamed Melhem

    05 h 34, le 07 juin 2023

  • Certains parient qu'il Il y est surtout pour réclamer le retour des prisonniers libanais, ses enfants après tout... la visite n'a rien à voir avec les souhaits du gendre... wala! parole de canard...

    Wlek Sanferlou

    04 h 51, le 07 juin 2023

  • 2 personnes qui ont contribué grandement a la déchéance du liban Qui se ressemble s assemble….

    Robert Moumdjian

    03 h 12, le 07 juin 2023

  • Bacher est toujopuirs de bon conseil ...Il est toujours gagnant ! Il sait ce qu'il faut faire .

    Chucri Abboud

    03 h 07, le 07 juin 2023

  • En résumé, Aoun a commis une nouvelle erreur qui s'ajoute à son palmarès.

    Esber

    01 h 24, le 07 juin 2023

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